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Simon Wiesenthal, le "chasseur de nazis", est mort

Simon Wiesenthal en juin 2005.
Simon Wiesenthal en juin 2005.
Le survivant de l'Holocauste qui a consacré toute sa vie à pourchasser les nazis et à lutter contre l'antisémitisme, est mort dans la nuit de lundi à mardi à son domicile de Vienne. Simon Wiesenthal était âgé de 96 ans.

L'annonce a été faite par le rabbin Marvin Hier, le doyen et fondateur du centre Simon-Wiesenthal de Los Angeles.


"On se souviendra de lui comme de la conscience de l'Holocauste. D'une certaine manière il était devenu le représentant permanent des victimes de la Shoah, déterminé à produire les auteurs du plus grand des crimes devant la justice", a dit le rabbin Hier.

Diplôme d'architecte


Né le 31 décembre 1908 dans une famille de marchands à Buczacs, un petit village près de la ville ukrainienne de Lvov, dans ce qui était alors l'empire austro-hongrois. Après des études à Prague et Varsovie, il a obtenu un diplôme d'ingénieur en 1932.


Après avoir travaillé dans la construction en Union soviétique, il était ensuite retourné à Lvov pour y décrocher son diplôme d'architecte avant que les Russes puis les Allemands n'occupent la ville et le début de la terreur.

La voix des victimes juives


Après la seconde guerre mondiale, Simon Wiesenthal devait, après avoir survécu à l'Holocauste, changer de vie pour devenir la voix des six millions de Juifs qui sont morts durant la Shoah.


Ayant lui-même perdu 89 membres de sa famille dans l'Holocauste, il a consacré plus de 50 ans de sa vie à pourchasser les criminels nazis et grâce à son travail, quelque 1'100 criminels nazis ont été jugés dont le plus célèbre restera Adolf Eichmann, le chef des SS qui avait organisé l'extermination des Juifs.

Un grand regret


Débusqué en Argentine, Eichmann avait été enlevé par des agents des services secrets israéliens en 1960 avant d'être jugé et pendu pour crimes commis contre les Juifs. Wiesenthal avait souvent été accusé d'avoir exagéré son rôle dans cette capture. Il n'a jamais revendiqué sa responsabilité seule dans cette capture mais avait toujours affirmé savoir dès 1954 où se cachait Eichmann sans que personne ne le croie en Israël.


La capture d'Eichmann était "un travail d'équipe réalisé par de nombreuses personnes qui ne se connaissaient pas", avait souligné Wiesenthal en 1972. "Je ne sais pas si et dans quelle mesure les informations que j'ai envoyées en Israël ont été utilisées".


Son grand regret aura été de n'avoir pas pu faire traduire en justice le Dr Josef Mengele, l'"Ange de la Mort", du camp de concentration d'Auschwitz.

Une leçon pour l'humanité


La quête de sa vie a commencé à la libération par les troupes américaines du camp de concentration de Mathausen en Autriche où Wiesenthal était prisonnier en mai 1945. C'était-là son cinquième camp de la mort parmi la dizaine de camps nazis où il a séjourné. Il ne pesait plus que 45 kilos quand il a été libéré. Il avait expliqué qu'il s'était alors rapidement rendu compte qu'il "ne pouvait y avoir de liberté sans justice", et avait décidé de consacrer "quelques années" à la justice. "Ces années se sont transformées en décennies", avait-il ajouté.


Toute sa vie durant, il aura oeuvré pour que l'expérience juive reste une leçon pour l'humanité. Mais s'il se disait effondré par les atrocités commises par les Serbes par les Albanais du Kosovo, il tenait à souligner que personne ne devait confondre cette tragédie avec le massacre de six millions de Juifs.

"Combattre contre l'oubli"


"Nous vivons à une époque de vulgarisation du mot 'Holocauste'", avait-il déploré dans une interview à l'Associated Press en mai 1999. "Ce qui est arrivé aux Juifs ne peut en aucun cas être comparé avec tous les autres crimes. Chaque Juif était sous le coup d'une condamnation à mort sans en connaître la date".


"La chose la plus importante que j'ai faite est de combattre contre l'oubli et de garder le souvenir intact. Il est primordial de faire savoir aux gens que nous n'oublions pas nos ennemis", avait souligné Simon Wiesenthal.


tsr/RSR/agences

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