Lorsque les glaciers fondent en Arctique ou en Antarctique, l’eau qui en résulte contribue à l'augmentation du niveau de la mer. Mais avec les glaciers de montagne, l'eau suit la géologie du terrain, ce qui provoque la formation de lacs glaciaires.
Une équipe de l’Université de Calgary (CA), dirigée par Dan H. Shugar a passé en revue 254'795 images satellite, issues du programme Landsat de la Nasa et de Google Earth Engine pour quantifier le nombre de lacs glaciaires à travers le monde mais également pour comprendre dans quelles proportions ces derniers ont augmenté de taille et de volume.
Les chercheurs ont dénombré sur l’ensemble du globe 9'414 lacs glaciaires entre 1990 et 1999 pour une surface totale estimée à 5'930 km et un volume de 105,7 km d'eau. Entre 2015 et 2018, le nombre de lacs glaciaires est passé à 14'394 pour une surface de 8950 km et un volume de 156,5 km.
En moins de trente ans, le nombre de lacs glaciaires a augmenté de 53 %, leur volume de 48 % et leur surface de 51 %.
Les Alpes également concernées par le phénomène
Le nombre, la taille et le volume des lacs glaciaires a également augmenté en Suisse ces dernières décennies. Exemple parmi d’autres, le Triftsee, situé dans l’Oberland bernois. En 1948, le glacier de Trift couvre totalement le fond de vallée. Le cliché de 2002 montre l’ampleur de la fonte des glaces pendant un demi-siècle, laissant apparaître un lac en aval.
Le cliché de 2006 met en évidence la rapidité du processus de formation du Triftsee, dont la surface est plus que doublée.
Impact surtout pour les populations situées en aval
Selon les estimations faites dans le cadre de l’étude, les lacs glaciaires contiennent un volume d'eau qui pourrait faire augmenter le niveau de la mer de 0,43 millimètre. Impact que l'on peut considérer comme relativement faible.
Les abords des lacs glaciaires sont cependant constitués de dépôts de glaces et de sédiments assez instables, susceptibles de s’effondrer. Les inondations qui en résultent – connues sous le nom de débordement glaciaires – représentent un danger pour les populations qui vivent en aval. En mai 2020, une inondation due à un lac glaciaire a par exemple fait une vingtaine de victimes la vallée de Hunza au Pakistan et laissé 250 villageois sans abri.
En Suisse, le lacs glaciaire des Faverges, situé au-dessus de la Lenk (BE) a également fait l’objet d’un suivi particulier au mois d’août dernier, après avoir provoqué une hausse du débit de la Simme.
"C'est un problème pour de nombreuses régions du monde où les gens vivent en aval de ces lacs dangereux, principalement dans les Andes et dans des endroits comme le Bhoutan et le Népal, où ces inondations peuvent être dévastatrices", explique M. Shugar, auteur principal de l’étude. "Heureusement, des organisations comme les Nations unies facilitent la surveillance et le travail de prévention en abaissant le niveau des lacs afin de réduire les risques".
Philippe Jeanneret