Le processus de guérison de Viktor Röthlin, victime de deux
embolies pulmonaires ces dernières semaines, est retardé par de
nouvelles complications. Des poches d'eau se sont formées sur son
poumon droit, obligeant le marathonien obwaldien à différer la
reprise de son entraînement.
«Je dois cesser de me mettre un calendrier en tête pour
reprendre la course. Mon seul objectif désormais est de recouvrer
la santé à 100 %», a déclaré à Neuenegg (BE) le médaillé
de bronze des derniers Mondiaux sur marathon, à l'occasion de la
conférence de presse du Grand Prix de Berne de samedi.
Initialement, Röthlin devait annoncer une bonne nouvelle: la
conclusion d'un contrat de sponsoring avec un fabricant de boisson
isotonique, dont il devient «l'ambassadeur». Mais la joie est
ternie par une nouvelle hospitalisation de quelques jours rendue
nécessaire récemment par la formation de liquide sur le poumon,
dernier avatar de la thrombose déclenchée mi-février lors d'un vol
entre les Emirats arabes unis et le Kenya.
Mystère à éclaircir
Entre-temps, les ennuis se sont succédé, avec une première
embolie pulmonaire il y a un mois, effet collatéral de la
thrombose, puis une deuxième, qui a conduit le coureur aux soins
intensifs. En sus, les poches de liquide compliquent encore la
guérison, même si elles se sont depuis résorbées.
«Je continue à prendre des antibiotioques et des
anti-coagulants», relève Röthlin, dont les médecins
s'abstiennent aujourd'hui de tout pronostic. «Trop de choses
déjà ne se sont pas passées comme prévu, ils ne souhaitent plus se
hasarder à faire des prévisions.»
La cause du mal reste mystérieuse. Röthlin est disposé à explorer
la piste héréditaire, avec la possibilité d'un gène défectueux qui
influerait sur la coagulation et pourrait déclencher facilement des
thromboses. Mais le coureur n'en sait rien pour l'instant, car tant
qu'il doit prendre des anti-coagulants - et cela doit durer six
mois -, il ne peut pas passer le test qui permettrait de détecter
une éventuelle prédisposition.
Au cas où un défaut génétique devait être établi, le vice-champion
d'Europe serait contraint pendant toute sa vie d'ingérer des
médicaments pour fluidifier son sang. Face à ces incertitudes, les
questions sur son avenir sportif affleurent logiquement. «Je
dois prendre mon mal en patience», dit Röthlin.
si/bao
Alternatives
L'Obwaldien, qui aura 35 ans en octobre, prévoyait initialement de s'arrêter au sommet après les Championnats d'Europe de Barcelone l'an prochain. «Un sportif aime pouvoir définir lui-même l'heure de sa retraite», souligne-t-il, pour affirmer son intention de ne pas se laisser dicter par ces coups du sort l'arrêt définitif.
Quoi qu'il en soit, l'athlète de Sempach planifie depuis un certain temps déjà son après-carrière: il anime des stages de préparation, dispense des plans d'entraînement (payants) sur internet, parfait ses connaissances de physiothérapeute... «J'aurai tout loisir d'étendre encore ces activités», dit-il.
En attendant, Röthlin sera samedi le starter du Grand Prix de Berne. Il distribuera aussi les gourdes de ravitaillement aux coureurs à l'arrivée. «Je veux montrer que je vis encore!», sourit-il, la silhouette toujours aussi sèche. Si le champion a gardé sa maigreur, l'entraînement, cette fois, n'est plus seul responsable. Le traitement laisse des traces.