Le réseau mondial actuel de mesures de gaz à effet de serre recueille des données sur la distribution atmosphérique et sur les tendances des trois principaux moteurs à long terme du changement climatique : le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) et l'oxyde nitreux (N2O), ainsi que le monoxyde de carbone (CO) qui est un indicateur important de la pollution atmosphérique.
Ces mesures sont effectuées par des observatoires au sol, ou encore par des radiosondages. Depuis 1992, la NOAA a également passé des contrats avec des pilotes privés pour prélever des échantillons d'air à différentes altitudes. Mais comme le montre l’illustration ci-dessous, elles ne donnent qu’une vision partielle de l’état de l’atmosphère. D’où l’intérêt de l’aviation civile qui effectue déjà des mesures météorologiques et qui dispose de l’infrastructure nécessaire à ce genre de mission.
Collaboration entre Boeing et la NOAA pour la mise au point de systèmes de mesures
Boeing a lancé il y a quelques années un programme d’innovations technologiques. Nommé «Ecodemonstrator», ce dernier a pour but d’améliorer le confort et la sécurité des passagers ou encore de réduire la consommation de carburant, le bruit et les émissions de gaz à effet de serre. Domaine dans lequel la firme s’est associée avec la National Oceanic and Atmospheric Administration.
Au cours des prochaines semaines, des scientifiques du NOAA devraient ainsi superviser l'installation de trois configurations d'entrée d'air différentes d’un Boeing 737 de la compagnie Alaska Airlines, pour l’exploitation d’un système de mesure de CO2 en vol. A terme, ce dernier devrait équiper les nouveaux aéronefs et permettre de multiplier le nombre de mesures.
« Le programme Ecodemonstrator de Boeing offre à la NOAA une occasion unique de tester un système d'échantillonnage des gaz à effet de serre sur un avion de ligne civil », a déclaré Colm Sweeney, principal responsable du programme de mesures par aéronefs du Laboratoire mondial de surveillance de la NOAA.
« La normalisation de l'emplacement et de l'installation des instruments de surveillance des gaz à effet de serre à bord des avions commerciaux sera une étape importante dans l'expansion de notre réseau de mesures, afin de fournir des données aux scientifiques et aux décideurs intéressés à comprendre les émissions de gaz à effet de serre qui sont à l'origine du changement climatique », a-t-il ajouté.
Certes, l’association de la NOAA et de l’aviation civile, grande contributrice aux émissions de gaz à effet de serre, est assez surprenante. Mais grâce à cette dernière, la mise en place d’un réseau de mesures de CO2 à l’échelle planétaire deviendra une réalité dans quelques années.
Le monde n’est pas à un paradoxe près…
Philippe Jeanneret