Le phénomène ne se produit pas obligatoirement chaque année mais il arrive souvent que la période de Noël se caractérise par une montée des températures. Dans la plupart des cas, on enregistre des pointes de 13 à 15 degrés en plaine, parfois des 20 à 22 degrés.
Ces situations coïncident généralement avec la présence du foehn dans les Alpes, associé à un anticyclone qui se renforce à l’Est de la Suisse. Elles peuvent persister plusieurs jours d’affilée, les températures les plus élevées étant enregistrées dans les vallées alpines.
À l’image des événements de cette année, un redoux peut également se produire lorsque les courants d’Ouest se renforcent sur l’Atlantique en association avec un puissant jet-stream. Le phénomène prend une ampleur particulière lorsque les trains de dépressions circulent entre le golfe de Gascogne et la Baltique avec une dominante de vents orientés au Sud-ouest.
Autre facteur favorable à la hausse des températures, le fait qu’une dépression puisse prendre une forme assez pointue avec une forte extension du Nord au Sud, ce qui permet à de l’air subtropical ou à de l’air méditerranéen de remonter jusqu’aux Alpes.
Noël au balcon, Nouvel-An au tison ?
Au vu des dernières sorties de modèles, le redoux ne devrait pas prendre une ampleur exceptionnelle cette année mais lundi et mardi les températures pourront atteindre les 11°C à 12°C sur le Plateau et dans la vallée du Rhône. Les valeurs les plus élevées sont attendues à Delémont, à Genève ou encore à Bâle avec 14°C.
La douceur devrait également s’installer en altitude. Les thermomètres pourront afficher jusqu’à 11 degrés à la Chaux-de-fonds ou encore 8°C à Crans-Montana. De son côté, l’isotherme du 0°C devrait remonter jusque vers 3000m.
Dès mercredi, les courants d’Ouest devraient nous amener un temps plus humide en toutes régions. Malgré une légère baisse, les températures resteront relativement douces pour un mois de décembre, avec 10°C à 13°C en plaine et 8°C à 10°C vers 1000m. La limite des chutes de neige pourra même remonter jusque vers 2100m.
Pour les derniers jours de l’an, l’évolution est encore incertaine mais les dernières sorties du Centre Européen de Prévisions Météorologique à Moyen Terme misent sur la formation d’une crête anticyclonique sur les îles britanniques, synonyme de courant de Nord-est et de retour du froid.
Le météogramme établi pour Fribourg, qui couvre la période du 19 au 29 décembre, montre bien les hésitations des modèles à partir du 27 mais la tendance baissière l’emporte dans la plupart des cas. "La baisse des températures semble assez probable" explique Mikhaël Schwander, de Météosuisse "l'ampleur du phénomène reste cependant à déterminer".
Redoux parfois catastrophique pour le manteau neigeux
De pareilles poussées de chaleur n’ont généralement pas de conséquences particulières pour le manteau neigeux. Mais elles sont parfois redoutables, à l’image des événements de décembre 1989, marqué par une situation de foehn assez persistante.
Pendant la deuxième décade de décembre, les températures passent régulièrement la barre des 20 degrés dans la vallée du Rhône ; il fait jusqu’à 18 degrés à Genève, ce qui est assez rare. De leur côté, les précipitations circulent régulièrement sur les Alpes avec une limite des chutes de neige comprise entre 2000m et 2500m. Dans la plupart des stations de moyenne altitude, la pratique des sports d’hiver devient impossible.
Coup de théâtre le 23 décembre, les courants perturbés laissent place à un anticyclone continental, vissé depuis le début du mois sur l’Est de l’Europe: le soleil revient en montagne, il est même assez généreux, tandis que les stratus s’installent sur le Plateau et autour du Léman. La neige brille par son absence jusqu’à environ 2000m, c’est le début d’une longue période de temps sec qui dure jusqu’au 18 janvier.
L'un des hivers les moins enneigés du XXème siècle avec 1964…
Philippe Jeanneret