La distance parcourue par un éclair lors d’un nuage d’orage ordinaire varie généralement entre une centaine de mètres et une vingtaine de kilomètres. Mais en présence d’orages super cellulaires de forte intensité, étalés de sur de vastes zones, les éclairs peuvent s’étendre à l’horizontale sur des distances bien plus importantes.
Le 29 avril 2020, un éclair a ainsi couvert une distance horizontale de 768 ± 8 km (477,2 ± 5 miles) au-dessus du sud des États-Unis, soit la plus grande longueur jamais enregistrée pour un seul éclair. Elle équivaut à la distance entre Lausanne et Bordeaux. Les images de l’événement ont été publiées par la National Oceanographic and Atmospheric Administration (NOAA) sur You Tube (voir ci-dessous).
Autre record, cette fois sur la durée d’un événement, un éclair de 17,102 ± 0,002 seconde a été observé le 18 juin 2020, au cours d’un orage au-dessus de l’Uruguay et du nord de l’Argentine.
Le nouveau record de distance est supérieur de 60 kilomètres au précédent, détenu par un méga éclair de 709 ± 8 km (440,6 ± 5 miles) observé dans le sud du Brésil le 31 octobre 2018. Attribué à un éclair observé au nord de l’Argentine le 4 mars 2019, le précédent record de durée s’élevait à 16,73 secondes, soit 0,37 seconde de moins que le nouveau record. Ces conclusions ont été publiées dans le Bulletin of de American Meteorological Society.
Homologation du record possible grâce aux observations satellite
Jusqu’au début du XIXème siècle, les évaluations permettant d’établir les records de durée et de longueur des éclairs étaient fondées sur les données des réseaux de cartographie des éclairs basés au sol. Ces derniers ne pouvant mesurer les éclairs au-delà de certaines limites, l'observation d'événements de grande ampleur était relativement difficile. Lacune comblée aujourd'hui grâce aux progrès réalisés dans la cartographie des éclairs depuis l’espace.
Parmi ces progrès figurent les instruments géostationnaires de cartographie de la foudre (GLM), embarqués à bord des satellites GOES-16 et 17, ceux-là mêmes qui ont enregistré les nouveaux records, et les instruments équivalents placés en orbite par l’Europe (l’imageur d’éclairs des satellites Meteosat troisième génération (MTG)) et par la Chine (l’imageur de cartographie de la foudre des satellites FY-4).
"Ce sont là des records extraordinaires pour des éclairs pris isolément. Les extrêmes environnementaux donnent la mesure de la puissance de la nature, ainsi que des progrès scientifiques qui permettent d’en rendre compte", déclare le Professeur Randall Cerveny, Rapporteur de l’OMM pour les extrêmes météorologiques et climatiques. "Des valeurs encore plus extrêmes existent probablement et nous pourrons sans doute les observer lorsque les techniques de détection des éclairs seront encore plus pointues".
Philippe Jeanneret, avec le concours de l'OMM