Les américains ne sont pas près d’oublier février 2021. Le National Weather Service (NWS), a répertorié entre le 12 et le 17 plus de 3000 records de froids sur l’ensemble du territoire, parmi lesquels 79 records absolus. La neige a également recouvert 73% des étendues continentales du pays, soit le pourcentage le plus élevé depuis 2003.
A l’échelle planétaire le bilan est cependant très différent. Selon la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), la moyenne des températures a présenté un excédent de 0,06 °C en tenant compte des étendues de terre et des océans. Ce qui le place 2021 en 16ème position des mois de février les plus chaud depuis le début des mesures. Pour trouver un mois de février plus froid, il faut remonter à 2014.
On précisera que cette moyenne résulte de températures assez contrastées de part et d’autre du globe (voir illustration ci-dessus) : certaines régions comme les États-Unis ont connu un mois particulièrement froid, d’autres ont été confrontées à une douceur inhabituelle.
La Suisse a par exemple vécu un mois assez doux. Même chose pour nord-est du Canada, le Groenland, l'océan Arctique, le Moyen-Orient, le nord-ouest de l'Afrique, l’Asie centrale et la Chine. Pour la petite histoire, Pékin, a dépassé de 5 °C son record de chaleur pour un mois de février avec une température de 25,6 °C.
La Niña n’a fait baisser les températures que dans une faible mesure
Le mois de février a été en grande partie conditionné par le comportement du vortex polaire sur l’hémisphère Nord (voir explications sur ce lien) mais également par la persistance de conditions de type la Niña sur le Pacifique.
Lors des épisodes précédents, la présence d’eaux relativement froides à la surface du Pacifique central avait tiré la température mondiale vers le bas, à l’instar des évènements de février 2008 et 2011, marqués par une moyenne légèrement inférieure à la norme (voir schéma ci-dessous).
Tel n’a cependant pas été le cas cette année. Certes la Niña a tiré la température mondiale vers le bas, mais au final cette dernière reste légèrement au-dessus de la norme. Le phénomène s’explique par l’ampleur de l’épisode en cours – moins marqué que ceux de 2008 et 2011 – mais également par le réchauffement climatique.
«La Niña a généralement pour effet de refroidir la température à l’échelle mondiale, mais ce refroidissement est plus que compensé par la chaleur piégée dans notre atmosphère par les gaz à effet de serre » expliquait le mois d’octobre passé le secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas. «Les années à Niña sont aujourd’hui même plus chaudes que les années à fort Niño que l’on a connues»
Les événements n’ont pas démenti ses propos…
Philippe Jeanneret