Alors que le conflit s'enlisait, les insurgés ont déclenché mercredi leur attaque après avoir reçu selon eux "le feu vert" de l'OTAN. Ils ont réussi à repousser les pro-Kadhafi de plusieurs kilomètres et à s'emparer du hameau de Goualich, dans les montagnes berbères au sud de Tripoli, bastion du régime.
Néanmoins, tout en confirmant que les rebelles avaient pris l'initiative dans l'Ouest et étaient "capables de lancer des attaques couronnées de succès", le porte-parole de l'OTAN a souligné que les pro-Kadhafi étaient en train de se regrouper, de se réarmer et de contre-attaquer dans cette région.
Pendant les combats, des mercenaires ont été faits prisonniers, selon un correspondant de l'AFP sur place, auquel certains d'entre eux, installés à l'arrière de pick-up, ont dit être venus du Ghana et du Mali. La rébellion avait affirmé dimanche se préparer à reprendre des secteurs au sud de Tripoli tombés aux mains des troupes du régime et ainsi repousser la ligne de front davantage vers la capitale.
Précieux site archéologique menacé
Après avoir pris le contrôle fin juin d'un important dépôt de munitions à plus de 120 km au sud de Tripoli, les insurgés cherchent désormais à faire sauter deux verrous stratégiques: Bir Al-Ghanam qui leur permettrait d'être à portée de canon de Tripoli, puis Gharyane où sont basées les garnisons de l'armée protégeant la capitale et où l'OTAN a détruit six véhicules militaires.
Parallèlement, les rebelles de Misrata, à 200 km à l'est de Tripoli, ont affirmé avoir progressé vers l'ouest et sont arrivés à 8 km du centre de Zliten (à une soixantaine plus à l'ouest) après des combats contre les pro-Kadhafi qui ont fait mercredi une vingtaine de morts selon les insurgés.
Mais les pro-Kadhafi ont bombardé les rebelles dans leur avancée à Zliten faisant un mort et huit blessés parmi eux jeudi, ont-ils ajouté. Le conflit en cours menace le site archéologique exceptionnel s'étendant à 120 km à l'est de la capitale, de Leptis Magna, classé par l'Unesco au patrimoine mondial et où les pro-Kadhafi cachent des armes, selon des témoignages libyens cités par l'organisation Patrimoine sans frontières (PSF).
Appui aérien de l'OTAN
L'Alliance atlantique a annoncé avoir intensifié ses bombardements dans l'Ouest, avec des objectifs situés entre les montagnes berbères de Nefoussa et Misrata. Mercredi, les avions de l'OTAN ont fait 140 sorties dont 57 avec des cibles à viser. L'un des raids a atteint des "équipements militaires de ravitaillement" qui permettaient aux pro-Kadhafi de s'approvisionner en carburant à Brega, position la plus à l'est de l'armée du régime.
En plus de l'appui aérien de l'OTAN, les insurgés ont reçu le mois dernier des armes parachutées par la France dans les montagnes de Nefoussa, où des dizaines de milliers d'habitants manquent de nourriture et dépendent totalement de l'aide alimentaire pour survivre, d'après le Programme alimentaire mondial.
Impuissance diplomatique
A Tripoli, des imams libyens ont appelé à une prière collective vendredi sur la place verte à Tripoli, dans une nouvelle mobilisation contre les frappes de l'OTAN organisée par le régime. Sur le plan diplomatique, un émissaire chinois Chen Xiaodong a rencontré à Benghazi, la "capitale" des rebelles dans l'Est, des membres de l'opposition, signe supplémentaire de l'implication croissante de Pékin dans la région.
La Pologne, qui assure actuellement la présidence de l'Union européenne, a de son côté annoncé avoir installé un ambassadeur à Benghazi. Mais à Washington, la Chambre des représentants a voté un amendement interdisant au Pentagone de fournir des équipements militaires aux rebelles libyens. Cependant ce vote risque de rencontrer une forte opposition au Sénat.
La Libye est en proie depuis la mi-février à un soulèvement contre Mouammar Kadhafi violemment réprimé qui s'est transformé en conflit armé. Le régime du colonel libyen qui refuse de quitter le pouvoir qu'il accapare depuis 42 ans, contrôle une grande partie de l'Ouest et la rébellion s'est établie dans l'Est. Et une responsable de la Cour pénale internationale a dit que celle-ci n'entendait pas retirer son mandat d'arrêt contre Mouammar Kadhafi, accusé de crimes contre l'Humanité, quelles que soient les négociations pour obtenir son départ.
afp/olhor
USA: la Chambre interdit l'aide militaire aux rebelles libyens
La Chambre des représentants américaine a voté jeudi un amendement interdisant au Pentagone de fournir des équipements militaires aux rebelles libyens. Par 225 voix contre 221, les élus ont adopté un amendement à un projet de budget annuel limitant la capacité de Washington d'aider les opposants au régime de Mouammar Kadhafi au pouvoir depuis 42 ans.
Ce vote risque de rencontrer une forte opposition au Sénat. Cet amendement interdit au Pentagone de "fournir des équipements et entraînements militaires, ainsi que des conseils ou tout forme de soutien concernant les activités militaires, que ce soit à un groupe ou à un individu, qu'il soit membre ou non des forces armées d'un pays, dans le but d'épauler ce groupe ou cet individu afin de mener des actions militaires contre et en Libye".
Fin juin, la Chambre des représentants américaine, dominée par une majorité républicaine, avait infligé un revers au président Barack Obama en rejetant un texte qui autorisait l'intervention militaire en Libye - l'administration s'étant jusqu'à présent passée de consulter le Congrès à ce sujet au grand dam de nombreux parlementaires des deux bords.
La CPI maintient son mandat d'arrêt contre Kadhafi
La Cour pénale internationale (CPI) n'entend pas retirer son mandat d'arrêt contre Mouammar Kadhafi quelles que soient les négociations pour obtenir le départ du dirigeant libyen, a indiqué jeudi sa procureure générale adjointe, Fatou Bensouda, qualifiant cette hypothèse de "chantage".
L'Union africaine a décidé vendredi d'ignorer le mandat international lancé par la CPI contre Mouammar Kadhafi, estimant notamment qu'il "complique sérieusement les efforts visant à trouver une solution politique négociée à la crise en Libye".
Par ailleurs, le parquet de Paris a classé sans suite une plainte déposée par la fille du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi qui accuse l'OTAN d'avoir tué quatre membres de sa famille lors d'un bombardement fin avril à Tripoli, a indiqué jeudi son avocate, Me Isabelle Coutant-Peyre.
Cette plainte d'Aïcha Kadhafi pour "assassinat" et "crimes de guerre" avait été déposée le 10 juin et visait l'Otan, "les officiers militaires français" intervenant dans l'opération de l'Otan, le ministre de la Défense Gérard Longuet et le président Nicolas Sarkozy.
Elle a été classée sans suite le 30 juin, en vertu du Code de la Défense, qui prévoit qu'un militaire qui "exerce des mesures de coercition ou fait usage de la force armée" dans le cadre d'une opération "se déroulant à l'extérieur du territoire français" n'est "pas pénalement responsable".