Au moins six personnes ont péri dans des inondations provoquées par des pluies diluviennes dans la région du Queensland sur l'est de l'Australie, la semaine passée. Dans certaines régions, plus de 300 mm de précipitations ont été mesurés en 24 heures, de nombreuses routes ont été submergées, des bâtiments ont également été endommagés. Le maire de Brisbane a décrit les événements comme une "bombe d'averses au-dessus du sud-est du Queensland".
Cette situation de fortes pluies s’explique par la formation chronique de creux dépressionnaires sur le Nord de l’Australie depuis le début de l'année mais également par la présence d’eaux plus chaudes que la normale à la surface du Pacifique, qui amènent de fortes quantités d’humidité dans l’atmosphère, par évaporation.
La présence d’eaux plus chaudes que la normale est étroitement lié à l’épisode de la Niña, qui a démarré sur le Pacifique l’automne passé. Qualifié de faible à modéré, ce dernier est en train de perdre de son intensité mais il produira encore ses effets ces prochaines semaines. Selon le Climate Prediction Center américain, les conditions pourraient bien revenir à la normale entre mai et juillet 2022.
Nouveaux épisodes de fortes pluies attendus en Australie
Fors de ce constat, le Bureau of Meteorology australien prévoit un automne plus humide que la normale sur le Centre et l’Est du pays. Les températures pourront par ailleurs être supérieures à la normale sur nombre de régions côtières.
D’autres régions du monde pourront également être impactées. La sécheresse devrait se ainsi maintenir sur le Sud-ouest des États-Unis, sur une partie de l’Argentine et du Sud du Brésil ou encore sur le Sud de l’Afrique. De leur côté, les précipitations devraient être au-dessus de la norme entre la Colombie et le Nord-est du Brésil mais également en Amérique centrale et en Inde (voir ci-dessous).
Situation atypique au regard des épisodes précédents
Malgré les événements de ce début d'année, une étude parue dans Advances in Atmospheric Sciences révèle que l’océan est aujourd’hui plus chaud qu’il ne l’a jamais été dans l’histoire récente. Deux épisodes consécutifs de la Niña (traditionnellement synonymes de temps plus froid à l'échelle mondiale) n'ont pas empêché 2021 d'être une des sept années les plus chaudes depuis le début des mesures, selon l’Organisation Météorologique Mondiale.
Environnement Canada prévoit par ailleurs des températures proches de la norme pour la majeure partie du Canada pour le mois à venir, alors que La Niña devrait normalement entraîner des températures en-dessous de la moyenne.
A cette liste d'évènements, s’ajoutent les épisodes de fortes chaleurs en Amérique du Sud en début d'année (voir le blog du 31 janvier). Lesquels ont également surpris les spécialistes.
A noter que l’Ouest de l’Europe a connu un hiver relativement doux par rapport à la norme, nos régions ne font pas exception, Météosuisse a publié plusieurs blogs à ce sujet ces derniers jours. Mais le lien avec la Niña est difficile à établir. Cet aspect tient à l’éloignement de l’Europe par rapport aux zones du Pacifique où le phénomène se produit et au fait que d’autres facteurs comme le comportement du vortex polaire ou l’oscillation Nord-Atlantique jouent également un rôle.
Philippe Jeanneret