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Le Parlement se trompe de cible pour Pro Helvetia

Le directeur Pro Helvetia Pius Knüsel et sa présidente Yvette Jaggi retiennent leur souffle
Le directeur Pro Helvetia Pius Knüsel et sa présidente Yvette Jaggi retiennent leur souffle
Le Parlement se trompe de cible en réduisant la subvention de Pro Helvetia: la coupe de 1 million de francs va avant tout pénaliser les artistes l'an prochain.

Pro Helvetia est sorti de sa réserve jeudi. Depuis le début de la polémique sur l'exposition de Thomas Hirschhorn au Centre culturel suisse de Paris, la présidente de Pro Helvetia, Yvette Jaggi et son directeur, Pius Knüsel, se sont peu exprimés.

Commentaires laconiques


Mais à l'exception d'un communiqué distribué à la presse, les deux figures de proue de la Fondation ont visiblement été appelées à faire preuve de réserve par leur ministre de tutelle, Pascal Couchepin. «L'appui constant de M. Couchepin nous oblige à respecter cette décision et à ne pas la commenter plus avant», a souligné Mme Jaggi.


Devant le refus du Conseil des Etats d'accepter la proposition de la commission de conciliation, c'est donc la décision la plus avantageuse pour la Confédération qui l'emporte.


Pro Helvetia prend acte avec regret


Pro Helvetia verra donc son budget couper de un million de francs l'an prochain. «Nous prenons acte avec regret, mais il n'y a pas à discuter une décision du Parlement», a poursuivi Mme Jaggi. Selon elle, Pascal Couchepin regrette également cette décision, qui a été prise dans un cadre peu approprié, celui du débat budgétaire de la Confédération.


Pro Helvetia considère que la décision du Parlement est doublement problématique. Celle-ci remet en question l'autonomie de la Fondation, qui garantit normalement que des décisions en matière artistique ne sont pas soumises à des pressions politiques.


Le parlement se trompe de cible


De plus, la réduction budgétaire, présentée comme une «punition» pour le financement de l'exposition de M. Hirschhorn, «Swiss-Swiss Democracy», ne frappe pas les bonnes personnes. Les montants destinés à cette exposition ont déjà été attribués.


Au lieu de 34 millions de francs, Pro Helvetia n'en aura plus que 33 l'an prochain pour encourager la culture en Suisse et à l'étranger. Or, la Fondation a déjà lancé un programme d'économie cet été pour répondre aux exigences des politiques.


Le but est de réduire ses frais de fonctionnement pour les ramener d'ici 2006 à 33 % de son budget. Il est prévu de supprimer 10 postes à plein temps d'ici l'été prochain, soit 14 % des effectifs.


Réduire les subsides


Il ne sera plus possible, selon Pro Helvetia, de réduire encore les frais administratifs. Le Conseil de Fondation n'aura donc pas d'autres possibilités que de réduire les subsides qu'elle accorde aux artistes. De plus, frapper les artistes d'une «punition collective» par le biais d'un processus budgétaire est un moyen inapproprié que le monde politique a choisi pour manifester son irritation face à Pro Helvetia, selon la Fondation.


Un moment plus adéquat pour un débat sur le rôle de Pro Helvetia sera celui de la mise en consultation de la loi sur l'encouragement de la culture et la nouvelle loi sur Pro Helvetia. La loi sur la Fondation date de 1965 et une révision est «urgente», selon elle. Les travaux de révision durent déjà depuis trois ans.


RSR/Agences

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Rappel

L'enveloppe de Pro Helvetia sera amputée d'un million de francs dans le budget 2005 de la Confédération. Par 25 voix contre 18, le Conseil des Etats a refusé jeudi la proposition de conciliation de ne couper que 180 000 francs.
En début de matinée, le Conseil national avait accepté la solution de compromis, soit de couper un montant correspondant aux subsides accordés par la fondation culturelle à l'exposition de Thomas Hirschhorn au Centre culturel suisse de Paris. Mais le Conseil des Etats a rendu cette décision caduque.