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Marthe Keller: "Al Pacino est l'un des plus grands"

Al Pacino et Marthe Keller dans "Bobby Deerfield", le début d'une longue idylle.
Al Pacino et Marthe Keller dans "Bobby Deerfield", le début d'une longue idylle.
Al Pacino a fêté ses 70 ans dimanche soir. Marthe Keller, ex-compagne de l'acteur américain, était de la partie. Petit coup de fil à l'actrice helvétique installée à New York, bientôt à l'affiche du dernier film de Clint Eastwood.

Michael Corleone, c'était il y a près de quarante ans... Le
temps file et Al Pacino, celui qui fit du "Parrain" l'un des films
les plus appréciés de l'histoire du cinéma, a soufflé ce week-end
ses septante bougies. Marthe Keller, actrice et metteur en scène
née à Bâle il y a 65 ans, est restée proche de l'acteur américain
après avoir partagé sa vie durant plusieurs années. Plus de trente
ans après avoir brillé aux côtés du grand Al dans "Bobby Deerfield"
et à quelques mois d'apparaître dans le prochain film de Clint
Eastwood, Marthe Keller a bien voulu répondre à quelques questions
depuis son appartement new-yorkais.



tsrinfo.ch: Marthe Keller, vous étiez
à New York dimanche pour fêter les 70 ans d'Al Pacino. Une grande
fête comme on en voit dans «Le Parrain»?




Marthe Keller: En quelque sorte ! Non non, en
fait nous n'étions qu'une quinzaine de personnes, la famille et
quelques amis. Une fête qui était à l'image de la vie d'Al en
dehors du show business: discrète et modeste.



Vous avez gardé de bons contacts avec lui.







Vous savez, nous avons vécu sept ans ensemble... Ca ne s'efface
pas comme ça! Encore aujourd'hui, on se téléphone tous les 2-3
jours et on se rencontre très souvent (ndlr: Marthe Keller vit à
New York, tout comme Al Pacino).

Al Pacino en "docteur de la mort"

Al Pacino, c'est
40 ans de cinéma (ndlr: il a joué dans son premier film en 1969,
«Me, Natalie»). Vous qui le côtoyez depuis si longtemps, dites-nous
ce que vous pensez de sa carrière
.



Al Pacino est un des plus grands acteurs de l'histoire du cinéma.
Sa filmographie inspire le respect, même si ces dernières années,
il a joué dans des films moins intéressants. Comme quoi il n'y a
pas que les femmes qui peinent à trouver des bons rôles avec
l'âge... Mais Al, c'est aussi une immense carrière au théâtre.
C'est sur les planches qu'il me bouleverse le plus. J'ai les
frissons quand je vais le voir au théâtre.



Il vient de jouer dans un téléfilm très attendu
diffusé samedi sur la chaîne HBO, «You Don't Know Jack» , où il interprète le médecin Jack
Kevorkian, célèbre pour avoir promu l'assistance au
suicide
.







Oui, et il est à mourir (sic) dans ce rôle. Sa performance est
absolument extraordinaire, un rôle touchant, tout en finesse. C'est
dans ce registre qu'il est le meilleur, loin des films dans
lesquels il crie tout le temps! J'aimerais vraiment que ce
téléfilm, avec également Susan Sarandon, Danny Huston et John
Goodman, sorte dans les salles en Europe. Mais les producteurs
hésitent, car cela coûte très cher. J'espère au moins que les
Européens auront l'occasion de voir ce film à la télévision, car il
est génial.

Une idylle de sept ans

Vous avez
connu Al Pacino en 1977 sur le tournage de «Bobby Deerfield» de
Sidney Pollack, qui fut en partie tourné en Suisse. L'acteur venait
de jouer dans «Le Parrain», «Serpico» et «Un après-midi de chien».
Voilà que devait être impressionnant..
.



Je n'ai pas vraiment été intimidée. J'avais déjà joué aux côtés de
Marlon Brando, alors... En fait, je n'ai jamais été intimidée par
les acteurs. J'ai énormément de respect et je les admire sans
borne, mais ils ne m'impressionnent pas. Un médecin qui opère un
coeur ou un scientifique m'impressionne beaucoup plus...

