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Mandat d'arrêt contre Mouammar Kadhafi

Kadhafi [Max Rossi]
Mouammar Kadhafi, officiellement recherché par la CPI. - [Max Rossi]
La Cour pénale internationale (CPI) a annoncé lundi, lors d'une audience publique à La Haye, la délivrance d'un mandat d'arrêt à l'encontre de Mouammar Kadhafi, son fils Seif el-Islam et son bras droit Abdallah el-Senoussi, pour crimes contre l'humanité commis en Libye depuis le 15 février.

Les juges ont annoncé que le colonel Kadhafi était recherché pour avoir orchestré la mort, l'arrestation et le placement en détention de plusieurs centaines de civils au cours des douze premiers jours du soulèvement contre son régime en février et pour avoir tenté de dissimuler ces crimes.

La CPI se prononçait sur une requête présentée le 16 mai par le procureur Luis Moreno-Ocampo. Après cette demande, le parquet de la Cour pénale avait adressé une lettre de mise en garde aux autorités libyennes, les menaçant de poursuites si elles tentaient de couvrir les crimes perpétrés par les forces pro-Kadhafi.

Des milliers de morts depuis le début de la révolte

La révolte en Libye a fait des milliers de morts, selon le procureur de la CPI, et entraîné la fuite à l'étranger de près de 650.000 Libyens et le déplacement à l'intérieur du pays de 243.000 autres, selon l'ONU.

Pour la juge Sanji Mmasenono Monageng, "il y a des motifs raisonnables de croire que (...) Mouammar Kadhafi, en coordination avec son cercle rapproché, a conçu et orchestré un plan destiné réprimer et à décourager la population qui était contre le régime".

Pas de force de police pour la CPI

Sur le terrain, selon un correspondant de l'AFP sur place, les rebelles se trouvaient toujours lundi à une cinquantaine de kilomètres de Tripoli. Selon le chef de la diplomatie française Alain Juppé, "des contacts ont lieu" entre représentants du régime libyen et rebelles, portant notamment sur le sort du colonel Kadhafi, qui refuse de quitter le pouvoir.

Un seul chef d'Etat en exercice, le président soudanais Omar el-Béchir, fait jusqu'ici l'objet d'un mandat d'arrêt de la CPI. Recherché pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre au Darfour (Soudan), Omar el-Béchir ne reconnaît pas la compétence de la Cour, qu'il défie régulièrement.

Entrée en fonction en 2002, la CPI ne dispose d'aucune force de police propre et dépend de la volonté des Etats pour l'exécution des mandats d'arrêt. La CPI est le premier tribunal international permanent chargé de poursuivre les auteurs présumés de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

La joie gagne Benghazi

Des scènes de joie ont eu lieu à Benghazi et Misrata après l'annonce lundi de la décision de la Cour pénale internationale (CPI) d'émettre un mandat d'arrêt contre Mouammar Kadhafi, selon des photographes de l'AFP présents dans ces bastions de la rébellion libyenne.La population de Benghazi, la deuxième ville de Libye, s'est laissée aller à des scènes de liesse, en tirant notamment en l'air des rafales d'armes à feu.

Descendue également en masse dans les rues, la population de l'enclave de Misrata, à 200 km à l'est de Tripoli, a également laissé exploser sa joie, certains tirant en l'air, beaucoup agitant les drapeaux de la rébellion.

Les rebelles satisfaits

Le président du Conseil national de transition (CNT), organe politique des rebelles libyens, Moustapha Abdeljalil, a salué lundi l'émission par la CPI d'un mandat d'arrêt contre le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.

"Justice a été rendue" avec le mandat d'arrêt contre le colonel Kadhafi pour crimes contre l'humanité, a dit M. Abdeljalil au cours d'une conférence de presse à Benghazi, deuxième ville de Libye et siège de la rébellion.

Tripoli refuse la juridiction du CPI

Le mandat d'arrêt lancé lundi par la Cour pénale internationale (CPI) contre Mouammar Kadhafi est "une couverture" de l'OTAN pour atteindre le dirigeant libyen, a pour sa part accusé le régime de Tripoli, soulignant qu'il n'acceptait pas la juridiction de la Cour.

agences/pym/olhor

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Le conflit sur le point de s'enliser

Cent jours après le début des raids en Libye de pays membres de l'OTAN pour aider les rebelles, qui contrôlent l'est du pays et ont pour objectif d'atteindre Tripoli, Mouammar Kadhafi est toujours au pouvoir et le conflit s'enlise.

Depuis le 19 mars, l'Alliance atlantique continue de viser des cibles sur l'ensemble du territoire libyen. Mais dans ce qui est devenu une guerre livrée sur de multiples fronts, chacun des deux camps en présence ne peut se prévaloir que de quelques victoires incontestables.

L'alliance occidentale, après avoir au départ enregistré des succès en repoussant les troupes de Mouammar Kadhafi à bonne distance de Benghazi, le fief de l'opposition dans l'Est, et de Misrata, pour éviter qu'elles ne soient pilonnées, n'est pas parvenue à faire pencher de manière décisive la balance du côté des rebelles.

La situation est à l'heure actuelle dans une sorte d'impasse, les insurgés se devant de tenir leurs positions autour de Misrata et d'Ajdabiya, près de Brega, malgré les tirs sporadiques de roquettes et d'obus de mortier qui continuent d'y faire des victimes.

L'OTAN souligne l'isolement de Kadhafi

La délivrance d'un mandat d'arrêt international pour crimes contre l'humanité contre le colonel Mouammar Kadhafi "souligne une fois de plus son isolement". Elle "renforce" aussi le bien-fondé des opérations en Libye, a estimé lundi le secrétaire général de l'OTAN.

Les Etats-Unis sont convaincus que "le vent a désormais tourné" contre le régime du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, confronté à un isolement croissant et à un assèchement de ses ressources financières, a déclaré lundi à Tunis un haut responsable américain. M. William Burns, secrétaire d'Etat adjoint chargé des affaires politiques, a souligné, au cours d'un point de presse, que les Etats-Unis sont déterminés, avec leurs alliés, à "maintenir la pression" contre le régime libyen car "seul un départ de M. Kadhafi peut assurer un avenir stable à la Libye".

Quant à Nicolas Sarkozy, il a réaffirmé lundi que la paix ne reviendrait en Libye que si le colonel Moammar Kadhafi quittait le pouvoir. "Après 41 ans de dictature, il est peut-être temps d'arrêter, qu'il quitte le pouvoir", a exhorté le président français d'une conférence de presse au palais de l'Elysée. "M. Kadhafi sait parfaitement ce qu'il faut faire pour que la paix revienne", a-t-il insisté. "Ca ne dépend que de lui".

Pour sa part, le chef de la diplomatie française Alain Juppé a estimé lundi que la décision de la Cour pénale internationale (CPI) de délivrer un mandat d'arrêt à l'encontre de Mouammar Kadhafi confirme que "la question n'est pas de savoir s'il doit quitter le pouvoir, mais comment et quand".