La Suisse a connu son deuxième été le plus chaud depuis le début des mesures, avec un dépassement de 2,3°C par rapport à la norme. Seul 2003 a connu des valeurs plus élevées, avec un écart à la norme de 3°C.
Mais avec un déficit moyen de 28% par rapport à la norme, 2022 n’arrive que très loin dans le classement des étés les plus secs depuis le début des mesures (voir ci-dessous). 1962, 1949 et 1983 occupent les trois premières places avec des déficits compris entre 38% et 50%.
On notera en passant que les chiffres sont assez contrastés d'une région à l'autre: l’été 2022 arrive en 5 position à Genève, alors qu’il n’atteint pas la 10 position à Sion ou encore à Neuchâtel.
La sécheresse a commencé bien avant l'été
Malgré les chiffres de l’été, la sécheresse a pris une ampleur particulière cette année. D’où l’intérêt d’étendre l’analyse à des périodes plus longues:
Les statistiques sur les 6 derniers mois ne sont pas disponibles sous la forme présentée plus haut mais Météosuisse dispose des « outlooks saisonnier » qui décrivent, par station, l’évolution des pluies par rapport à la norme et ce qui est prévu pour le reste de l’année.
Les graphiques ci-dessous montrent en gris l’évolution des cumuls de pluies, en prenant comme référence la période 1991-2020. Le trait fin représente la moyenne, les zones gris foncé les quantiles 16-84%, soit les écarts moyens. Les zones gris clair montrent de leur côté les quantiles 2,5-97,5%, soit les situations les plus extrêmes. Les observations faites en 2022 sont représentées par le trait orange.
Les prévisions jusqu’à la fin de l’année sont établies sur la base des dernières sorties de modèles et de ce qui est habituellement observé. Le tout est comparé avec les cinq années les plus sèches et les cinq années les plus humides (sur la colonne de droite).
Pour Genève (ci-dessus), le début de l’année a été marqué par un déficit hydrique assez important et le manque de précipitations s’est accentué en été à tel point que les mesures se situent au-delà des extrêmes, ce qui permet enfin de comprendre enfin l’ampleur de la sécheresse.
Sur la base de ce qui est prévu d’ici à la fin de l’année, les quantités de précipitations devraient cependant être supérieures à 1921, année la plus sèche depuis le début des mesures. Il n’est pas impossible que 2022 arrive en deuxième ou en troisième position du hit-parade des années les plus sèches. Mais il est vrai que les scénarios montrent un large éventail de possibilités, certains d’entre-eux montrant des cumuls proches de la norme sur l’ensemble de l’année.
Pour Sion (ci-dessous à gauche), le déficit hydrique - présent au début de l'année - s’est également accentué pendant l’été, dépassant les valeurs extrêmes de la période 1991-2020. A l’instar de Genève, le record de 1921 ne devrait pas être battu. Selon les scénarios les plus pessimistes, 2022 pourrait arriver en cinquième position des années les plus sèches. A l’inverse, les scénarios les plus optimistes montrent que les quantités pourraient être supérieures à la norme.
Enfin pour Neuchâtel (ci-dessus à droite), le constat est différent : des déficits prennent une ampleur particulière en été mais, contrairement à Genève et à Sion, ils ne dépassent pas les extrêmes de la période 1991-2020. Sur l’ensemble de l’année, les scénarios montrent encore un large éventail de possibilités : dans certains cas 2022 pourrait être une des deux ou trois années les plus sèches, dans d’autres les cumuls pourraient être proches de la norme.
Ces trois exemples montrent l’importance des événements du début de l’année, notamment du printemps et la manière dont ces derniers ont conditionné la sécheresse pendant les mois d’été.
L’expression « pluie d’avril remplit les barils » trouve ici toute sa signification...
Philippe Jeanneret, avec le concours de Marianne Hager-Salamin de Météosuisse