L'Antarctique est censé être un endroit extrêmement froid. Pendant l’hiver austral, les températures atteignent entre -80°C et -90°C dans les zones situées à l’intérieur du continent. De leur côté, les maximales peuvent atteindre en été entre 5 °C et 15 °C, près des côtes.
Or, selon une équipe de recherche brésilienne, le thermomètre a affiché 20.75°C sur l'île de Seymour, au nord de la péninsule antarctique le 9 février dernier, ce qui constituerait une première. Jamais le seuil des 20°C n’a été dépassé depuis le début des observations.
L’Organisation Météorologique Mondiale a aussitôt émis des réserves. La mesure aurait été effectuée par une sonde-thermomètre située à l’air libre et à un mètre du sol, ce qui n’est pas conforme aux prescriptions en la matière (ndlr les thermomètres doivent être placés à deux mètres du sol).
Une procédure d’homologation est en cours, elle ne devrait pas livrer ses conclusions avant plusieurs semaines.
Fonte des glaces de 20% d’après les images satellite
En attendant les résultats de l’enquête, la Nasa vient de publier des vues d’Eagle Island, à la pointe nord de la péninsule Antarctique, les 4 et 13 février. Elles corroborent l'avènement d'une vague de chaleur intense. Les clichés pris par l'Operational Land Imager du satellite Landsat 8 montrent que pas moins de 20% des glaces ont disparu sur l’île entre ces deux dates, ce qui représente une fonte des neiges d’environ 10 centimètres.
La péninsule Antarctique (pointe nord-ouest proche de l'Amérique du Sud) est l'une des régions les plus sensibles de la planète au réchauffement, avec près de 3°C au cours des 50 dernières années. La quantité de glace perdue chaque année par la calotte glaciaire de l'Antarctique a par ailleurs été multipliée par six au moins entre 1979 et 2017.
Des événements comme ceux de février 2020 sont devenus plus courant ces dernières années, selon la NASA, qui a également noté que la vague de chaleur de l'Antarctique en février était le troisième "événement majeur de fonte" de ces derniers mois
La plus grande partie de la perte de masse provient de la base des plates-formes glaciaires, en raison d’incursions d'eaux océaniques relativement chaudes sur l'ouest de l'Antarctique et, dans une moindre mesure, le long de la péninsule et sur l'est de l'Antarctique.
Selon l’OMM, la vague de chaleur observée pendant ce mois de février s’explique également par l’avènement d’une situation de foehn sur la région.
Philippe Jeanneret, avec les agences