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Double référendum contre le nouveau droit d'asile et la loi sur les étrangers

Ueli Leuenberger a annoncé le référendum
Ueli Leuenberger a annoncé le référendum
Un comité d'organisations de migrants et de syndicats emmené par les Verts lance un double référendum contre la loi sur les étrangers (LEtr) et la loi sur l'asile (LAsi). Il a présenté jeudi 22 décembre sa stratégie pour battre en brèche «les lois Blocher».


«On ne peut pas combattre la LAsi au nom des droits de l'homme sans s'attaquer en même temps à la LEtr»: ces deux textes relèvent de la même logique xénophobe et d'exclusion, a expliqué le conseiller national genevois Ueli Leuenberger, vice-président des Verts.


Les mesures de contrainte fixées dans le droit des étrangers s'appliquent ainsi également aux requérants d'asile.


Origine xénophobe


Les versions adoptées vendredi par le Parlement suscitent les critiques du Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés et de la Cour des droits de l'homme. Elles montrent le terrain gagné par les idées xénophobes depuis l'arrivée de Christoph Blocher au Conseil fédéral, estime M. Leuenberger.


La loi sur les étrangers n'hésite pas à traiter les quelque 700'000 migrants qui ne proviennent pas de l'Union européenne (UE) comme des êtres humains de seconde classe. Elle se montre injuste envers l'ensemble du million et demi d'étrangers vivant en Suisse.


Projet de société


En se focalisant sur les abus, la loi sur les étrangers a empêché toute réflexion sur la place des étrangers dans le projet de société helvétique, estime le Forum pour l'intégration des migrants (FIMM), qui chapeaute plusieurs centaines d'associations de migrants. Le double référendum sera l'occasion de déclencher un vaste débat public, a dit son secrétaire général Claudio Micheloni.


On verra alors que la loi manifeste un esprit de fermeture contraire aux ambitions de la Suisse: elle discrimine les migrants non-européens, la main d'oeuvre non qualifiée. Elle limite les possibilités de regroupement familial, jette la suspicion sur les mariages mixtes et rend le permis d'établissement inaccessible, précise M. Micheloni.


Aberration culturelle


Parler «de degré d'intégration» est une gifle pour les centaines de milliers d'étrangers en Suisse qui s'efforcent depuis des décennies de s'intégrer dans la société helvétique». M. Micheloni y voit une aberration culturelle et politique.


L'intégration, «c'est une façon de vivre et un état d'esprit basé sur la connaissance et la reconnaissance de l'autre, dans le respect des cultures, des droits et devoirs de chacun». Et la langue n'est pas l'étalon-or pour la mesurer, souligne M. Micheloni.


Usine de sans-papiers


Les lois sur les étrangers et sur l'asile constituent de véritables usines à produire des sans-papiers et de la pauvreté, a poursuivi Ismail Türker, au nom des syndicats de Genève (CGAS). Les critères édictés par Berne pousseront dans la clandestinité et la précarité des dizaines de milliers de personnes.


Le doublement voire le triplement du nombre de travailleurs au noir déréglera les secteurs économiques, prévoit M. Türker. Il appelle les milieux économiques et les partis à prendre conscience de ce risque. Actuellement, le canton de Genève perd pas moins de 35 millions de francs de cotisations sociales par année.


Double référendum contre


Balthasar Glättli, secrétaire général de Solidarité sans frontières, croit à la légitimité d'un double référendum contre des «lois Blocher». Pour faire comprendre que la tradition humanitaire et les assurances sociales de la Suisse sont en jeu.


Les délégués du PS ont décidé quant à eux fin novembre de ne pas siéger dans le comité référendaire présidé par les Verts. Le PS qui a lancé le référendum contre la loi sur l'asile aux côtés des milieux de défense des droits de l'homme, veut mener deux campagnes différenciées contre l'argumentation blochérienne.


Le PS soutient cependant le référendum écologiste sur la loi sur les étrangers, a indiqué son secrétaire général Thomas Christen. Les sections cantonales du PS collecteront des signatures, en commençant par celles de leurs membres.


RSR/Agences

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