Des millions d’électeurs en Inde se sont rendus dans les bureaux de vote sous une chaleur suffocante ces deux dernières semaines. D'où une baisse de participation au scrutin de près de 4 points, selon les médias locaux. Depuis le milieu du mois, les températures dépassent régulièrement les 40 degrés. La situation est en rapport avec El Niño.
Les deux premières étapes des élections générales en Inde, qui en comptent sept, se sont déroulée sous des températures caniculaires. Des valeurs de plus de 5 degrés celsius au-dessus de la moyenne saisonnière ont été mesurées dans plusieurs Etats, comme ceux du Karnataka (Sud) du Bihar (Nord) et certaines parties de l’Uttar Pradesh (Nord), le plus peuplé de l’Inde et cœur de la foi hindoue. Au plus fort des évènements, les services météo indiens ont relevé 46°C à Bharagora, dans le Jharkhand (Nord).
Dans l’Etat du Maharashtra (Ouest) le ministre des routes, Nitin Gadkari, a fait un malaise mercredi passé, alors qu’il appelait à voter pour le parti nationaliste hindou Bharatiya Janata (BJP). Selon des images vidéo, le membre du gouvernement s’est effondré, inconscient, et a ensuite imputé l’incident à la chaleur.
Selon les services météo indiens, la vague de chaleur devrait encore sévir dans de nombreuses régions ces prochains jours. Les températures pourront avoisiner les 40 degrés, notamment sur l’Est et le Nord-est du pays. Comme le montrent les prévisions du Centre Européen (ci-dessous), la capitale New Dehli ne devrait pas faire exception.
Taux de participation au scrutin à la baisse
Le taux de participation lors de la première étape du scrutin a chuté de près de quatre points, à 66 %, par rapport à l’élection de 2019.
Dans un communiqué publié la semaine passée, la commission électorale indienne a expliqué qu’elle n’avait « aucune inquiétude majeure » quant aux conséquences des températures élevées sur le vote. Elle a également assuré surveiller de près les rapports météorologiques et veiller au « confort et au bien-être des électeurs et du personnel électoral ». Mais pour la presse indienne, ce recul est imputable à la vague de chaleur.
La participation au scrutin préoccupe beaucoup les candidats, à l’image du principal chef de l’opposition indienne, Rahul Gandhi, du Parti du Congrès, qui a exhorté la semaine passée les citoyens « à devenir des soldats de la Constitution, à sortir de chez soi et à voter pour protéger la démocratie », sur le réseau X.
Pour rappel, 968 millions d’Indiens sont appelés à élire ces prochaines semaines les 543 membres de la Chambre basse, soit plus que la population totale des Etats-Unis, de l’Union européenne et de la Russie réunis. Le résultat du vote devrait être connu le 4 juin.
Vague de chaleur en relation avec El Niño
Avril, mai et juin sont généralement des mois chauds en Inde, ainsi que dans nombre de pays de l’Asie du Sud-est, mais la situation a pris une tournure particulière ce printemps suite à l’avènement de l’épisode de type El Niño entre juillet et août de l’année passée.
L’avènement d’épisodes de ce type s’accompagne en effet d’une mousson déficitaire en Inde, ce qui se traduit par une baisse du régime des pluies de 10% à 15 % en moyenne, par rapport à la normale.
Les régions touchées sont en général le sud du Maharashtra, le nord du Karnataka, l'Andhra Pradesh, l'Orissa, le Gujarat et le Rajasthan. Certaines d'entre elles ont par le passé été le théâtre de fortes sécheresses et de grandes famines.
Ces faibles taux d’humidité dans l’air et au niveau des sols impactent également les températures. Lesquelles dépassent la norme de 4 à 5 degrés en moyenne.
Philippe Jeanneret, avec les agences