La banquise arctique a régressé de manière extrêmement rapide en juillet, atteignant pour ce mois des niveaux inférieurs à ceux de 2012, année pourtant record en termes de fonte. Mais le processus s’est ralenti les semaines suivantes, permettant à la banquise d’atteindre une extension minimale de 4,72 millions de kilomètres carrés, le 16 septembre dernier (voir illustration ci-dessous). Un changement de tendance qui s’explique en grande partie par présence de conditions dépressionnaires sur l’arctique pendant le mois d’août, associées à une importante couverture nuageuse.
L’extension de la banquise n’a ainsi pas été aussi faible que les années précédentes, elle se situe même en douzième position au classement des extension les plus basses depuis le début des mesures satellitaires, en 1979 (voir tableau ci-dessous). Pour trouver des valeurs plus élevées, il faut remonter à 2014.
On notera en passant que le moment où la banquise atteint son extension minimale est assez variable d’une année à l’autre, oscillant entre le 9 septembre, en 2015, et le 23 septembre, en 2018.
L’étendue de glace pluriannuelle et l’épaisseur de la banquise restent à des niveaux très bas
Si l’extension de la banquise au mois de septembre a été plus importante que les années précédentes, les autres indicateurs montrent une réalité différente :
La quantité de glace pluriannuelle - ou glace qui a déjà survécu à au moins une saison de fonte - est à l’un de ses niveaux les plus bas depuis le début des mesures (voir illustration ci-dessous).
La perte continue de cette catégorie de glace est préoccupante : elle empêche la banquise de récupérer son étendue d’une année à l’autre, même lorsque les conditions météo sont propices à la conservation de la glace de mer.
L’épaisseur moyenne de la banquise en 2021 est également l’une des plus faible jamais observée. Estimée entre 2m et 2,5m dans les années 80, cette dernière n’atteint plus qu’un mètre en septembre de cette année (voir illustration ci-dessous).
Ces indicateurs confirment le déclin de banquise, observé depuis la fin du XXème siècle. Selon le National Snow and Ice Data Center (NSIDC) la tendance globale à la baisse de l'étendue minimale de la banquise est ainsi de 13,0 % par décennie, par rapport à la moyenne de 1981 à 2010. La perte de glace de mer est ainsi d'environ 80 600 kilomètres carrés par an, ce qui équivaut à peu près à deux fois la taille de la Suisse.
Philippe Jeanneret, avec le NSIDC