Cet infirmier de 36 ans a notamment été reconnu coupable de 22 assassinats. Il a toujours affirmé avoir agi par compassion pour ses victimes, la plupart atteintes de démence sénile.
Les faits s'étaient produits entre 1995 et 2'000, dans différents EMS de Suisse centrale. L'affaire avait choqué l'opinion publique. Et la peine prononcée est finalement beaucoup plus lourde que celle demandée par le procureur, dans cette affaire d'euthanasie active, la plus importante qu'ait connu la Suisse. Le procureur, Horst Schmitt, avait renoncé à plaider la réclusion à vie, parce que l'accusé, arrêté en été 2001 après une série de décès dans un home à Lucerne, a avoué spontanément d'autres crimes, qui autrement seraient restés impunis.
L'infirmier a reconnu avoir tué 23 femmes et quatre hommes âgés de 66 à 95 ans dans trois homes lucernois entre 1995 et 2001, en leur administrant des calmants ou en les étouffant en leur recouvrant la tête d'un sac ou d'un tissu. Il dit avoir agi par compassion et pour soulager les personnes concernées, mais a également évoqué un surmenage personnel et la lourde charge supportée par l'équipe soignante.
Esquissant l'image d'un homme incapable de remplir les exigences du métier d'infirmier, le procureur avait requis 17 ans de réclusion pour 19 meurtres, trois tentatives de meurtre et cinq assassinats. Pour Horst Schmitt, l'infirmier a tué ces cinq patients non par compassion, mais par égoïsme, parce qu'il ne les supportait plus.
La défense, de son côté, contestait la qualification d'assassinat et retenait 22 meurtres. Selon l'avocat commis d'office, les faits ne montrent par un mépris grave de la vie humaine. Mettre fin à une vie humaine par compassion n'est pas certes excusable, mais compréhensible. Cet ancien danseur n'était pas fait pour être infirmier et les soins longue durée l'ont exposé à un stress important.
La Cour en a jugé autrement, puisqu'elle a condamné l'infirmier à la réclusion à vie, pour 22 assassinats, trois tentatives d'assassinat et deux préparations de meurtre. L'accusé, qui a déjà passé 1.304 jours en prison, devra par ailleurs verser 75.000 francs de dédommagements aux proches de quatre de ses victimes et prendre à sa charge les frais de justice, qui se montent à près de 191.000 francs.
Libération possible dans quinze ans
La cour a retenu la qualification d'assassinats pour tous les cas, ce qui correspond au déroulement objectif des faits, a déclaré le procureur Horst Schmitt. Même condamné à la réclusion à vie, l'accusé pourra être libéré dans onze ans et demi pour bonne conduite, compte tenu des trois ans et demi qu'il a déjà passé en prison, a-t-il souligné. L'avocat de la défense, Hans Jorg Walti, n'a pas voulu dire s'il comptait faire recours.
Le jugement n'est pas encore entré en force. Les considérants seront publiés dans quelques mois. Il sera alors possible de faire recours contre la sentence.
RSR/agences