Au cours d'une conférence de presse, il a ajouté qu'en nationalisant ainsi des actifs pétroliers, l'État défendait ses intérêts en revenant en arrière sur certaines des privatisations de la dernière décennie qui étaient, selon lui, abusives.
"Mécanismes légaux de marché pour assurer les intérêts de l'État": c'est la phrase utilisée par Vladimir Poutine pour expliquer le tour de passe-passe qui permet au gouvernement russe de renforcer son contrôle sur le secteur énergétique du pays. Par la même occasion, cela porte l'estocade finale à Ioukos.
Ioukos est le groupe emblématique des privatisations faites dans les années 90 en Russie. Le groupe était devenu un géant pétrolier. Mais son patron, Mikhaïl Khodorkovski, est aujourd'hui en prison, accusé de fraude fiscale. Et le groupe est criblé de dettes; sur lui pèsent plus de 25 milliards de dollars d'amende.
Après le rachat par Rosneft de Iougansk, la seule activité rentable actuellement de Ioukos, on voit mal comment le groupe pourrait survivre.
Cible d'une véritable campagne judiciaire
Depuis plus d'un an, les pressions judiciaires se sont accumulées sur Ioukos, de telle sorte qu'on peut parler d'une forme d'acharnement.
Pour être précis, les difficultés de Ioukos ont commencé quand son patron, Mikhaïl Khodorkovski, s'est piqué de se mêler de politique en finançant des partis opposés au Kremlin.
On peut remarquer en outre qu'en dépit des inquiétudes des chancelleries occidentales et des investisseurs occidentaux, Vladimir Poutine n'est intervenu à aucun moment pour faire cesser ces pressions judiciaires. Beaucoup d'observateurs estiment la responsabilité du président russe clairement engagée.
Enfin, le dénouement de l'affaire confirme la prise de pouvoir au Kremlin des "Siloviki", les partisans de la ligne dure, issus - comme Vladimir Poutine - des services spéciaux. Les "Siloviki" sont engagés dans une lutte sans merci contre les oligarques - comme on appelle les hommes d'affaires qui ont bâti des empires financiers en quelques années sur les décombres de l'Union soviétique.
Le président russe a clairement expliqué ce matin que les privatisations s'étaient déroulées dans des conditions plus que douteuses. Pour la majorité de la population russe, oligarque est d'ailleurs synonyme de bandit. Cela explique le peu d'émoi que suscite en Russie - en dehors des milieux directement concernés - la remise au pas brutale de Ioukos.
RSR/Patrick Chaboudez