En période hivernale, la présence des hautes pressions s’accompagne généralement de valeurs de l’ordre de 1030 hPa, en prenant comme référence la pression ramenée au niveau de la mer en atmosphère standard (QNH). Ces valeurs ne dépassent que rarement le seuil des 1040 hPa.
Mais les évènements ont pris une tournure particulière vendredi passé avec l’établissement d’un anticyclone depuis le proche-Atlantique. La pression atmosphérique est passée de 1032 hPa en début de journée à 1040 hPa en soirée.
Elle a atteint son maximum samedi-matin avec 1043.5 hPa, entre Wuerenlingen et Leibstadt en Argovie, puis s’est lentement abaissée, passant à 1038 hPa lundi en début de journée.
Cette situation anticyclonique s’est accompagnée dimanche de températures assez douces en altitude. Il a ainsi fait 12.5°C à la Chaux-de-Fonds (NE) ou encore 9.2°C au Moléson (FR) à 1974 m.
Sur le Plateau en revanche, les thermomètres ont affiché en moyenne 2 à 3°C, d’où des phénomènes d’inversion de températures assez favorables aux brouillards et aux stratus. Pour la petite histoire, ces derniers n’ont jamais réussi à se dissiper, ils ont même gagné du terrain en deuxième partie de journée.
Une question de températures et de mouvements de l’atmosphère
La présence d’un anticyclone se caractérise par des mouvements de convergence en altitude et de divergence dans les basses couches de l’atmosphère. Autrement dit, les masses d’air s’écartent les unes des autres, au niveau du sol.
Cette circulation s’accompagne d’un mouvement vers le bas, appelé subsidence. Pour que la pression augmente dans les basses couches de l’atmosphère, la divergence en altitude doit être plus forte que la convergence de basses couches.
Pour qu'un anticyclone puissant se forme, il faut « un peu plus de poids » dans la colonne d'air. Cela est possible grâce à la présence d'air froid qui, en raison de sa densité et de son poids plus élevé que l’air chaud, amènera un poids supplémentaire dans les basses couches de l’atmosphère. Ce qui explique pourquoi les anticyclones hivernaux s’accompagnent de valeurs de pressions plus élevées qu’en été, en particulier ceux qui se forment à partir de zones continentales particulièrement froides, comme la Sibérie.
A noter que dans le cas du week-end passé, les hautes pressions ne se sont pas formées à partir d'un plateau continental mais depuis le proche-Atlantique – on peut parler d’anticyclone océanique (voir ci-dessus). Apparemment, les phénomènes de convergence en altitude et de subsidence, évoqués plus haut, ont joué un rôle important.
Des précédents en 2016 et en 1990
Pour trouver des valeurs plus élevées que celles du week-end passé, il faut remonter au 27 décembre 2016. Météosuisse avait mesuré 1045.3 hPa à la station de Wuerenlingen (AG). Le record pour la Suisse remonte quant à lui au 4 mars 1990, avec une pression de 1047.2 hPa mesurée à Zurich.
A l’instar des évènements de cette année, les hautes pressions s’étaient formées depuis le proche-Atlantique.
Philippe Jeanneret, avec le concours d’Aude Untersee, prévisoniste au Centre Météosuisse de Genève