Vers un nouveau duel entre Northug et Cologna?

La Coupe du monde de fond 2010-11 démarre samedi à Gällivare, en Suède, sur les mêmes bases que la précédente et avec les mêmes principaux protagonistes. Les Petter Northug, Dario Cologna et autre Lukas Bauer voudront marquer leur territoire rapidement tout en se préservant pour le grand rendez-vous de l'hiver, les Mondiaux d'Oslo à fin février.

La perspective des Championnats du monde dans le mythique décor de Holmenkollen à Oslo, berceau du fond, a motivé les cadors à remettre l'ouvrage sur le métier après le grand raout olympique de Vancouver.

Dario Cologna aborde cette saison dans les meilleures conditions. L'hiver dernier, une blessure à une cuisse avait retardé sa préparation et l'avait empêché de jouer la gagne en Coupe du monde (4e au final, loin derrière le vainqueur Northug). Mais cette année, le Grison n'a pas connu de pépin. "Mes tests d'entraînement sont bons. En forme, je peux gagner n'importe quelle course", a-t-il dit il y a 15 jours avant de s'envoler pour un dernier stage à Kiruna (Suède), au nord du cercle polaire.

Cologna doit encore grandir physiquement

Durant l'été, le Grison a augmenté son volume d'entraînement, notamment en course à pied, afin d'être plus compétitif cet hiver dans les épreuves avec départ individuel. Il a aussi pris du muscle et n'a pas encore atteint, à 24 ans, l'âge de la pleine maturité physique. Il peut entrevoir sereinement l'épreuve d'ouverture de samedi à Gällivare, un 15 km en style libre, discipline dont il est champion olympique.

Ses coaches attendent de lui cette année qu'il endosse pleinement le rôle de leader de l'équipe de Suisse, sur tous les plans. La constitution d'un relais très performant, avec Toni Livers, Remo Fischer et Curdin Perl, est un des grands objectifs. Pour y arriver, les trois équipiers devront aussi être capables de se classer régulièrement dans les 10 ou 15 premiers en individuel en Coupe du monde. En sprint, on en espère de même d'un Eligius Tambornino.

Northug est incertain à Gällivare

Mais comment stopper l'ogre norvégien Petter Northug, à l'aise sur tous les terrains et toutes les distances ? Le vainqueur de la Coupe du monde 2009-10 et double champion olympique s'annonce à nouveau comme l'homme à battre. La perspective de Mondiaux à domicile ne fait que stimuler son appétit. A noter toutefois que le Norvégien, malade ces derniers jours, est incertain ce week-end à Gällivare.

Le Tchèque Lukas Bauer, qui a succédé à Cologna au palmarès du Tour de Ski, sera aussi un sérieux candidat, de même que les Suédois Marcus Hellner et Emil Jönsson, le Russe Alexander Legkov ou les Français Jean-Marc Gaillard et Maurice Manificat.

Pour épicer le tout, la FIS innove avec un mini-Tour sur trois jours en Finlande à fin novembre, qui s'ajoute au Tour de Ski et à la finale de la Coupe du monde.

Souci chez les fondeuses helvétiques

Les Suissesses devraient jouer une nouvelle fois un rôle mineur. L'an dernier, Silvana Bucher, la moins mal classée au général de la Coupe du monde, a fini 65e! Swiss-Ski, entre-temps, a serré la vis. Bucher peut espérer, de même que Bettina Gruber, quelques coups d'éclat en sprint et en sprint par équipes. En distance, Seraina Mischol tentera de refaire surface.

Détentrice du gros Globe de cristal, la Polonaise Justyna Kowalczyk se profile à nouveau comme la favorite, d'autant que la Norvégienne Marit Björgen fera l'impasse sur le Tour de Ski pour mieux préparer les Mondiaux. Mais attention à la Suédoise Charlotte Kalla et à la Slovène Petra Majdic, une sprinteuse de plus en plus à l'aise en distance!

Cologna, équipier fidèle et électron libre

Fidèle équipier dans le giron de Swiss-Ski, Dario Cologna peut compter également sur une cellule privée constituée spécialement autour de lui. Il jouit d'un statut particulier qui doit lui permettre de poursuivre son ascension. Le manager Marc Biver, la nouvelle responsable du groupe de distance de Swiss-Ski Guri Hetland et l'entraîneur Frederik Aukland représentent la "garde rapprochée" du champion grison.

Aukland, qui avait quitté la Fédération au sortir de l'hiver dernier, a finalement repris un mandat limité de conseiller à Swiss-Ski mais fonctionne aussi comme coach privé de Cologna. Ce dernier continue à suivre les plans d'entraînement particuliers d'Aukland, l'homme qui l'avait mené à la victoire finale en Coupe du monde en 2008-09, tout en participant à tous les rassemblements collectifs de l'équipe.

Entre Cologna, Remo Fischer, Curdin Perl et Toni Livers règne une vraie dynamique de groupe. "Dario se montre très collégial. Il joue son rôle de locomotive, et les autres fondeurs peuvent en profiter", relève Marc Biver. "En même temps, la Fédération a compris qu'il était de son intérêt de lui accorder une certaine liberté", précise-t-il.

Braten est arrivé puis reparti, Hetland l'a remplacé

Tout n'a cependant pas été facile ces derniers mois. L'engagement il y a six mois d'Inge Braten comme entraîneur en chef et responsable du groupe de distance à la place d'Aukland, démissionnaire, avait provoqué des remous. Braten, contrairement à son jeune compatriote norvégien, n'a jamais été en phase avec les athlètes. Swiss-Ski s'en est séparé après cinq mois seulement pour engager Guri Hetland et récupérer partiellement Aukland, mais la préparation n'est pas allée sans heurts.

Aujourd'hui, les choses semblent rentrées dans l'ordre. "Les incertitudes dans l'équipe sont levées, l'ambiance est à nouveau détendue", observe Cologna. Celui-ci a hâte d'en découdre. "Ses tests d'entraînement sont nettement meilleurs que l'an passé", souligne Marc Biver, en contact quasi quotidien avec le fondeur.

Cologna semble être resté le même homme qu'avant son titre olympique, consciencieux, discret et pince-sans-rire. Il paraît parti pour durer. "Les spécialistes disent que sa façon de courir est beaucoup moins usante que celle d'un Petter Northug. Sa technique est meilleure, plus harmonieuse", observe encore Marc Biver.

si/dbu