Les ouragans ou les tempêtes tropicales font de nombreuses victimes chaque année . Selon les décomptes officiels de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), chaque évènement fait en moyenne 24 victimes aux États-Unis. Chiffre que l’on peut ramener à 22 si l’on fait abstraction de l’ouragan Katrina qui a causé environ 1836 décès en 2005.
Mais le passage d’un ouragan ou d’un cyclone tropical déclenche également des cascades complexes d'événements, comme la dégradation des conditions d’hygiène, l’accès réduit aux services de base, notamment dans le domaine de la santé ou la précarisation. Lesquels jouent également un rôle sur la mortalité à moyen et à long terme.
Selon une équipe de chercheurs californiens, le nombre de victimes indirectes par évènement pourrait ainsi être entre 300 et 480 fois supérieur au nombre de victimes directes, oscillant entre 7’170 et 11’43O. Leur étude a été publiée la semaine passée dans la revue Nature.
Pour parvenir à ce résultat, l’équipe a recensé tous les évènements cycloniques majeurs survenus sur le territoire des États-Unis entre 1930 et 2015, en s’appuyant sur les valeurs de vent données par le Limited Information Cyclone Reconstruction and Integration for Climate and Economics (LICRICE). Elle les a comparés ensuite à ceux de la mortalité dans les différents États, toutes causes confondues.
Les analyses ont mis en évidence une surmortalité systématiquement plus forte après le passage d’un ouragan ou d’une tempête tropicale et ce pendant 172 mois en moyenne, soit pendant un peu plus de 14 ans. Elles ont également montré que la surmortalité était plus importante sur les zones qui n’étaient pas habituées à ce type d’évènement.
Dans les catégories d’âge, les nourrissons représentent la plus forte population à risques, avec un ratio 2 à 20 fois plus élevé que dans les autres catégories. A noter que dans le 99% des cas, les décès surviennent plus de 21 mois après le passage d’un ouragan ou d’une tempête tropicale, ce qui conforte l’idée selon laquelle la plupart des décès, dans cette catégorie, ne surviennent pas par l’exposition directe à un évènement mais bien par un enchaînement de circonstances indirectes.
Les plus de 65 ans arrivent en deuxième position des personnes à risques. En raison du nombre élevé d’individus dans cette tranche d’âge, cette catégorie enregistre dans l'absolu le plus grand nombre de décès excédentaires, soit 46% des cas recensés, contre 32% pour les moins de 44 ans, 14 % pour les nourrissons et 8% pour les 45 à 64 ans.
Les chercheurs ont par ailleurs constaté que lorsque les populations noires et blanches sont exposées à un même événement, les personnes noires connaissent un risque de surmortalité environ trois fois plus élevé que les personnes blanches. Étant cependant plus exposée aux ouragans ou aux tempêtes tropicales dans sa répartition démographique, la population blanche représente au final 66 % des décès excédentaires, contre 34 % chez les personnes noires.
Les chiffres montrent enfin une bonne corrélation entre la surmortalité et les zones où les ouragans et autres tempêtes tropicales sont les plus fréquentes. Sur l’ensemble du territoire américain, la côte Est des États-Unis, notamment la Floride et les États du Sud sont ceux qui enregistrent les chiffres les plus élevés.
Une étude particulièrement riche en enseignements et qui peut être consultée en cliquant sur ce lien.
Philippe Jeanneret