Le Maroc subit, en plein mois de février, des chaleurs exceptionnelles. Selon les données de la Direction Nationale de la Météorologie, les températures ont atteint mercredi 14 février 36,6 °C à Tan-Tan, dans le sud du pays, 36,4 °C à Essaouira, 36 °C à Agadir, 34,8 °C à Casablanca et 33,9 °C à Rabat. « À minuit, il faisait encore 30.5 °C à Sidi Ifni », a écrit l’agroclimatologue Serge Zaka sur X (ex-Twitter). En temps normal, les maxima atteignent les 17°C à 18°C à Casablanca, voire 20°C à 22°C à Agadir pendant les mois de janvier et février.
Ces valeurs constituent un record pour un mois d’hiver, selon l’observatoire français Keraunos. Le phénomène s’explique par la présence d’un couloir dépressionnaire accompagné d’un fort creusement au sud sur le Proche-Atlantique, ce qui fait remonter de l’air tropical sur le Maroc (voir ci-dessous). Le précédent record datait de 1960 avec 36,3 °C dans la ville de Nouaceur.
Phénomène en lien avec l'affaiblissement du jet stream
La présence d'un couloir dépressionnaire accompagné du fort creusement s'inscrit dans un contexte global de réchauffement des pôles et d'affaiblissement du jet stream.
Le pôle Nord s’est beaucoup réchauffé ces dernières décennies, plus que le reste du globe (voir ci-dessous). Selon une étude menée par une équipe de la Pennsylvania State University en 2022, les écarts thermiques entre les zones polaires et subtropicales ont de ce fait diminué au fil des ans, ce qui a impacté le comportement du jet stream.
Les analyses montrent que les oscillations du jet stream ont tendance à devenir de plus en plus pointues, avec une plus amplitude Nord-Sud plus marquée (voir ci-dessous). Ce dernier ne circule plus de manière aussi fluide qu'avant. Il se déforme également de plus en plus, ce qui favorise l’apparition de méandres, expliquent les scientifiques. Les résultats de leurs recherches ont été publiés dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences.
Les évènements de ce mois de février illustrent cette tendance. Ils montrent également leur potentiel à générer des conditions extrêmes. L'étude ne permet pas de dire de manière précise quelles seront la fréquence et l'intensité de ce genre de situations à l'avenir. Elle montre en revanche que l'affaiblissement du jet stream leur sera plus favorable.
Philippe Jeanneret