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Les records ne sont pas atteints mais la zone morte du golfe du Mexique sera plus étendue cet été

Mesures de la qualité des eaux sur le Mississipi par des auxiliaires de l'US Geological Survey (USGS) [NOAA - USGS Lower Mississippi Gulf Water Science Center]
Mesures de la qualité des eaux sur le Mississipi par des auxiliaires de l'US Geological Survey (USGS) - [NOAA - USGS Lower Mississippi Gulf Water Science Center]
L’US Geological Survey (USGS), qui dépend de la National Ocean and Atmospheric Administration (NOAA), prévoit une « zone morte » supérieure à la moyenne cet été dans le golfe du Mexique. Sa surface devrait couvrir 9378 km2, soit l’équivalent des cantons du Jura, du Valais et de Vaud réunis. La zone morte, ou zone hypoxique, est une zone à faible teneur en oxygène qui peut tuer les poissons et autres espèces marines. Explications.

La zone morte du golfe du Mexique se forme chaque été. Elle résulte de l’apport massif de nutriments, essentiellement des nitrates et des phosphates, provenant en grande partie des eaux usées et du lessivage des surfaces agricoles dans le golfe du Mexique via le fleuve Mississippi et ses affluents.

Une fois dans le golfe, ces nutriments contribuent à la croissance des végétaux, ce qui engendre une prolifération massive d’algues qualifiée d’efflorescence algale. Ces algues finissent par mourir et se décomposer, épuisant l’oxygène du milieu. Ce qui entraîne l’appauvrissement puis la mort de l’écosystème aquatique par asphyxie.

Extension de la zone hypoxique sur le golfe du Mexique en 2023 [NOAA/Wikipedia - Yinan Chen]
Extension de la zone hypoxique sur le golfe du Mexique en 2023 [NOAA/Wikipedia - Yinan Chen]

Ce phénomène d’eutrophisation touche, à des degrés divers, de nombreux plans d’eau à travers le globe. La surface moyenne de la zone morte du golfe du Mexique est de 8376 km. Le chiffre se base sur une période d’enregistrement de 37 ans.

L’US Geological Survey (USGS) exploite plus de 3000 stations de mesures sur le Mississipi et ses bassins de bassins versants afin de fournir des informations sur le débit et la qualité de l’eau.

Avec le concours d’équipes de chercheurs des Université du Michigan, de la Caroline de Nord, de Louisiane, de Dalhousie et de l’institut des sciences marines de Virginie et du Maryland, elle publie depuis 7 ans des prévisions sur la qualité des eaux du golfe du Mexique.

La prévision s’appuie en grande partie sur le débit du Mississipi au mois de mai et à la charge de nutriments qui lui est associée, afin d’évaluer l’ampleur de la zone hypoxique en été.

Le Mississipi et ses affluents [NOAA/Wikipedia - Cindy]
Le Mississipi et ses affluents [NOAA/Wikipedia - Cindy]

Les résultats récents des modèles de l’USGS montrent que les surfaces agricoles constituent les plus grandes sources de nutriments dans le Golfe, et qu’une grande partie de ces nutriments provient du Midwest (essentiellement de l’Illinois, de l’Iowa et de l’Indiana) ainsi que des zones situées le long du Mississippi. Les zones urbaines, via les eaux usées qu’elles génèrent, constituent également des sources importantes de pollution.

Jusqu’au début des années 90, l’extension de la zone morte du golfe du Mexique était inférieure à 4000 miles carré (mi2), soit 6437 km2. Mais en 1993, cette surface est passée à 6800 mi2 environ, soit 10943 km2. Elle a atteint son maximum en 2017 avec une surface légèrement inférieure à 9000 mi2, ce qui équivaut à 14'484 km2.

Fluctuations de la zone hypoxique de 1985 à 2023 [NOAA/Wikipedia - Chad Teer]
Fluctuations de la zone hypoxique de 1985 à 2023 [NOAA/Wikipedia - Chad Teer]

L’extension de la zone morte a passablement fluctué ces deux dernières décennies. Le phénomène s’explique en grande partie par les variations de débit du Mississipi et de ses affluents mais d’autres facteurs jouent également un rôle :

« Une étude récente montre que dans la rivière Illinois - un affluent majeur du fleuve Mississippi - les algues se développent initialement dans le cours supérieur du fleuve et sont ensuite transportées en aval, provoquant potentiellement des toxines d'algues et une diminution de l'oxygène dissous dans le cours inférieur du fleuve », explique Joshua Joseph, directeur associé par intérim de l'USGS pour les ressources en eau.

Cette prévision annuelle est un indicateur clé pour sensibiliser les collectivités.  L’USGS s'est fixé pour objectif de réduire la zone morte à 1 900 milles carrés d'ici 2035.

Philippe Jeanneret avec le concours de la NOAA

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