C'est le rendez-vous de l'hiver pour tous les fondeurs. Dès mercredi, ils se mesureront sur les pistes d'Oslo à l'occasion des Championnats du monde. Dans la Mecque du ski de fond, Dario Cologna sera à n'en pas douter l'une des grandes attractions. Actuel leader de la Coupe du monde, le Grison de presque 25 ans - il les fêtera le 11 mars - espère bien célébrer son premier titre mondial.
Champion olympique du 15km à Vancouver, "Super Dario" vit une saison exceptionnelle avec notamment sa victoire dans le Tour de Ski. Il est en passe de remporter le général de la Coupe du monde pour la 2e fois après 2009! Le plus grand fondeur suisse de tous les temps s'est confié à tsrsport.ch avant de s'envoler pour la Norvège.
tsrsport.ch: La préparation pour un événement comme les Mondiaux d'Oslo est-elle différente des autres courses?
DARIO COLOGNA: Elle est identique à celles des Jeux olympiques de Vancouver ou des grandes courses. Nous nous sommes entraînés une semaine à St-Moritz avec l'équipe, avant de partir en Norvège (ndlr: où il a fini 4e du 15km de Drammen).
tsrsport.ch: Est-ce que vous ressentez une tension particulière à l'approche d'un grand événement?
DARIO COLOGNA: Il est vrai que c'est différent d'une simple course en Coupe du monde. On ressent la pression mais en même temps on se réjouit de pouvoir prendre part aux épreuves. Il est également important de garder ses habitudes et de ne pas devenir trop nerveux.
"Ces Mondiaux vont être exceptionnels"
tsrsport.ch: Des Mondiaux de ski nordique en Norvège, c'est un rêve pour un athlète.
DARIO COLOGNA: Oui, ces Mondiaux vont être exceptionnels et un des grands moments de ma carrière. Il y aura une foule immense, c'est vraiment quelque chose d'unique. C'est une chance de pouvoir disputer une telle compétition dans ce pays durant sa carrière.
tsrsport.ch: On parle beaucoup des 50km de Holmenkollen avec une foule record.
DARIO COLOGNA: Cette épreuve est légendaire avec des spectateurs qui campent la nuit dans la forêt! C'est une véritable fête et ça serait encore plus incroyable si je pouvais gagner ce 50km.
tsrsport.ch:
Votre objectif à Oslo, c'est une médaille, deux ou encore plus?
DARIO COLOGNA: Le plus possible (rires). Non, c'est toujours difficile de monter sur le podium. Mais si la forme est là, gagner plusieurs médailles est envisageable. Pour en arriver là, tout doit marcher le jour-J et notamment au niveau du matériel.
tsrsport.ch: On évoque aussi beaucoup les chances du relais 4x10km, mais Perl et Livers ne sont pas au mieux actuellement.
DARIO COLOGNA: On est bien conscient que les quatre relayeurs doivent être au top pour accéder au podium. A Vancouver, on avait fini seulement 10e. Puis on a remporté ce relais à La Clusaz (ndlr: 19 décembre dernier). Le niveau est très haut, tout est possible. Mais maintenant on sait qu'on est capable de gagner et c'est important d'un point de vue mental.
"Je peux encore progresser"
tsrsport.ch: Depuis le début de l'hiver, vous skiez à un niveau exceptionnel. Pouvez-vous encore vous améliorer ou avez-vous atteint la limite?
DARIO COLOGNA: Je suis encore jeune et je vais courir peut-être encore 10 ans. Il est toujours possible de s'améliorer. Je peux encore progresser dans tous les domaines comme l'endurance, la force ou encore la vitesse.
tsrsport.ch: Vous avez déjà un incroyable palmarès à votre actif. Est-ce que vous vous attendiez à un tel succès aussi tôt dans votre carrière?
DARIO COLOGNA: Non, on ne peut jamais s'attendre à autant de succès. C'est naturellement magnifique d'avoir été victorieux si jeune et je vais essayer de me maintenir à ce niveau.
tsrsport.ch: Quels sont encore les objectifs principaux dans votre carrière?
DARIO COLOGNA: Déjà, c'est évidemment de gagner un premier titre mondial. Sinon, les Jeux de Sotchi en 2014 restent un grand objectif. Devenir champion olympique une deuxième fois ne me dérangerait pas (rires).
"J'irai jusqu'à Sotchi et on verra ensuite"
tsrsport.ch:
Savez-vous déjà précisément combien de temps vous souhaitez rester sur le circuit?
DARIO COLOGNA: Non, j'irai jusqu'à Sotchi et on verra ensuite. Je n'aurai que 28 ans à ce moment-là. Peut-être que je déciderai d'arrêter ou de continuer encore 4 ou 8 ans. C'est difficile de me prononcer aujourd'hui.
tsrsport.ch: En ski alpin, beaucoup d'athlètes deviennent encore plus forts après 30 ans. Qu'en est-il en ski de fond?
DARIO COLOGNA: C'est un peu la même chose. C'est vers 30 ans qu'on atteint son pic de forme. Certains athlètes courent jusqu'à presque 40 ans. Donc, j'ai encore un peu de temps devant moi (rires). Mais ça ne veut pas dire que je vais skier aussi longtemps...
tsrsport.ch: Y a-t-il un sportif que vous admirez tout particulièrement?
DARIO COLOGNA: J'admire beaucoup Roger Federer. C'est un sportif exceptionnel et aussi un modèle pour notre pays. La manière dont il gère sa carrière aussi bien du point de vue sportif qu'en dehors du terrain est remarquable.
tsrsport.ch: Vous êtes également un exemple à suivre pour les jeunes fondeurs du pays. Pensez-vous que les structures en Suisse soient suffisantes pour que le ski de fond produise régulièrement des talents comme vous?
DARIO COLOGNA: Pour les jeunes, il est important que les ski-clubs fassent un bon travail et les aident dans leur développement. Ensuite au sein de la Fédération, les conditions sont bonnes pour permettre un entraînement professionnel. Mais l'important est vraiment que le travail soit bien fait au niveau des enfants, qu'ils ne s'arrêtent pas en route. On a besoin de beaucoup de talents, pas seulement un ou deux.
Propos recueillis par Stéphane Altyzer