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Le ciel européen paralysé par un nuage de cendres

Une peinture impressionniste? Non, un volcan islandais!
Le nuage de cendres perturbateur mesure 6 à 11 kilomètres de long.
La fumée et les cendres crachées par un volcan en éruption en Islande ont fortement perturbé le trafic aérien jeudi en Europe, contraignant de nombreux aéroports à fermer ou à annuler des milliers de vols. De nouvelles perturbations sont à attendre dans la journée de vendredi.

L'épais nuage de cendres noires, long de 6 à 11 kilomètres, se
déplaçait au-dessus de l'océan Atlantique, près des routes
aériennes empruntées par les avions reliant la côte Est des
Etats-Unis et l'Europe, et abordait la Grande-Bretagne. Le développement du phénomène dans les jours à
venir et la direction que prendra le nuage de cendres sont délicats
à déterminer.

Les aéroports européens contraints de fermer

En Grande-Bretagne, tous les vols non urgents sont annulés
jusqu'à au moins 07h00 vendredi (08h00 suisses). Les cinq
principaux aéroports londoniens ont été fermés, dont celui
d'Heathrow, le plus important d'Europe en termes de circulation,
avec plus de 1200 vols et 180'000 passagers quotidiens.

En France, 25 aéroports, dont
Roissy et Orly, ont fermé à partir de jeudi 17h00 ou devaient
l'être à partir de 23h00, a annoncé la Direction générale de
l'aviation civile (DGAC), et ce jusqu'à vendredi 14h00. La
compagnie Air France a elle annulé tous ses vols au départ et à
destination de Paris vendredi matin.



Les aéroports de Berlin et Hambourg ont également été fermés
jeudi, sans que soit spécifié à quel moment ils seraient rouverts.
L'Irlande, le Danemark, la Norvège, la Suède, la Belgique et la
Pologne ont eux décidé de fermer leur espace aérien. Des aéroports
ont également été fermés ou des vols annulés aux Pays-Bas, en
Finlande et en Suisse

(lire ci-contre)

.



"Il est impossible de dire pour le moment quand les vols pourront
reprendre", a déclaré Henrik Peter Joergensen, porte-parole de
l'aéroport de Copenhague, où 25'000 passagers étaient bloqués.

Nouvelles perturbations vendredi

Le trafic aérien dans le nord de l'Europe devrait être encore
largement perturbé vendredi. Les aéroports se situant au nord de
Paris et de Francfort, ainsi que ces deux derniers, seront
inaccessibles, a indiqué le porte-parole de Swiss Jean-Jacques
Donzel jeudi soir.



Le trafic aérien sera supprimé en Grande-Bretagne, dans les pays
du Bénélux, en Scandinavie, dans le nord de l'Allemagne et le nord
de la France, a-t-il ajouté. Les avions devraient cependant pouvoir
atterrir à Zurich et Genève. La question de Moscou et Varsovie
reste ouverte pour l'heure.



En outre, la moitié des vols entre l'Amérique du nord et l'Europe
devraient être annulés, a estimé jeudi soir l'Organisation
européenne pour la sécurité de la navigation aérienne, Eurocontrol,
dans un nouveau point de la situation. Les perturbations dans le
ciel européen "pourraient durer deux jours", selon
l'organisation.



Eurocontrol recense déjà l'annulation de 50 vols transatlantiques,
initialement programmés vendredi matin. L'organisation estime que
5000 à 6000 vols ont été annulés jeudi 15 avril dans l'espace
aérien européen, qui a totalisé quelque 21'000 vols.

Les USA pas épargnés

Les conséquences de l'éruption se sont fait sentir aussi aux
Etats-Unis où plusieurs compagnies aériennes ont annulé ou retardé
des vols en partance pour l'Europe. A Washington, l'aviation civile
fédérale (FAA) et les compagnies aériennes ont déclaré qu'elles
tentaient de dérouter plusieurs vols pour leur éviter d'emprunter
l'espace aérien de l'Atlantique Nord.



Des vols au départ de l'Asie, de l'Afrique et du Moyen-Orient à
destination d'Heathrow et d'autres plateformes européennes ont
également été suspendus.

A Washington, les aéroports de Dulles
et de Reagan fonctionnaient normalement, mais se préparaient à des
difficultés. Les aéroports de Floride commençaient de leur côté à
ressentir les effets de l'éruption avec l'annulation de deux vols
en provenance d'Angleterre.

Du jamais vu depuis le 11 septembre

Des éruptions volcaniques avaient déjà perturbé le trafic aérien
dans le monde par le passé, mais une perturbation d'une telle
ampleur n'avait pas été vue depuis les attentats du 11 septembre
2001. "Habituellement, les éruptions volcaniques affectent des
zones où le trafic aérien est peu intense, comme dans les îles
Alautian en Alaska, en Indonésie ou aux Philippines", a expliqué à
l'Associated Press le porte-parole de la Fédération internationale
des associations de pilotes de ligne, Gideon Ewers.



