Invité de "Sport Dimanche", sur la TSR, Massimo Busacca (41 ans) en a profité pour se confier à tsrsport.ch. L'arbitre tessinois a évoqué les deux penalties qu'il a sifflés lors de Servette-Bâle en Coupe de Suisse samedi, son seul match à la Coupe du monde et l'arbitrage en général. Avec passion et conviction.
tsrsport.ch: Massimo Busacca, vous êtes plutôt du genre à refaire votre dernier match ou bien vous pensez déjà au prochain?
MASSIMO BUSACCA: Les deux, en fait. Il faut toujours revoir ses matches, histoire d'analyser ses prestations. Mais en même temps, on pense également au prochain, qui sera pour moi en Champions League (réd: il n'a pas dit quel match, mais ce sera mercredi...).
tsrsport.ch: On vous posait la question par rapport au Servette-Bâle de Coupe de Suisse, et ses deux penalties que l'on dira, à notre avis, "discutables"...
MASSIMO BUSACCA: Mais pas du tout (il s'énerve un peu). Quand on connaît les règles, il n'y a aucune discussion possible. S'il y a contact, intentionnel ou non, il y a penalty. La règle est ainsi depuis près de 20 ans. Il faut la connaître, c'est tout! Et pour le 1er penalty, celui provoqué par Pizzinat, le joueur lui-même m'a dit qu'il y avait bien eu contact. Après, voilà, on a une seconde pour se décider. Moi je suis parfaitement en phase avec mes décisions, et je peux vous dire qu'il vaut mieux que ce soit ainsi. Vous savez, si on commence à douter de ses décisions, alors il est grand temps de songer à faire autre chose et à rester chez soi le week-end...
"Je suis un homme quand même, il m'arrive de me tromper"
tsrsport.ch: Est-ce que cela signifie que vous ne regrettez jamais l'une ou l'autre de vos décisions, quelque temps après?
MASSIMO BUSACCA: Mais qui serais-je pour dire ça? Je suis un homme, quand même. Et on fait tous des erreurs, vous aussi certainement, non? Le rôle d'un arbitre est aussi celui de faire son auto-critique. Pour s'améliorer par la suite! Certes, l'arbitre est le juge d'un match. Mais ce n'est pas le seul qui peut faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre, non? Si un joueur rate un but tout fait, je n'y peux rien quand même. Je comprends bien que les présidents de club investissent beaucoup d'argent, qu'ils espèrent un retour sur investissement. Mais il est trop facile de mettre toujours la faute sur l'arbitre. Un joueur qui rate un but tout fait subit-il autant de critiques qu'un arbitre qui jugerait mal une décision? De nos jours, je trouve que ça prend parfois des proportions folles dans les différents championnats, alors que ces discussions n'existent pas, à mon avis, lors des matches de Champions League...
tsrsport.ch:
Le fait que vous n'ayez sifflé qu'un seul match à la Coupe du monde ne vous reste-t-il pas en travers de la gorge? (réd: il avait expulsé le gardien sud-africain et sifflé penalty, "provoquant" la victoire de l'Uruguay. La FIFA ne l'avait ensuite pas retenu pour la suite de la compétiton...)
MASSIMO BUSACCA: Bien sûr que j'y pense parfois. Mais ma décision, je l'ai prise, comme toutes mes décisions d'ailleurs, en mon âme et conscience. Au moment où je siffle, je sais que j'ai raison. Là aussi, il y a contact et donc pénalty et carton rouge. Je n'ai fait qu'appliquer le règlement...
"Le boulot, il faut le faire quelque soit l'endroit ou le match"
tsrsport.ch: Au fait, est-ce qu'on siffle de la même manière en Champions League qu'un Thoune-Bellinzone, par exemple?
MASSIMO BUSACCA: Mais bien sûr, même si l'intensité n'est pas la même du tout. C'est l'intensité, l'atmosphère qui font un match de foot. Arbitrer devant 80'000 spectateurs, ce n'est pas la même chose que 2'000. La concentration change un peu, c'est normal. Il y a 2 ans, je crois, j'ai arbitré une partie de Champions League à huis clos. Et je vous promets, c'est bizarre... Mais le boulot, il faut le faire quelque soit l'endroit ou le match.
tsrsport.ch: L'arbitrage, on en a aussi beaucoup discuté en Suisse ces dernières semaines, avec notamment la campagne TV annoncée de Christian Constantin...
MASSIMO BUSACCA: Je ne veux pas parler de telle ou telle personne. Ca n'en ferait qu'enfler encore la polémique.
"Le Valais, c'est joli et on y joue au football. Il n'y a que ça qui compte"
tsrsport.ch: Mais est-ce qu'un arbitre ressent davantage de pression quand il doit aller arbitrer à Tourbillon?
MASSIMO BUSACCA: Non, pas moi en tout cas. A Sion ou ailleurs, c'est la même chose pour moi. Le Valais, c'est joli, on y joue au football et il n'y a que ça qui compte. Moi, et je me répète, je dois y faire mon boulot comme partout ailleurs!
tsrsport.ch: Y a-t-il un match, ou un stade, où vous rêveriez d'exercer votre métier?
MASSIMO BUSACCA:
Non, pas vraiment car j'ai déjà eu la chance de siffler beaucoup de parties magnifiques, comme en finales de Coupe UEFA et de Champions League. J'ai aussi fait un Eurofoot et deux Coupes du monde. Ce qui viendra ensuite ne sera que du bonus.
tsrsport.ch: La vidéo dans l'arbitrage est aussi un sujet récurrent, depuis le Mondial surtout. Quel est votre avis?
MASSIMO BUSACCA: La vidéo, je n'y suis pas forcément favorable, je dois bien l'avouer. Par contre, depuis le début de la saison en Champions League, on officie à 5 arbitres. Et il faut bien avouer que c'est une expérience qui marche plutôt bien. On tirera les conclusions en fin de saison.
tsrsport.ch: Qu'est-ce qui vous fera arrêter, ranger votre sifflet au placard?
MASSIMO BUSACCA: Je n'ai pas arrêté de date. Tant que j'aurai la passion pour ce que je fais, je continuerai. Les critiques? Je les oublie très vite!
Propos recueillis par Daniel Burkhalter