Des millions d'hectares ont brûlé sur le territoire australien depuis le début des incendies en septembre, détruisant 2.000 maisons et tuant au moins 26 personnes, ainsi qu’environ un milliard d'animaux. La sécheresse prolongée et de la chaleur extrême ont créé des conditions idéales à la propagation des incendies mais les conditions météorologiques ont également joué un rôle à l’échelle locale, en particulier dans la force et l’orientation des vents.
Dans leur travail de lutte contre les incendies, les pompiers australiens ont constamment travaillé avec les services météo pour définir les zones à risques et élaborer les plans d’action. Tâche particulièrement délicate.
Prévisions météo plus complexes lors d’incendie de grande ampleur
Dans les situations ordinaires les météorologues tiennent compte de paramètres d’état d’atmosphère tels que la pression et la température pour prévoir la force ou l’orientation du vent. L’instabilité présente dans l’atmosphère et l’horographie doivent également être pris en compte. Mais avec des incendies de grande ampleur, l’exercice prend une dimension particulière, dans la mesure où l’avènement de feux génère des sources de chaleur susceptibles de modifier les équilibres de température et de pression.
Selon les cas, la propagation des feux va diminuer ou s’accélérer, on peut parler de rétroaction. La localisation des zones à risques peut également changer. Dans certaines situations, le vent peut par ailleurs attiser les incendies et provoquer la formation de colonnes d’air incandescent. Des tornades de feu peuvent même se former, notamment à proximité des forêts d’eucalyptus qui contiennent des essences inflammables. D’où la nécessité de disposer de prévisions spécialisées.
Collaboration renforcée entre les services météo depuis le mois de septembre
Face à l’ampleur des incendies, le gouvernement australien a demandé officiellement l'aide des États-Unis, l’année passée, conformément à un partenariat signé par les deux pays. Une équipe spécialisée du Service météorologique national (IMET) de la NOAA a ainsi été déployée en novembre pour épauler leurs homologues australiens.
Les membres de l’équipe ont apporté leur expérience dans la lutte contre les feux (la Californie a été régulièrement confrontée au problème ces dernières années). Ces derniers ont également mis à disposition des outils de gestion spécifiques ainsi que des modèles de prévisions dédiés, pour planifier la meilleure façon d'éteindre les incendies et de protéger les contingents de pompiers contre les risques du feu.
Au total, neuf spécialistes seront déployés en Australie jusqu'en mars 2020. Pour rappel, le le pic traditionnel de la saison des feux de forêt en Australie n’est atteint en général qu’au moins de février. D’autres facteurs, comme l’allure générale des courants dans les semaines à venir montrent par ailleurs que les feux devraient se poursuivre.
En Suisse, les services météo collaborent aussi avec les pompiers
« Des feux de forêt se produisent régulièrement en Suisse mais ils n’ont pas la même ampleur » explique Lionel Fontannaz de Météosuisse. « Avec les changements climatiques, les périodes de canicule devraient cependant être plus fréquentes dans les prochaines décennies avec à la clé, un risque accru d’incendies de forêts en période estivale ». Le risque d’incendie de forêts fait l’objet d’informations dédiées sur le site et dangers-naturels.ch.
Météosuisse entretien par ailleurs des contacts réguliers avec les pompiers pour déterminer l’influence des conditions météo lors de feux de forêts ou d’événements de même type. « Les pompiers ont surtout besoin de connaître la force et l’orientation des vents pour déterminer le degré de propagation des feux. Les prévisions de pluies parfois être utile aussi ! » ajoute le météorologue.
Philippe Jeanneret