Le début de l’automne est la période de l’année où le trou de l’ozone atteint traditionnellement son étendue maximale. Le 28 septembre, ce dernier a été estimé à 22,4 millions de km2, soit la 7ème valeur la plus basse depuis 1992, date à laquelle le Protocole de Montréal a commencé à produire ses effets. Sur l’ensemble de la période, la taille du trou était d’environ 20 millions de km2.
Selon les scientifiques, ces améliorations sont dues à la baisse des quantités de chlorofluorocarbures présentes dans l’atmosphère, dont l’usage a été réglementé par le Protocole de Montréal en 1987. Un apport inattendu d'ozone, transporté par les courants d’altitude vers le Nord de l'Antarctique, a également joué un rôle.
« Le trou antarctique de 2024 est plus petit que les trous d'ozone observés au début des années 2000 », déclare Paul Newman, chef de l'équipe de recherche sur l'ozone de la NASA et scientifique en chef pour les sciences de la Terre au Goddard Space Flight Center de la NASA à Greenbelt, dans le Maryland. « L'amélioration progressive que nous avons constatée au cours des deux dernières décennies montre que les efforts internationaux pour réduire la présence de CFC portent leurs fruits ».
La déplétion du trou d’ozone résulte en grande partie des émissions de produits chimiques tels que les CFC, ou chlorofluorocarbures, utilisés autrefois dans les équipements de réfrigération et d’isolation. Grâce la signature du protocole de Montréal en 1987, leur emploi a été fortement limité, ce qui a eu un impact positif à partir des années 90.
Un trou d’ozone assez fluctuant d'une année à l'autre
La diminution des émissions de CFC impacte de manière non-négligeable l'étendue du trou d'ozone depuis la fin du XXème siècle mais ce dernier reste assez fluctuant d'une année à l'autre. Le phénomène s'explique en grande partie des facteurs naturel, comme le comportement des nuages stratosphériques polaires ou la circulation générale des courants :
L’hiver austral se caractérise en effet par des températures particulièrement basses au-dessus du Pôle-Sud, ce qui est favorable à la formation de nuages stratosphériques polaires. Cette nébulosité d'un genre particulier se développe au terme d'un processus complexe, lorsque la température de la stratosphère atteint le seuil des -78 degrés. Mécanisme conditionné par la présence d’une circulation fermée en altitude, appelée « vortex polaire ».
Tant que se maintient l'obscurité hivernale des pôles, la présence des nuages est inoffensive. Mais lorsque le soleil revient, la combinaison de la lumière et des gaz qu'ils contiennent, libère des composés chlorés et bromés nuisibles pour l'ozone, ce qui engage un processus de déperdition. Lequel varie d’une année à l’autre, avec parfois des écarts assez importants. La circulation des courants dans la haute atmosphère contribue également à ces fluctuations.
Le trou d’ozone en chiffres
Pour mesurer les concentrations d’ozone au-dessus de l’Antarctique, les scientifiques de la NOAA et de la NASA effectuent régulièrement des mesures grâce à l’usage de ballons météorologiques.
Les mesures s’appuient sur l’unité Dobson (DU) qui quantifie la quantité totale d'ozone dans la colonne d'air de la surface au bord de l'espace. Une unité de Dobson est égale à une couche d'ozone pur de 0,01 millimètre à un niveau de température et de pressions standards.
La concentration de 2024 a ainsi atteint un minimum de 109 unités Dobson le 5 octobre. A titre de comparaison, la valeur la plus basse jamais enregistrée sur le pôle Sud était de 92 unités Dobson en octobre 2006. Les mesures effectuées avant la formation du trou d’ozone étaient de l’ordre de 225 unités.
"Pour 2024, nous pouvons voir que la gravité du trou d'ozone est inférieure à la moyenne par rapport aux autres années des trois dernières décennies, mais la couche d'ozone est encore loin d'être complètement guérie", a déclaré de son côté Stephen Montzka, scientifique principal au Global Monitoring Laboratory de la NOAA.
Les scientifiques s'attendent à ce que l'ozone atmosphérique revienne à des valeurs standard vers 2066, soit dans une quarantaine d’années.
Philippe Jeanneret, avec le concours de la NOAA