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La "Ligue Diamant" succède à la "Golden League"

Verra-t-on régulièrement des duels entre Bolt et Powell?
Verra-t-on régulièrement des duels entre Bolt et Powell?
Adieu la "Golden League", bonjour la "Ligue Diamant". L'athlétisme fait sa révolution. Une compétition de 12 étapes, dont Lausanne et Zurich, avec un classement général par discipline verra le jour.

La Fédération internationale (IAAF) et les patrons de meetings
lancent dès 2010 un nouveau circuit mondial, la Ligue diamant, qui
doit remplacer la Golden League et donner un nouvel élan à
l'athlétisme. La série comprend une douzaine de meetings, dont
Zurich et Lausanne, sur trois continents, avec des confrontations
régulières entre les stars.



«Il nous fallait réagir car l'athlétisme est en perte de
vitesse»
, a expliqué le directeur de la réunion de Lausanne
«Athletissima» Jacky Delapierre, en marge des conférences de presse
de l'IAAF à Monaco et Zurich.



Les patrons de meetings, l'IAAF et les principaux managers
d'athlètes ont pu se mettre d'accord afin de tirer à la même corde
et de créer un circuit cohérent, inspiré notamment du tennis, avec
non plus seulement six réunions majeures (Golden League) et une
myriade d'autres mal labellisées, mais douze et peut-être bientôt
quinze meetings principaux, y compris hors Europe.

Fil rouge

«La série se veut facilement compréhensible», avec un fil rouge
d'une réunion à l'autre et un classement général au bout, a
détaillé l'IAAF. Chaque réunion sera dotée de 416 000 dollars (480
000 francs) de «prize money» (primes), à répartir entre les huit
premiers de chaque discipline au programme. Les trois premiers
marqueront des points (4, 2 et 1, le double lors de la réunion
finale du circuit), qui seront additionnés pour déboucher sur un
classement général au terme de la série.



A l'issue de celui-ci, le vainqueur de chaque discipline recevra
encore un diamant 4 carats valant 80 000 dollars. Toutes les
disciplines seront au programme de la série, sauf le marteau qui
fera l'objet d'un circuit séparé pour raisons de sécurité. Soit un
total de 32 épreuves, dont chacune aura lieu 7 ou 8 fois, ce qui
donnera 16 disciplines par meeting (sauf à Londres qui organisera
les 32 épreuves sur deux jours).

Duels réguliers

Afin d'Ȏviter que les meilleurs
athlètes jouent au chat et à la souris», les principales vedettes
seront engagées sur la base de contrats séparés, ce qui doit
assurer leur présence tout au long de la série.



L'idée est d'offrir des duels réguliers entre eux, par exemple
Usain Bolt contre Asafa Powell, à l'instar de ce qui existe au
tennis avec des matches fréquents entre Rafael Nadal et Roger
Federer. Une dizaine de stars seront ainsi sous contrat. Pour les
autres athlètes, chaque meeting sera libre de choisir son plateau
et de fixer ses primes d'engagement en plus du «prize money».



La Suisse est le seul pays, avec les Etats-Unis et la
Grande-Bretagne, à avoir deux réunions dans la nouvelle ligue:
Zurich et Lausanne, qui se voit ainsi de facto promu puisque
Athletissima évoluait jusqu'à présent en 2e division (Super Grand
Prix). «C'est une grande victoire politique», souligne
Delapierre. L'avenir d'Athletissima aurait été fort compromis
sinon.

Elargir le marché

Le nouveau circuit doit beaucoup à l'initiative du patron du
Weltklasse de Zurich, Patrick Magyar, qui a joué un rôle moteur.
L'athlétisme cherche à se placer aux Etats-Unis, qui font leur
entrée parmi les grands meetings avec Eugene et New York, et l'Asie
(la Chine et probablement Doha, à confirmer).



L'avenir dépendra beaucoup de la couverture télévisuelle. Chaque
meeting sera tenu d'assurer une diffusion télévisée haute
définition. Les droits TV seront centralisés et commercialisés par
IMG, mais les droits nationaux resteront du ressort de chaque
meeting.



Double champion olympique et président du comité d'organisation
des JO de Londres 2012, l'ancien coureur britannique de demi-fond
Sebastien Coe avait résumé ainsi la situation ce week-end: «Ne
pas changer (la structure des meetings) est impossible. Si nous ne
changeons pas, nous mourrons!»




si/ag

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Les 12 étapes de la Ligue Diamant

Douze meetings se sont engagés à ce jour pour la nouvelle «Ligue diamant» dès 2010. Ils pourraient encore être rejoints par Doha, Rome et Berlin, avec lesquels les discussions se poursuivent.

Les réunions retenues sont: Oslo, Bruxelles, Zurich, Lausanne, Paris, Stockholm, Londres, Monaco, Eugene, New York, Grand Prix de Chine (lieu à définir, peut-être Shanghai), Grande-Bretagne-AREVA (à définir, peut-être Gateshead). La Ligue n'est pas fermée. D'autres meetings pourront s'y greffer à l'avenir ou remplacer les réunions qui ne satisferaient plus aux critères.

Plusieurs réunions réputées ne font pas partie des élus, comme Athènes, Rieti ou Ostrava. La Russie est absente du nouveau circuit, de même l'Espagne, que l'Afrique et l'Amérique du Sud.

Le jour de la tenue des meetings n'a pas encore été communiqué. Il est prévu de faire se dérouler les épreuves en «prime time», avec un programme condensé sur deux heures entre 20h et 22h.

"Un combat de tous les instants"

«La création de la «Ligue diamant» est une excellente nouvelle pour le meeting de Lausanne Athletissima», se réjouit son patron Jacky Delapierre. «C'était un combat de tous les instants pour en faire partie, tout s'est décidé pour nous en deux mois», relève-t-il.

Si Lausanne était resté absent du nouveau circuit, «nous n'aurions pas forcément eu envie de continuer. Cela aurait été très difficile de convaincre les sponsors à donner de l'argent», a souligné Jacky Delapierre.

Cela devrait donner selon lui un coup de pouce au projet «Métamorphose» de la ville de Lausanne, en vue de la création d'un nouveau stade. «Mais même sans nouveau stade, nous pourrons continuer, moyennement des aménagements mineurs. Mais pas éternellement», précise le directeur d'Athletissima.

Aux yeux du chef de presse du meeting, Pierre-André Pasche, il faudrait aller plus loin encore pour redynamiser l'athlétisme: «Nous devrions revoir l'animation dans le stade, mieux présenter les athlètes avec la sono et l'écran géant. Cela doit devenir un show.» Au risque de transformer voire de dénaturer l'athlétisme?

«Il faut trouver un juste milieu. Aujourd'hui, on ne peut plus offrir que de l'athlétisme sans rien autour», estime-t-il. «Il existe des meetings, en Allemagne notamment pour le saut, où les athlètes apportent leur propre musique, qui est diffusée dans tout le stade au moment où ils s'élancent», rappelle Pierre-André Pasche, pour donner un autre exemple de ce qui est envisageable.