Ce document à l'entête de la banque américaine Bank of America est daté du 14 septembre 2011 (voir ci-contre). Il s'agit d'une attestation qui a été envoyée à l'adresse genevoise de la société de Bulat Chagaev, Dagmara Trading SA. Le texte, rédigé en anglais, est le suivant: "En réponse à votre demande du 12 septembre 2011, la banque annonce qu'il y a 35 millions de dollars sur votre compte XXXX, une somme suffisante pour garantir le financement annuel de votre club de football "XAMAX" pendant la saison 2011-2012.
Ce document a été utilisé pour démontrer la solvabilité de Bulat Chagaev, qui l' a envoyé à la Swiss Football League cet automne et à la justice neuchâteloise mardi passé.
Or, selon l'enquête de la TSR, cette attestation n'a pas l'apparence d'un document authentique. Plusieurs éléments posent problème, selon les banquiers et les experts financiers indépendants que la TSR a consultés en Suisse et aux Etats-Unis.
Authenticité en question
Primo, l’anglais utilisé est approximatif et ce n’est pas de l’anglais commercial usuel. Secundo, aux Etats-Unis, les dates (jour/mois) sont inversées, ce qui n’est pas le cas dans le document. Tertio, les experts s'interrogent: quelle banque prendrait le risque de garantir que la somme suffit à répondre aux besoins annuels du club étant donné les incertitudes entourant les finances de Xamax?
Le correspondant aux Etats-Unis de la TSR François Jeannet s’est rendu à l'adresse new-yorkaise de Bank of America et a consulté des responsables de la banque américaine. Après vérification des fichiers de la banque, il s'avère que Bank of America n'emploie aucune personne du nom du signataire du document présenté par Bulat Chagaev.
Enfin, des responsables de Bank of America ont confirmé à la TSR que le document n'est pas rédigé dans les formes usuelles. Estimant que l'authenticité du document est extrêmement douteuse, Bank of America annonce vouloir ouvrir une enquête pour établir son origine.
"Attaques incessantes"
La TSR a informé Bulat Chagaev des résultats de son enquête. Le président et propriétaire de Xamax a refusé de s'exprimer.
Xamax a tout de même réagi sur son site internet, qualifiant ces nouvelles attaques d'"incessantes, entravantes et gratuites."
François Jeannet, Anne-Frédérique Widmann, Raphaèle Tschoumy
Sylvio Bernasconi également égratigné dans la presse
Prédécesseur de Chagaev à la tête de Xamax, Sylvio Bernasconi est aussi égratigné dans la presse de samedi. Selon un document provenant d'une fiduciaire que s'est procuré "L'Express/L'Impartial", le club était déjà en mauvaise posture avant l'arrivée du Tchétchène. "Lors de son rachat par Bulat Chagaev, Neuchâtel Xamax SA était, selon toutes vraisemblances, déjà en situation de surendettement.
Une annonce conforme aux articles 725 et suivants du code des obligations aurait à notre sens dû être effectuées en son temps par les anciens propriétaires (...) et des mesures d'assainissement prises. Cette affirmation sera à vérifier à la remise du rapport de révision de l'exercice clos au 30 juin 2011", a-t-on pu lire dans les journaux neuchâtelois, qui utilisent le conditionnel.
Toujours d'après "L'Express/L'Impartial", cette situation étonne des proches du "dossier Xamax", qui affirment que la formation des bords du Lac de Neuchâtel bouclait régulièrement ses comptes dans le positif, "bien sûr grâce aux apports de Sylvio Bernasconi".
Selon les sources du quotidien, l'ancien président versait entre deux et trois millions de francs par saison pour boucler le budget.
Un ancien membre de la direction du Xamax, Michel Favre, s'insurge contre ces propos et rappelle que Neuchâtel a toujours obtenu d'emblée sa licence de jeu. "S'ils veulent nous attaquer, qu'ils le fassent de front", s'indigne-t-il. "Il ne faut pas passer les errances de Bulat Chagaev sur le dos de Sylvio Bernasconi. Nous avons laissé le club dans d'excellentes dispositions."
L'avocat actuel de Xamax affirme quant à lui que "l'équipe de Bernasconi a laissé des factures ouvertes pour un montant de 1,69 million de francs.