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Ouragans: saison active en vue sur l'Atlantique équatorial

Ouragans Idalia et Franklin au large des côtes des côtes de la Floride le 29 août 2023 [NASA/NOAA]
Ouragans Idalia et Franklin au large des côtes de la Floride le 29 août 2023 - [NASA/NOAA]
Mauvaise nouvelle pour les habitants des Caraïbes, la saison cyclonique 2024 devrait être marquée par une activité supérieure à la moyenne sur l’Atlantique. La National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) prévoit entre 5 et 7 ouragans majeurs. Le retour de conditions de type la Niña sur le Pacifique, des températures élevées à la surface de l’océan et une forte mousson africaine seront déterminants.

Dans un communiqué publié il y a quelques jours, la NOAA prévoit cette année entre 17 et 25 tempêtes tropicales (vents entre 63 et 118 km/h) sur l’Atlantique équatorial. 8 à 13 d’entre-elles pourront évoluer sous la forme d’ouragans (plus de 118 km/h), dont 4 à 7 sous forme majeure (plus de 178 km/h), c’est-à-dire de catégorie 3, 4 ou 5 sur l’échelle de Saffir-Simpson.

Les chiffres sont inférieurs à ceux de 2020 (30 tempêtes tropicales ou ouragans avaient été répertoriés entre juin et novembre) mais on peut parler de saison particulièrement active. A noter que les autres grands centres de prévision, comme le consortium sur les risques de tempête tropicale (TSR) du University College de Londres ou le centre de l’Université du Colorado (CSU), misent également sur une activité supérieure à la normale.

Probabilités d'avoir une saison cyclonique au-dessus de la normale (à gauche). Nombre de cyclones tropicaux prévus par sur l'Atlantique équatorial entre juin et novembre 2023 ( à droite). [NASA/NOAA]
Probabilité d'avoir une saison cyclonique au-dessus de la normale (à gauche). Nombre de cyclones tropicaux prévus par sur l'Atlantique équatorial entre juin et novembre 2023 ( à droite). [NASA/NOAA]

Toujours selon la NOAA, la probabilité que l’activité soit supérieure à la normale cette année est de 85%. Pour rappel, une saison d'ouragans moyenne produit 12 tempêtes nommées, dont 6 deviennent des ouragans, 3 d’entre eux prenant la forme d’ouragans majeurs.

La Nina, la température de l’océan et la mousson africaine en circonstances aggravantes

El Niño devrait laisser place à la Niña entre juin et septembre. L’intensité et la durée de l’évènement restent à déterminer mais cette dernière aura probablement des conséquences sur l’activité cyclonique au-dessus de l’Atlantique équatorial.

Prévisions d'anomalies de températures à la surface du Pacifique entre janvier et décembre. La plupart des modèles optent pour des conditions de type la Niña pour la fin de l'été ou le début de l'automne. [Wikipedia/NOAA/CPC - PDPhoto]
Prévisions d'anomalies de températures à la surface du Pacifique entre janvier et décembre. La plupart des modèles optent pour des conditions de type la Niña pour la fin de l'été ou le début de l'automne. [Wikipedia/NOAA/CPC - PDPhoto]

En pratique, la Niña ne devrait pas favoriser pas les phénomènes de cisaillement (changements de force et de direction du vent en altitude) qui freinent la circulation des courants à l'intérieur des ouragans. Ces derniers devraient ainsi bénéficier d’un environnement favorable à leur maintien.

La présence d’eaux chaudes à la surface de l’Atlantique équatorial (26 à 27°C jusqu’à une profondeur de 60 à 100 m) jouera également un rôle. Contrairement aux dépressions des latitudes moyennes qui puisent leur énergie dans les contrastes de températures à proximité des fronts polaires, les systèmes tropicaux ont besoin de chaleur et d'humidité pour se régénérer.

Anomalies de températures à la surface de l'Atlantique le 25 mai 2024 [NOAA/Wikipedia]
Anomalies de températures à la surface de l'Atlantique le 25 mai 2024 [NOAA/Wikipedia]

Comme le montrent les mesures ci-dessus, les températures atteignent en ce moment les 26 à 28 degrés à la surface de l'Atlantique équatorial, avec par endroits des anomalies chaudes de l'ordre de 2 à 3 degrés. Ce qui sera là encore assez favorable à la formation et au maintien des tempêtes tropicales ou des ouragans.

Le nombre et l'intensité des tempêtes tropicales dépendent enfin des ondes d'Est (creux barométriques associés à des orages) qui se forment en été sur les reliefs du Kenya et qui se déplacent ensuite vers l'Ouest, le long de la zone de convergence intertropicale. Phénomène étroitement lié avec la mousson africaine. Or cette dernière devrait plus forte que la normale ces prochains mois.

Circulation des courants pendant la mousson africaine d'été [Eumetsat/RTS]
Circulation des courants pendant la mousson africaine d'été [Eumetsat/RTS]

Autant de raisons qui expliquent le nombre élevé de tempêtes tropicales ou d'ouragans prévus par la NOAA pour la saison 2024. La liste des noms a également été publiée. La voici:

Liste des noms des tempêtes tropicales et des cyclones prévus pour l'Atlantique équatorial pendant la saison 2024 [NOAA/NASA - Broken Inaglory]
Liste des noms des tempêtes tropicales et des cyclones prévus pour l'Atlantique équatorial pendant la saison 2024 [NOAA/NASA - Broken Inaglory]

Dans l’hypothèse où la liste serait épuisée, une nouvelle sera créée. La procédure a été adoptée par le comité sur les ouragans de l’Organisation Météorologique Mondiale en 2021. Officiellement, la saison des ouragans commence le 1er juin. Elle se termine le 30 novembre.

Activité cyclonique inférieure à la normale cette année sur le Pacifique central

Contrairement à ce qui devrait se passer sur l’Atlantique équatorial, l’ activité cyclonique devrait être inférieure à la normale sur le Pacifique central. Les prévisionnistes du Central Pacific Hurricane Center de la NOAA et du Climate Forecast Center de la NOAA, prévoient 1 à 4 cyclones tropicaux sur cette zone. Une saison normale s’accompagne en général de 4 ou 5 cyclones tropicaux, comprenant des dépressions tropicales, des tempêtes tropicales ou des ouragans.

Philippe Jeanneret, avec le concours de la National Oceanic and Atmospheric administration

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