"Je ne peux plus me taire parce que les Etats-Unis continuent de
réclamer mon extradition plus pour me livrer en pâture aux médias
du monde entier que pour prononcer un jugement sur lequel un accord
a été pris il y a 33 ans", écrit-il. Ce texte est adressé à l'opinion publique et publié sur le site de "La
règle du jeu" dirigé par son ami le philosophe français
Bernard-Henri Lévy.
"Je ne peux plus me taire car la demande d'extradition aux
autorités suisses est basée sur un mensonge", écrit Roman Polanski
à propos de son incarcération au pénitencier de Chino (Californie)
pendant 42 jours en 1977.
Une peine déjà purgée?
Selon le cinéaste, poursuivi aux Etats-Unis pour avoir eu en
1977 des relations sexuelles avec une adolescente de 13 ans, cette
incarcération correspondait à la peine à laquelle il aurait du être
condamné et qu'il aurait par conséquent déjà effectuée.
"Dans cette demande (d'extradition, ndlr), il est dit que je me
suis enfui pour ne pas subir une condamnation de la justice
américaine; or, dans la procédure plaider coupable j'avais reconnu
les faits et j'étais retourné aux Etats-Unis" pour purger "ma
peine", poursuit Roman Polanski, 76 ans.
"Je ne peux plus me taire car la victime a été déboutée par la
Cour de Californie dans sa énième demande d'arrêter, une fois pour
toutes, les poursuites à mon égard", souligne-t-il.
"Voila ce que j'avais à vous dire en restant dans l'espoir que la
Suisse reconnaîtra qu'il n'y a pas lieu à extradition et que je
pourrai retrouver la paix et ma famille en toute liberté dans mon
pays", conclut le cinéaste.
Une extradition proche?
La Suisse a officiellement été informée le 28 avril du rejet par
la justice américaine d'une demande de jugement par contumace du
cinéaste, mais elle doit encore décider de son extradition ou non
vers les Etats-Unis.
Le réalisateur, arrêté sur mandat international américain le 26
septembre à son arrivée à Zurich pour un festival de cinéma, a été
libéré le 4 décembre sous caution et assigné à résidence dans son
chalet de Gstaad, la station huppée des Alpes suisses.
afp/os
Une affaire vieille de 33 ans
En mars 1977, Roman Polanski, alors âgé de 43 ans et déjà réalisateur mondialement connu, avait couché avec une jeune fille de 13 ans, en marge d'une séance de photographie chez l'acteur Jack Nicholson.
Poursuivi par les parents de l'adolescente, il avait reconnu le détournement de mineure, mais s'était finalement enfui des Etats-Unis avant que la peine ne soit prononcée, craignant d'être lourdement condamné en dépit de ses aveux.
Il n'a jamais remis les pieds aux Etats-Unis, même pour y recevoir l'Oscar du meilleur réalisateur qui lui a été décerné en 2003 pour "Le pianiste".
Si Roman Polanski a fui les Etats-Unis, c'est, selon son avocat Hervé Témine, parce que le juge américain s'apprêtait à dénoncer un accord entre les parties et autorisé par la loi américaine.