Didier Cuche s'offre une médaille d'argent

Didier Cuche a buté contre un Erik Guay en état de grâce aux Mondiaux de Garmisch. A la recherche d'une première médaille d'or en descente, le Neuchâtelois a dû se contenter de l'argent. A l'issue d'un formidable mano a mano, Cuche a échoué à 32 centièmes du Québécois. Les autres concurrents n'ont pas pu rivaliser avec le duo. L'Italien Christof Innerhofer, titré mercredi en super-G, a pris la médaille de bronze, mais à près de huit dixièmes à Guay.

Lors d'une descente très exigeante physiquement, à l'issue de laquelle beaucoup de coureurs se sont effondrés dans l'aire d'arrivée, Cuche a offert une première médaille à l'équipe de Suisse à Garmisch. Après trois quatrièmes places, le compteur helvétique est enfin débloqué.

L'argent de Cuche laisse toutefois un léger arrière-goût amer. Le Neuchâtelois aurait mérité mille fois de couronner sa carrière avec un premier titre dans l'épreuve reine. Mais, comme à Wengen, le skieur du Val-de-Ruz est abonné au rôle de dauphin: il y a deux ans à Val d'Isère, c'est John Kucera, un autre Canadien, qui l'avait privé d'un sacre.

Un titre mérité pour Guay

Si Cuche aurait mérité une médaille d'or, Erik Guay ne l'a pas volée. Le Québécois de 29 ans accumule les accessits depuis plusieurs grands rendez-vous. Il avait notamment manqué de réussite devant son public l'an dernier aux JO de Vancouver, où il avait terminé 5e en descente et 4e du super-G. Son titre récompense aussi l'équipe canadienne, poursuivie par la guigne depuis plusieurs mois.  En outre,  la piste Kandahar est son "jardin". Il s'y est imposé deux fois, signant en outre deux autres podiums.

Vainqueur du globe du super-G l'hiver dernier, Erik Guay a lui-même connu un début de saison difficile. Victime de problèmes dorsaux, le skieur de Mont-Tremblant n'a jamais fait mieux que 12e en descente lors de la Coupe du monde 2010/2011.

Les autres Suisses engagés dans cette descente mondiale n'ont, comme prévu, pas pu se mêler à la lutte pour le podium. Beat Feuz a toutefois réussi une belle course. Pour ses premiers Mondiaux, le Bernois de 24 ans, pénalisé par son  numéro  de dossard élevé (29), a réussi à accrocher une belle 9e place, devançant d'un centième Ambrosi Hoffmann. Silvan Zurbriggen, qui n'affiche plus sa forme du début de saison, a terminé 12e.

Didier Cuche est vraiment satisfait

Didier Cuche ne s'est pas formalisé d'avoir manqué l'or aux Mondiaux de Garmisch. Deuxième derrière Erik Guay, il s'est dit "vraiment satisfait", comme il l'a répété en conférence de presse. Extraits. Sur son classement: "Avant le départ, je pensais qu'il serait difficile d'aller chercher Guay, voire même une médaille. C'est pourquoi je suis vraiment satisfait. Plutôt que de dire que j'ai manqué la victoire, je dirais que je suis allé chercher une deuxième place."

Le Neuchâtelois était plutôt satisfait de sa course: "J'ai essayé d'approcher la perfection, mais les conditions étaient trop difficiles pour rééditer mes récentes performances de Kitzbühel et Chamonix. Il aurait mieux fallu partir avec un petit dossard (réd: il avait le 18, Guay le 10). Les centièmes s'en vont avec les traces des concurrents précédents. J'aurais aussi dû mieux skier l'entrée du Tröglhang, après 20 secondes de course. Ce secteur conditionne la portion de plat. A l'entraînement, j'étais parvenu à distancer tout le monde d'un bon dixième à cet endroit."

"Kuke" s'est ensuite exprimé sur cette médaille d'or qui lui échappe à nouveau en descente: "Je crois au destin. A mon avis, tout ce qui se passe a déjà été décidé, que ce soit les événements positifs ou négatifs. Je ne me pose donc pas trop de questions pour savoir pourquoi, par exemple, je suis sur le podium à Garmisch et pourquoi cela n'a pas fonctionné l'an dernier aux JO de Vancouver".

Didier Cuche s'est ensuite prononcé sur la signification d'une médaille: "Selon moi, mes trois globes de descente représentent beaucoup plus qu'un titre de champion du monde ou olympique. Un globe récompense la constance. Il y a un gros travail de fond derrière. C'est dur de gagner une course, mais c'est encore plus difficile d'enchaîner. Du point de vue médiatique, une médaille apporte davantage. Mais du côté sportif, un globe vaut plus à mes yeux.

Enfin, le vice-champion du monde a tenu à remercier son service-man: "Je dois dire un grand merci à mon service-man (réd: Chris Krause). Il a remarqué vendredi soir que mes skis de course étaient cassés sous la fixation. Il a dû tout recommencer à 22h et il doit avoir dormi entre 2 et 3 heures. Son travail a été fantastique."

"Garmisch m'a toujours réussi"

Erik Guay (médaillé d'or): "C'est fou, je suis extatique. Je n'ai pas encore enregistré que j'étais champion du monde. Garmisch m'a toujours réussi. C'est la plus belle piste du monde ! Le secret était de skier aussi relâché que possible. Après la victoire de John Kucera en 2009, je me suis dit que puisque nous avions le titre, autant le garder."

Christoph Innerhofer (médaillé de bronze): "Quand j'ai franchi la ligne d'arrivée, j'étais complètement crevé. Cette piste est tellement brutale. Je n'avais plus rien à perdre après mon titre (ndlr: en super-G), c'est incroyable de faire un nouveau podium, j'ai du mal à le croire. J'ai commis quelques petites erreurs mais j'ai eu aussi de la chance avec mon numéro de dossard (le 9) car la piste s'est détériorée. Je suis fier d'avoir démontré que je pouvais aussi me défendre sur une telle neige. Mon rêve, c'était une médaille. C'est incroyable, j'en ai gagné deux en trois jours. Avant j'étais trop stressé. Maintenant j'ai l'impression que je pourrais aller boire une bière avec des amis dix minutes avant le départ".

si/ag