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Etats-Unis: la marée noire empire

D'immenses nappes de pétrole sous-marines ont été repérées dans le golfe.
Les kilomètres de barrages flottants déployés ne suffisent pas à endiguer la nappe de pétrole.
La marée noire du golfe du Mexique, la pire depuis des décennies aux Etats-Unis, menaçait de s'aggraver samedi. Des moyens exceptionnels étaient déployés pour tenter de l'endiguer, tandis que Barack Obama est attendu sur place dimanche matin. La nappe de pétrole serait trois fois plus étendue que prévu.

Plusieurs opérations étaient en cours simultanément, ont indiqué
des gardes-côtes et la direction de British Petroleum, qui
exploitait la plateforme ayant sombré le 22 avril, causant une
fuite toujours en cours. Le pétrolier britannique a appelé les
autres compagnies pétrolières à l'aider à juguler la fuite
d'hydrocarbures.



Des équipes ont continué à injecter, au moyen de bateaux et
d'avions, des produits chimiques dispersants tandis que d'autres se
rendaient dans les zones côtières menacées pour les opérations de
nettoyage.



Les volontaires au nettoyage étaient invités à appeler un numéro
vert mis en place par BP. Plus de 84 kilomètres de barrages
flottants ont été déployés et plus de 3,8 millions de litres de
pétrole mélangé à de l'eau ont déjà été retirés.

Fuite persistante

Deux autres plateformes pétrolières dans le Golfe ont dû cesser
leurs opérations pour raisons de sécurité et une a été évacuée. Une
partie des eaux du Mississippi, plus grand fleuve du pays, était
détournée en direction des marais afin de repousser la marée noire,
décrétée "catastrophe nationale" par l'administration. Par
ailleurs, BP tentait toujours de colmater la fuite, a expliqué à
l'AFP son porte-parole, John Curry.



D'une part, quatre engins sous-marins tentent de fermer à la
source la valve de sécurité du puits, sans succès pour l'instant.
"Nous ignorons pourquoi (cette valve) ne s'est pas activée", a
reconnu samedi John Curry. BP fabrique aussi un énorme "couvercle"
de 70 tonnes à poser sur le fond de la mer pour boucher la sortie
du puits, un travail qui devrait prendre plusieurs semaines.



Enfin, la compagnie devait commencer samedi à forer des puits de
secours pour réduire la pression et injecter un enduit pour boucher
définitivement le puits. L'opération devrait prendre entre 30 et 90
jours, a dit John Curry.

Le traumatisme de Katrina

Selon le président Obama, 1900
fonctionnaires fédéraux dotés de 300 bateaux et aéronefs se
trouvent dans la région. Barack Obama sera sur place dimanche, a
indiqué la Maison Blanche samedi.



Il entend ainsi montrer qu'il suit de près la situation, alors que
les critiques adressées à son prédécesseur George W. Bush pour la
lenteur de sa réaction après l'ouragan Katrina en 2005 restent dans
les mémoires.



Un amiral des garde-côtes, Thad Allen, a été nommé samedi par le
président des Etats-Unis à la tête des opérations d'urgence. Il
fait partie des rares personnalités publiques félicitées pour leur
action après l'ouragan Katrina.



Quatre Etats américains ont déjà décrété l'état d'urgence. La
Louisiane, que la marée noire a touché jeudi, la Floride, qui se
prépare a y faire face lundi, ainsi que l'Alabama et le
Mississippi. Cette décision permet de recevoir l'aide du
gouvernement.

Première victime

Un premier oiseau touché, un fou de Bassan, a été recueilli
samedi et démazouté par une association embauchée par BP. Pour Mark
Floegel, un responsable de Greenpeace qui se trouvait en Louisiane
samedi, cela "pourrait devenir un cauchemar".



"Je m'attends à ce que très peu de pétrole soit récupéré, ce qui
veut dire que la plus grande partie va finir dans les marais",
menaçant la survie des oiseaux et des tortues marines notamment,
a-t-il dit à l'AFP. "Même si cela s'arrêtait cette nuit, il
faudrait des décennies avant que (l'écosystème) ne se rétablisse",
a estimé ce militant, soulignant qu'"il n'y a pas assez de barrages
flottants dans le monde entier pour protéger ce qui doit
l'être".

L'activité de deux plateformes stoppée

La production a été stoppée sur deux
plateformes qui extraient du gaz naturel du sous-sol du Golfe du
Mexique. L'une d'elles a été évacuée, par mesure de
précaution.



Les opérateurs de ces deux structures ont décidé d'arrêter
l'exploitation en raison de la proximité de la nappe de brut qui
pollue le golfe depuis l'explosion d'une plateforme le 20 avril, a
indiqué Nicholas Pardi, un porte-parole de l'agence en charge de la
surveillance des exploitations d'hydrocarbures (Mineral Management
Service).



Les exploitants ont agi "par excès de prudence" craignant qu'une
étincelle ne puisse éventuellement mettre le feu à la nappe, a
indiqué ce porte-parole. Cela affecte environ 0,1% de la production
quotidienne de gaz naturel dans le golfe du Mexique, précise un
communiqué.

BP paiera

La plateforme pétrolière, exploitée par le groupe BP à 70 km des
côtes, a coulé après une explosion et un incendie survenus deux
jours plus tôt. Onze personnes sont portées disparues. Au moins
huit plaintes ont déjà été déposées contre la compagnie britannique
par des professionnels de la mer qui entendent agir en nom
collectif et qui accusent BP de "négligence".



BP, aussi mis en cause par l'administration américaine, a dit
vendredi "assumer toute la responsabilité de la marée noire". La
compagnie a ajouté qu'elle nettoiera les dégâts et paiera des
dommages et intérêts aux personnes touchées par la marée noire en
mesure de "présenter des plaintes légitimes". La ministre de la
Sécurité intérieure, Janet Napolitano, a de nouveau appelé vendredi
BP à en faire davantage.



L'agence d'évaluation financière Fitch Ratings estime que le
nettoyage de la marée noire pourrait coûter 2 à 3 milliards de
dollars.



agences/os

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Augmentation de la marée noire exponentielle?

Les gardes-côtes estiment que la fuite de pétrole pourrait s'aggraver considérablement, déversant des millions de litres de brut chaque jour au lieu des 800'000 litres actuels, a rapporté samedi le journal The Mobile Press-Register.

Hans Graber, un expert travaillant pour l'université de Miami et qui s'est appuyé sur des images satellitaires, a déclaré à l'AFP que la superficie de la nappe de pétrole était au moins trois fois supérieure à ce qui avait été initialement évalué.

Jeudi, elle atteignait 9000 km2 contre 2600 lundi selon lui. Poussées par de forts vents de sud-est, les premières plaques de pétrole ont touché dès jeudi soir des marais proches de l'embouchure du Mississippi, près de la commune de Venice (sud).

Un autre incident en Louisiane

Les gardes-côtes américains ont annoncé qu'ils intervenaient sur un nouvel accident affectant une plate-forme de forage pétrolier près de Morgan City, en Louisiane.

Une "unité de forage sur île mobile" a chaviré dans un chenal de navigation. Personne n'a été blessé et les dégâts semblent mineurs.

La plate-forme a une capacité d'environ 75'000 litres d'essence, mais on ne sait pas combien elle en contenait au moment de l'incident.

Les gardes-côtes, qui citent des responsables présents sur place, ont déclaré qu'il n'y avait aucune fuite de carburant.

Par précaution, deux barrages flottants ont été déployés autour de la plate-forme.