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Impact de la fonte des inlandsis revu à la hausse par deux études

Falaise de glace - Cap Denison (Antarctique) [Reuters - Pauline Askin]
Falaise de glace - Cap Denison (Antarctique) - [Reuters - Pauline Askin]
La perte de masse des calottes glaciaires du Groenland et de l'Antarctique s'accélère en raison de la hausse des températures mondiales. Deux études publiées la semaine passée dans la revue Nature permettent de mieux comprendre les conséquences du phénomène. Elles montrent que l’Antarctique pourrait contribuer à une élévation d’un mètre du niveau de la mer d’ici à 2100. La circulation générale des courants sera également affectée.

L’élévation du niveau marin et les conséquences de la fonte des glaces sont au centre des préoccupations depuis quelques décennies. Deux études viennent de livrer leurs conclusions à ce sujet :

La première, menée par Neil Edwards de l’Open University (UK) s’est penchée sur la contribution de la fonte des glaces de l'Antarctique à l'élévation du niveau de la mer d’ici à l’horizon 2100. Elle met l’accent sur l’instabilité des falaises de glace marines. Lorsque le prolongement flottant d'un glacier s'effondre, une haute falaise de glace est en effet exposée à l'extrémité de ce dernier. Trop haute pour supporter son propre poids, cette falaise finit par s'effondrer, ce qui entraîne une perte de masse assez importante.

Scénarios de hausse du niveau marin [Neil Edwards - Open University]
Scénarios de hausse du niveau marin en tenant compte des inlandsis de l'Antarctique (traits pointillés). [Neil Edwards - Open University]

En tenant compte de ce processus, les simulations numériques montrent que l'Antarctique à lui seul pourrait contribuer jusqu'à un mètre à l'élévation du niveau de la mer d'ici 2100, si rien n’est fait pour réduire ces émissions de CO2 (voir illustration ci-dessus). A titre de comparaison, d'autres modèles qui n'incluent pas ce processus estiment que cette contribution pourrait être inférieure à 40 cm.

Circulation des courants également affectée

La deuxième étude, menée par Nicholas Golledge de l’Antarctic Research Centre, à la Victoria University de Wellington (NZ) analyse les conséquences de la libération des glaces provenant des inlandsis sur la circulation générale des courants.

Elle montre que l'augmentation du débit d'eau douce des calottes glaciaires a des conséquences importantes sur la circulation océanique - à des échelles de temps beaucoup plus courtes que ce que l’on pensait jusqu’à présent. Dans l'hémisphère Nord, la quantité accrue d'eau douce libérée par l'inlandsis du Groenland va par exemple ralentir la circulation méridienne de renversement de l'Atlantique (AMOC), un vaste système de courants océaniques qui amène l'eau chaude des tropiques vers le nord et dont le Gulf Stream fait partie. (Voir illustration ci-dessous). Cette décélération pourrait être d’environ 15 % d’ici à l’horizon 2050 – 2100, avec des conséquences non-négligeables sur la circulation des courants atmosphériques à nos latitudes.

Changements sur la circulation méridienne des courants (AMOC) en cas de fonte des inlandsis [rts.ch]
Changements sur la circulation méridienne de renversement des courants de l'Atlantique (AMOC) en cas de fonte des inlandsis [rts.ch]

Parallèlement, la quantité accrue d'eau douce libérée par l'inlandsis antarctique dans l'hémisphère Sud retiendra les eaux chaudes de l'océan Austral sous la surface de la mer. Or, ces eaux emprisonnées favoriseront la fonte des plateformes de glace flottantes, ce qui entraînera une perte de glace encore plus importante de l'inlandsis de l'Antarctique, avec une fois encore des conséquences sur l’allure générale des courants atmosphériques…

Les études d'Edwards, de Golledge et de leurs équipes respectives mettent ainsi l’accent sur le rôle des inlandsis polaires sur le climat. Les modèles utilisés reposent sur des mécanismes simplifiés – ils sont loin d’être parfaits – mais ils soulignent la nécessité d'explorer les interactions entre les inlandsis et les autres composantes climatiques pour comprendre comment le climat terrestre va évoluer dans les prochaines décennies.

Philippe Jeanneret, avec le magazine Nature

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