Les températures ont chuté d’une dizaine de degrés entre le 7 et le 9 septembre. Exemples parmi d’autres la température est passée de 30°C à 20°C à Sion ou encore de 24°C à 14°C à la Chaux-des-fonds. Le phénomène s’explique par l’établissement d’un courant de Nord-ouest, qui a fait passer de l’air froid depuis l’Atlantique-Nord.
Cette baisse des températures devrait se poursuivre cette semaine, notamment jeudi avec l’arrivée d'un front polaire particulièrement actif; il arrivera dans un courant de Nord-ouest. Signature classique à ce genre d’évènement, les températures devraient passer le seuil des -20°C vers 5500m, contre les -14°C de ce début de semaine.
Vers 1500 mètres les températures seront également assez basses, autour des 1°C, ce qui permettra à la neige de revenir jusque vers 1200 mètres en moyenne. Les derniers bulletins de Météosuisse donnent une fourchette entre 1100m et 1500m.
Ce changement s’explique par un creusement du jet stream sur le Proche-Atlantique en milieu de semaine (voir ci-dessus). Ce dernier devrait prendre une position très méridionale, ce qui permettra à de l’air polaire de s’infiltrer jusqu’aux Alpes.
Événement plutôt rare pour un mois de septembre
Le retour de la neige en-dessous de 1500 mètres à cette période de l’année est un évènement assez rare en Suisse : seuls deux épisodes de ce genre ont été répertoriés ces 40 dernières années.
Le plus récent s’est produit le 25 septembre 2020. Au-delà de la chute des températures – entre 6°C et 8°C en 24 heures – la neige a refait son apparition jusque vers 1000 mètres d’altitude. Un cumul de 24 cm de neige a même été mesuré le 26 sur la station de Crans-Montana, soit la hauteur la plus importante pour un mois de septembre, depuis le début des mesures.
Pendant ce même épisode, la station de Changins (VD) a enregistré le 27 septembre son maximum journalier le plus bas pour un mois de septembre avec 8.1°C. Le précédent était de 8.3°C et datait du 28 septembre 1993. La station d’Evolène (VS) a également mesuré son maximum journalier le plus bas pour un mois de septembre avec 0.3°C.
Evénement en lien avec l’affaiblissement du jet stream
Selon une étude publiée par une équipe de la Pennsylvania State University en 2022, ces intrusions précoces d’air polaire pourrait s’expliquer par l’affaiblissement du jet stream.
Ce dernier dépend en effet des différences de températures entre les régions polaires et subtropicales. Les écarts thermiques entre les terres et les océans ainsi que l’orographie jouent également un rôle.
Or le pôle Nord s’est beaucoup réchauffé ces dernières décennies, plus que le reste du globe (voir ci-dessous). Selon les auteurs de l’étude, les écarts thermiques entre les zones polaires et subtropicales ont diminué de manière suffisamment significative pour impacter le comportement du jet stream.
A l’image des évènements de cette semaine ou de septembre 2020, les analyses montrent que les oscillations du jet stream ont tendance à devenir de plus en plus pointues, avec une plus amplitude Nord-Sud plus marquée (voir ci-dessous). Ce dernier ne circule plus de manière aussi fluide qu'avant. Il se déforme également de plus en plus, ce qui favorise l’apparition de méandres, expliquent les scientifiques. Les résultats de leurs recherches ont été publiés dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences.
Les évènements de cette semaine ou ceux de septembre 2020, illustrent cette tendance. L'étude ne permet pas de dire de manière précise quelles seront la fréquence et l'intensité de ce genre de situations à l'avenir. Elle montre en revanche que l'affaiblissement du jet stream leur sera plus favorable.
Philippe Jeanneret