Un alizé relativement faible et une forte mousson africaine devraient être favorables à la formation des cyclones entre les côtes du Sénégal et le Cap Vert, cette année. Le nombre et l'intensité des tempêtes tropicales est en effet conditionné par les ondes d'Est (creux barométriques associés à des orages) qui se forment en été sur les reliefs du Kenya et qui se déplacent ensuite vers l'Ouest, le long de la zone de convergence intertropicale.
Selon les spécialistes de la NOAA, la mousson africaine devrait être plus forte cette année, ce qui devrait s'accompagner d'ondes d'Est plus intenses et plus nombreuses.
La présence d’eaux chaudes à la surface de l’Atlantique équatorial (26 à 27°C jusqu’à une profondeur de 60 à 100 m) jouera également un rôle. Contrairement aux dépressions des latitudes moyennes qui puisent leur énergie dans les contrastes de températures à proximité des fronts polaires, les systèmes tropicaux ont besoin de chaleur et d'humidité pour se régénérer.
Comme le montre les mesures ci-dessus, les températures atteignent en ce moment les 26 à 28 degrés à la surface de l'Atlantique équatorial, avec par endroits des anomalies chaudes de l'ordre de 1 à 2 degrés, ce qui sera assez favorable à la formation et au maintien des tempêtes tropicales et des ouragans.
Autre facteur non-négligeable, la Niña: selon les dernières prévisions du Climate Prediction Center américain, cette dernière devrait perdre de son intensité cet automne mais elle influencera encore la position et la force des courants d'altitude au-dessus de l'Atlantique équatorial.
A l'image de à l'image de ce qui s'est passé l'année dernière, elle ne favorisera pas les phénomènes de cisaillement en alititude (changements de force et de direction du vent) qui freinent la circulation des courants à l'intérieur des ouragans.
Entre 6 et 10 ouragans cette année, dont 3 à 6 sous forme majeure.
Dans un communiqué paru la semaine passée, la NOAA prévoit entre 14 et 21 tempêtes tropicales cette année (vents entre 63 et 118 km/h). 6 à 10 d’entre-elles pourront évoluer sous la forme d’ouragans (plus de 118 km/h), dont 3 à 6 sous forme majeure (plus de 178 km/h), c’est-à-dire de catégorie 3, 4 ou 5 sur l’échelle de Saffir-Simpson.
Les chiffres sont assez élevés, on est cependant assez loin des 30 tempêtes tropicales ou ouragans répertoriés pendant la saison 2020. A noter que les autres grands centres de prévision, comme celui du consortium sur les risques de tempête tropicale (TSR) du University College de Londres ou celui l’Université du Colorado (CSU) misent également sur une activité supérieure à la normale.
Pour rappel, une saison d'ouragans moyenne produit 12 tempêtes nommées, dont 6 deviennent des ouragans, 3 d’entre eux prenant la forme d’ouragans majeurs.
Reprise de la liste des noms de 2016
La liste pour nommer les tempêtes et les ouragans sera la même cette année que celle de la saison cyclonique 2016, à ceci près que Martin et Owen remplaceront Matthew et Otto, qui ont été retirés à cause de leurs impacts (voir ci-dessous).
Dans l’hypothèse où la liste serait épuisée, une nouvelle sera créée. La procédure a été adoptée par le comité sur les ouragans de l’Organisation Météorologique Mondiale en 2021, suite aux événements de 2020, où les météorologues avaient utilisé des noms provenant de l’alphabet grec pour nommer les dernières tempêtes de la saison.
Officiellement, la saison des ouragans commence le 1er juin. Elle se termine le 30 novembre.
Philippe Jeanneret, avec le concours de la National Oceanic and Atmospheric administration