"Deux de nos sponsors principaux se sont retirés le mois dernier donc c’était très difficile, notamment pour payer le salaire de toutes les filles, explique Elise Chabbey. Pour moi, ça va, j’ai un travail à coté mais mes coéquipières ne font que ça. Ces dernières années, il y a eu beaucoup de progrès dans le cyclisme féminin et dans le sport féminin en général. Mais j’ai l’impression que la crise nous fait repartir à zéro et que l'on passe à la poubelle. Cela n’incite pas les femmes à faire du sport et à devenir professionnelles."
Les footballeuses du Servette FC Chênois Féminin Gaëlle Thalmann et Sandy Maendly, elles, ont le sentiment d’être traitées comme des amatrices par l'ASF.
"Ca a été décevant d'être mis dans le même paquet que tous les amateurs alors qu'on fait du sport d'élite, on joue en équipe nationale, confie Gaëlle Thalmann. Mes plus grandes préoccupations sont économiques car certains clubs vont devoir faire des choix. J'espère qu'ils respecteront leurs engagements."
"Pas dans la même cour"
"Il faudrait une fois pour toutes qu'on décide ce qui concerne le foot amateur et ce qui concerne le foot professionnel, souligne Sandy Maendly. Si la décision pour le foot féminin avait été prise à part, si l'ASF avait diffusé un communiqué à part, plutôt que d'être mises dans le même pot que des équipes de 3e ligue, cela aurait eu un impact différent sur le moral des joueuses''.
"On ne joue pas dans la même cour que le sport masculin. Grand sport ou petit sport, la différence est toujours la même, relève la présidente du NUC Jo Gutknecht. La situation économique difficile ne va pas aider à réduire l'écart. Je pense que cette crise va freiner la progression du sport féminin."
RTSsport
Béatrice Barbusse: "un vrai risque de retour en arrière"
"Le sport féminin était déjà dans une situation de vulnérabilité. Avec la pandémie, il y a des chances que la vulnérabilité du sport féminin et des sportives soit plus importante, explique Béatrice Barbusse, ancienne handballeuse devenue sociologue du sport. Le sport féminin restera secondaire. Je ne pense pas que le monde d'après, à moyen terme en tout cas, sera radicalement différent. Il y a un vrai risque de retour en arrière, qui peut nous faire perdre entre 2 et 5 ans. On risque de devoir repartir au combat."