De votre côté, vous jouez dans le prochain film de
Clint Eastwood, «Hereafter», qui sortira cet automne. Même lui, il
ne vous impressionne pas
?




Aah, Clint Eastwood, ce gentleman... Je suis très touchée qu'il
m'ait proposé un rôle. Ce qui m'impressionne chez lui, c'est son
efficacité. Je n'ai jamais rencontré un réalisateur qui bosse aussi
vite. Il m'a dit qu'il avait bouclé «Million Dollar Baby» en quatre
semaines ! Dans «Hereafter», ma scène principale est un
plan-séquence de quatre minutes. Quand je suis arrivée sur le
plateau, je n'ai même pas eu le temps de répéter qu'on a commencé à
tourner. Une prise et Clint a dit «It's done !». Je n'en revenais
pas. En moins de deux heures, c'était fait! C'est génial de voir
qu'on peut encore être surpris sur un plateau de tournage après
avoir joué dans 80 films... C'est ce qui fait la force de Clint
Eastwood: il laisse beaucoup de place à la spontanéité.



Parlez-nous de ce film, dans lequel joue également
Matt Damon et Cécile de France.




Les producteurs ne veulent pas trop qu'on en parle... Tout ce que
je peux vous dire, c'est que trois personnes vont se retrouver
confrontées à la mort. Et que même si je n'ai pas l'un des rôles
principaux, je joue un personnage-clé. Je suis contente, c'est un
rôle intelligent. J'incarne un médecin inspiré d'Elisabeth
Kübler-Ross, une psychiatre suisse qui a développé l'approche des
soins palliatifs dans les années 70. J'explique la mort aux
mourants. Alors qu'Al vient de jouer le «docteur de la mort» sur
HBO, c'est plutôt cocasse!



Propos recueillis par Patrick Suhner

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Al Pacino, une filmographie qui fait rêver

Bien sûr, tout le monde se souvient de Michael Corleone dans "Le Parrain" et ses suites, et Tony Montana dans "Scarface". Mais ce n'est pas tout... Si Al Pacino a littéralement explosé grâce au premier volet de la trilogie de Coppola en 1972 - envers et contre tous, puisque que personne à part le réalisateur ne voulait de cet acteur inconnu venu du théâtre - Al Pacino compte d'innombrables succès dans sa carrière. Et bien entendu aussi quelques (rares) écarts de piste... Voici une filmographie sélective de ses plus beaux succès:

"Le Parrain" (1972), de Francis Ford Coppola

"Serpico" (1973), de Sidney Lumet

"Le Parrain II" (1974), de Francis Ford Coppola

"Un après-midi de chien" (1975), de Sidney Lumet

"Bobby Deerfield" (1977), de Sidney Pollack

"Justice pour tous" (1979), de Norman Jewison

"La chasse" (1980), de William Friedkin

"Scarface" (1984), de Brian de Palma

"Mélodie pour un meurtre" (1990), de Harold Becker

"Le Parrain III" (1991), de Francis Ford Coppola

"Le temps d'un week-end" (1993), de Martin Brest

"L'impasse" (1994), de Brian de Palma

"Heat" (1996), de Michael Mann

"Looking for Richard" (1997), d'Al Pacino

"L'associé du diable" (1998), de Taylor Hackford

"Révélations" (2000), de Michael Mann

"L'enfer du dimanche" (2000), d'Oliver Stone

"Insomnia" (2002), de Christopher Nolan

"Le marchand de Venise" (2003), de Michael Radford

"Ocean's 13" (2007), de Steven Soderbergh

"La loi et l'ordre" (2008), de John Avnet

"You Don't Know Jack" (2009), de Barry Levinson

Jusqu'à ce jour, Al Pacino a été nommé huit fois aux Oscars, mais n'a remporté qu'à une seule reprise la récompense suprême pour son rôle de vétéran du Vietnam aveugle dans "Le temps d'un week-end".