Feuz sorti, Svindal garde son titre

Les Suisses n'ont pas tenu le choc aux Mondiaux de Garmisch. Alors qu'une médaille était largement envisageable en super-combiné, Silvan Zurbriggen et Beat Feuz ont été éliminés, lors d'une épreuve remportée par le Norvégien Aksel Lund Svindal.

Zurbriggen avait tout pour bien faire. Le Croate Ivica Kostelic était absent, lui laissant l'étiquette de favori no 1. Le coureur de Brigue avait aussi posé de prometteurs jalons après la descente matinale (6e chrono). Las pour lui, il a craqué l'après-midi dans sa discipline de prédilection, enfourchant une porte.

Feuz a connu le même sort. Brillant en descente (2e), le Bernois a bluffé son monde durant la quasi totalité du slalom, échouant à quelques portes seulement de l'arrivée.

En s'imposant, Aksel Lund Svindal a fait preuve de caractère. Meilleur chrono de la descente, le Norvégien a résisté aux slalomeurs l'après-midi, conservant le titre acquis à Val d'Isère en 2009. Il est aussi parvenu à rebondir après son élimination en super-G et son violent crash dans l'aire d'arrivée après la descente (5e).

Svindal, énième confirmation

Svindal a surtout confirmé une énième fois qu'il était un homme taillé pour les grands rendez-vous. Depuis les Mondiaux de Bormio en 2005, le Norvégien est toujours revenu avec au moins une médaille. Si l'on ajoute les JO, le coureur de 28 ans totalise dorénavant neuf breloques. Il lui reste toutefois du chemin s'il veut un jour rejoindre les recordmen en la matières, ses illustres compatriotes Kjetil-André Aamodt (20 médailles) et Lasse Kjus (16).

Svindal a triomphé avec plus d'une seconde d'avance sur Christof Innerhofer, déjà en or en super-G et en bronze en descente. La troisième place est revenue à un autre Italien, Peter Fill.

Mardi, les coureurs auront droit à une journée de repos. Les prochaines médailles seront attribuées mercredi à l'issue de la Coupe des nations, tandis que les épreuves techniques boucleront les Mondiaux jusqu'à dimanche.

Trop de pression

Entraîneur à Swiss-Ski, Bertrand Dubuis estime que ses coureurs ont trop de pression aux Mondiaux de Garmisch. En cause selon lui: les objectifs fixés par sa Fédération et les demandes des médias.

"On (réd: Swiss-Ski) nous a dit que l'objectif était de six médailles. Mais au lieu de s'appuyer sur ce qui a été accompli il y a deux ans à Val d'Isère, il aurait fallu regarder quels athlètes étaient au départ. Pour la descente, nous avons dû faire par exemple sans Didier Défago ou Carlo Janka. En super-combiné, nous n'avions que deux coureurs au départ", relève Bertrand Dubuis, qui s'occupe principalement de Silvan Zurbriggen.

"En tant que nation de ski alpin, la Suisse se doit de réussir. Mais il nous manque des athlètes, et les coureurs restants sont davantage sous stress", remarque-t-il. "On nous demande de faire six médailles. Mais nous ne sommes pas des machines. Des jours ça marchent, d'autres pas", lâche le coach valaisan.

"Nos gars n'ont pas le temps de faire le vide"

Selon lui, la pression médiatique est aussi pénalisante. "En Norvège, le sport phare est le ski de fond. Et en Italie, c'est le football. Personne ne s'intéresse au ski alpin. En arrivant à Garmisch, la presse parle très peu d'eux et cela leur laisse une certaine tranquillité", note-t-il en référence au podium du super-combiné, occupé par Svindal, Innerhofer et Fill. "Côté suisse, toutes les interviews et les diverses demandes finissent par trotter dans la tête des coureurs. Nos gars n'ont jamais le temps de penser à autre chose, ni de faire le vide", explique-t-il.

Lundi après le super-combiné, les skieurs helvétiques n'ont pas tenu le même discours que leur entraîneur. Bluff ou vérité, Silvan Zurbriggen a assuré s'être senti "à l'aise", "tranquille", "sans pression". Le néophyte Beat Feuz a aussi affirmé être resté zen: "Je n'étais pas spécialement nerveux entre les deux manches. Je n'avais rien à perdre en slalom."

si/tai