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Le président de Xamax au bénéfice d'un permis F

Arrivé en Suisse en 2002, Islam Satujev s'était vu refuser sa demande d'asile politique. [Dominic Favre]
Arrivé en Suisse en 2002, Islam Satujev s'était vu refuser sa demande d'asile politique. - [Dominic Favre]
Le président désigné de Neuchâtel Xamax, le Tchétchène Islam Satujev, réside en Suisse au bénéfice d’une admission provisoire (permis F), un titre qui lui permet d'entrer sur le marché du travail. A son arrivée en été 2002, il avait déposé une demande d’asile politique. Une demande rejetée par Berne.

Contacté par la TSR, l’Office fédéral des migrations (ODM) confirme qu’Islam Satujev a déposé une demande d’asile le 5 juillet 2002. A Berne, son dossier - qui porte le numéro D431408 - mentionne les raisons de sa demande.

"Monsieur Satujev et sa famille ont eu des problèmes et ont été maltraités en Tchétchénie. Ils ont donc dû quitter le pays", révèle le dossier. Il expliqua dans un premier temps que son père avait été enlevé et porté disparu. Plus tard, il a prétendu que son père avait été retrouvé assassiné (lire ci-contre).

Des explications "pas crédibles"

Ces explications n’ont pas convaincu: "La demande a été rejetée le 8 octobre 2004, car les explications n’étaient pas crédibles", indique Joachim Gross, porte-parole de l’ODM. Islam Satujev et sa famille n’ont toutefois pas été renvoyés en raison du climat instable en Tchétchénie.

C’est à ce titre qu’ils ont reçu une admission provisoire (permis F) et ont été attribués au canton de Fribourg où sa famille réside désormais. En septembre 2008, "la situation s’étant calmée en Tchétchénie", selon l’ODM, Berne a reconduit l’admission provisoire de la famille Satujev en raison d’une grave maladie de Madame Satujeva.

Régularisation à venir

Sur la situation actuelle d’Islam Satujev, l’ODM dit "ne rien savoir sur sa qualité d’employé". Un point qui fera "l’objet de vérification lors du prochain examen du statut d’Islam Satujev" pour savoir si le renvoi vers la Tchétchénie reste impossible ou si l’admission provisoire devrait être retirée.

Après son engagement comme directeur général de Xamax le 5 juillet 2011 et bientôt comme président du club, Islam Satujev devrait en toute logique faire une demande de régularisation et se voir attribuer un permis B par les autorités cantonales fribourgeoises. "C’est le désir de Monsieur Satujev et il souhaite aussi que les procédures aient vite", explique Marc Imwilkenried, porte-parole de Neuchâtel Xamax.

Pas d'activité lucrative

En effet, depuis son admission provisoire en 2004, Islam Satujev a été pris en charge par le canton de Fribourg. Sa famille réside à Bulle dans un appartement loué aux frais des services compétents et a bénéficié de mesures d’intégration. Enfin, Islam Satujev n’aurait exercé ces dernières années aucune activité lucrative, même si un permis F lui en donne le droit après accord préalable des autorités cantonales.

Sollicité par la TSR à plusieurs reprises, Islam Satujev a refusé de nous rencontrer et de répondre à nos questions devant la caméra. "C’est certainement en raison de son français hésitant", s’excuse Marc Imwilkenried, porte-parole de Neuchâtel Xamax, qui livre pourtant des détails sur son patron. "Il a fait des études d’économie et m’a expliqué avoir dirigé l’entreprise de son père à 15 ans".

Yves Steiner

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Des relations ambiguës en Tchétchénie

Selon l'Office fédéral des migrations, pour justifier sa demande d'asile en Suisse, Islam Satujev a fait valoir que son père était un proche de l’ex-président tchétchène Djokhar Doudaïev qui défia Moscou et déclara l’indépendance de la petite république en 1991, ce qui déclencha la première guerre de Tchétchénie.

Ironie de l'histoire, Islam Satujev se retrouve aujourd'hui sous l'aile de Bulat Chagaev, qui est un proche du président-dictateur tchétchène pro-russe Ramzan Kadyrov.

"Islam dit de Monsieur Chagaev qu’il a tout fait pour lui. Ils sont du même cercle, du même clan", explique Marc Imwilkenried, porte-parole de Neuchâtel Xamax.