Repéré sous la forme d’une onde tropicale sur le Sierra Leone le 20 septembre, Lorenzo est monté en puissance les jours suivants, passant en catégorie 2 sur l’échelle des ouragans de Saffir-Simpson le 26 septembre, puis en catégorie 5 le 28 septembre. Au plus forts des événements, les spécialistes du National Hurricane Center de Miami ont mesuré une pression de 925 hPa en son centre et des vents à près de 260 km/h.
Lorenzo est ainsi devenu l’ouragan le plus puissant jamais observé sur le secteur Nord-est de l’Atlantique, depuis l’avènement des observations satellitaires. Les seuls événements comparables sur cette région du globe sont Gabrielle, classée en catégorie 4 en septembre 1989 et Ophélia, classée en catégorie 3 en octobre 2017.
En passant plus au Nord, Lorenzo a perdu de son intensité entre dimanche et lundi, les vents les plus forts étant estimés à 175 km/h environ. Il devrait même passer en catégorie 1 ou 2 ces prochaines 48 heures, mais les analyses montrent que la zone de vents d’ouragan (119 km/h et plus) qui l’accompagne a pratiquement doublé de surface.
Passage au voisinage des Açores entre mardi et mercredi
Selon les dernières sorties de modèles, le centre du cyclone devrait passer sur l'Ouest de l'Archipel des Açores entre mardi et mercredi. Durant ces journées, les vents pourront encore atteindre les 180 km/h sur les zones les plus exposées, situation que l'on peut qualifier de particulièrement dangereuse. Les cumuls de précipitations pourront par ailleurs être importants.
Des avis d’intempéries ont été émis par les autorités portugaises et par le National Hurricane Center de Miami.
Evolution incertaine au large des côtes européennes
Dès jeudi Lorenzo devrait se trouver au large des côtes européennes. En circulant sur les eaux plus froides de l’Atlantique Nord, le cyclone devrait peu à peu passer au stade de dépression post-tropicale; les vents devraient également perdre de leur intensité. Mais l’évolution reste assez incertaine.
D’un calcul à l’autre, les modèles ont de la peine à s’accorder sur le moment où les vents vont faiblir. La trajectoire du cyclone est par ailleurs difficile à saisir. Hier, le modèle européen (ECMWF) faisait passer les restes de l’ouragan sur le golfe de Gascogne avant de les faire pénétrer sur les terres. Aujourd’hui, ce même modèle mise sur une trajectoire au large de l’Irlande avec des vents qui pourront encore atteindre les 150 km/h. D’où une certaine réserve de la part des spécialistes du NHC mais également des météorologues européens.
Des analogies avec Ophélia
La trajectoire de Lorenzo et l’intensité des vents ne sont pas sans rappeler les événements d’Ophélia en 2017. Cette dernière s’était formée au milieu de l’Atlantique entre le 6 et le 7 octobre, prenant rapidement les caractéristiques d’un cyclone tropical. Classée le 11 octobre en catégorie 1 puis 2 sur l’échelle de Saffir-Simpson, elle avait finalement été classée en catégorie 3 le 14 octobre.
A l’instar de ce qui pourrait se passer avec Lorenzo, Ophélia avait circulé près des Açores avant de remonter au large des côtes européennes. Elle était devenue officiellement une dépression post-tropicale le 16 octobre, à 355 km au Sud-ouest de Mizen Head, en Irlande. Elle s’était accompagnée de rafales à près de 190 km/h en touchant la région la plus méridionale du pays. Après son passage, environ 210 000 foyers et entreprises s'étaient trouvés sans électricité...
Pendant cette même journée, la tempête avait perdu de son intensité et s’était dirigée sur l’Ecosse. Elle avait traversé le lendemain la mer du Nord pour rejoindre l'ouest de la Norvège, donnant des rafales à seulement 70 km/h. Elle avait finalement été absorbée par une autre dépression entre la Finlande et la Russie.
Le cyclone avait eu des répercussions sur de nombreux pays européens. Au Portugal, l’intensification des vents à son passage avait attisé des feux de forêt. Les vents de Sud avaient également eu tendance à se renforcer au-dessus du Sahara, drainant de grandes quantités de sable sur l’Ouest de l’Europe. D’où des teintes de couleur jaune et rouge particulièrement intenses dans le ciel.
Philippe Jeanneret, avec le concours du NHC