Le volcan islandais d'Eyjafjallajokull est entré en éruption
mercredi pour la deuxième fois en moins d'un mois, entraînant
l'évacuation de plusieurs centaines de personnes. L'éruption de ce
volcan, situé sous un glacier à 120km à l'est de la capitale
Reykjavik, a provoqué une fonte des glaces et une augmentation du
niveau des cours d'eau, ainsi que des projections de fumée et de
vapeur.

Selon les spécialistes,
elle a été de dix à vingt fois plus puissante que la précédente, le
20 mars, qui avait mis fin à plus de 200 ans de sommeil du
volcan.



"Il est probable que la production de cendres va se poursuivre à
un niveau comparable durant plusieurs jours ou semaines", a estimé
un géophysicien du Bureau météorologique islandais, Einar
Kjartansson. La perturbation du trafic aérien dépendra toutefois
"de la manière dont le vent repousse les cendres".

Des poussières volcaniques en France

Jeudi, des vents d'ouest soufflaient le nuage vers le nord de
l'Europe, dont la Grande-Bretagne, située à quelque 2000
kilomètres. Les premières poussières volcaniques ont atteint la
pointe nord de la France vers 20h00, et devraient arriver aux
alentours de 02h00 du matin au-dessus de la région parisienne et du
Luxembourg, a déclaré jeudi un responsable de Météo-France.



"Il ne s'agit pas d'un nuage en tant que tel", mais d'une "zone où
il y a un risque d'avoir des particules" émises par le volcan
islandais, a précisé Emmanuel Bocrie de Météo France. Selon
MétéoSuisse, il n'est en revanche pas à craindre que le nuage de
cendres gagne la Suisse.



Paradoxalement, en Islande, les cendres n'ont pas affecté
l'aéroport international de Keflavik, ni causé de problèmes à
Reykjavik. Dans le sud-est de l'île toutefois, la visibilité était
réduite à 150 mètres et les éleveurs ont dû rentrer leur bétail
pour éviter qu'il n'avale des particules abrasives, selon le
météorologiste Thorsteinn Jonsson.



agences/bkel

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Genève-Cointrin perturbé

L'aéroport de Genève-Cointrin n'échappe pas aux perturbations provoquées par le nuage de cendres émanant d'Islande. Une centaine de vols ont été supprimés jeudi.

Les voyageurs les plus touchés étaient ceux en provenance et à destination de la Grande-Bretagne, des Pays-Bas et de la Scandinavie, a indiqué le porte-parole de Cointrin, Bertrand Stämpfli.

Des équipes ont été mises en place pour informer les personnes bloquées dans le terminal, a-t-il poursuivi. "Nous n'avons pas eu de problèmes d'aérogares bloqués et globalement, nous faisons face sereinement à cet incident".

Le porte-parole a néanmoins indiqué que la situation pourrait se compliquer en soirée pour les passagers contraints de passer la nuit sur place. "Les hôtels sont relativement pleins à Genève, et les gens devront peut-être trouver un logement en périphérie".

Selon le porte-parole de Swiss Jean-Claude Donzel, la compagnie a dû renoncer à une septantaine de vols depuis et vers l'Europe. Aucun appareil n'est cependant bloqué à l'étranger et les vols long courrier semblent garantis pour vendredi. La compagnie a néanmoins d'ores et déjà annulé 54 vols pour vendredi.

Les voyageurs sont priés de contacter leur compagnie aérienne afin de savoir si leur vol est maintenu. Ils peuvent aussi se renseigner sur le site internet www.gva.ch.

De son côté, l'aéroport de Zurich-Kloten a été contraint d'annuler 80 vols sur quelque 670 prévus.

Les cendres dangereuses pour les avions

Les cendres en suspens peuvent limiter la visibilité, mais elles risquent également d'endommager les réacteurs des appareils.

En 1982, un avion de British Airways avait perdu toute puissance dans l'ensemble de ses réacteurs en traversant un nuage de cendres au-dessus de l'Indonésie. Il avait fait une chute de plusieurs milliers de pieds avant de toucher une nappe d'air non polluée, ce qui avait permis à ses moteurs de redémarrer.

En décembre 1989, un Boeing 747 de la compagnie néerlandaise KLM avait perdu 4000 mètres d'altitude après être passé à travers les cendres projetées par le volcan Redoubt, en Alaska, qui avaient provoqué l'arrêt de ses quatre réacteurs. L'avion avait là aussi réussi à les faire redémarrer.