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Viktor Röthlin ou le douloureux chemin du retour

Le médaillé de bronze des Mondiaux 2007 repart de zéro.
Le médaillé de bronze des Mondiaux 2007 repart de zéro.
Viktor Röthlin n'a pas été épargné par les pépins de santé ces derniers mois. Victime d'une embolie pulmonaire puis opéré à un talon, le marathonien obwaldien, 6e aux Jeux de Pékin, entend se relancer cet été.

Viktor Röthlin ne baisse pas les bras. Victime d'une double
embolie pulmonaire puis d'une blessure au talon l'an dernier, le
marathonien repart, au sortir d'une saison blanche, pour briller
cet été aux Européens à Barcelone et si possible poursuivre sa
carrière jusqu'en 2011.



L'Obwaldien fut le héros de l'athlétisme suisse avec sa médaille
d'argent sur marathon aux Championnats d'Europe 2006, le bronze aux
Mondiaux 2007 et sa 6e place aux JO de Pékin en 2008, avant de
connaître la descente aux enfers et de presque tomber dans
l'oubli.



"Il n'y a plus dû y avoir d'image de moi à la télévision
alémanique depuis un an, à part peut-être pour le Tour du lac
d'Aegeri en juillet"
(ndlr: sa seule course bouclée en 2009),
glisse le champion, ravi que Markus Ryffel ait quand même pensé à
lui en l'invitant récemment pour le GP de Berne en mai.

Le duel des anciens

J'ai dû renoncer à
beaucoup d'argent. Heureusement, quand on est aux soins intensifs,
on n'a pas besoin de beaucoup

Viktor
Röthlin

L'an dernier, alors que sa valeur
marchande était au plus haut et qu'il aurait dû toucher les
dividendes de ses exploits passés, Röthlin a rongé son frein.
"J'ai dû renoncer à beaucoup d'argent. Heureusement, quand on
est aux soins intensifs, on n'a pas besoin de beaucoup
",
relève celui qui a frôlé le pire il y a douze mois à la suite d'une
thrombose déclenchée lors d'un vol intercontinental, qui a entraîné
une double embolie pulmonaire. Les examens ont révélé un gène
défectueux, qui le prédispose à ce type de problèmes.



Encore opéré à un talon en novembre, Röthlin a aujourd'hui enfin
pu reprendre l'entraînement. Il en est à une séance de course par
jour, plus un entraînement alternatif, pour un (modeste) total
hebdomadaire de 100 km. Il n'a pas gardé de séquelles de ses
embolies.



A 35 ans, le recordman de Suisse (2h07'23) sait que le temps ne
joue pas en sa faveur. Seuls deux des 88 marathoniens qui le
précèdent dans les bilans mondiaux de tous les temps ont réalisé
leur meilleur chrono après 35 ans.



Mais le retour annoncé, à 38 ans, du champion olympique 2006 et
champion d'Europe en titre Stefano Baldini titille l'Obwaldien, qui
se réjouit de retrouver l'Italien cet été à Barcelone.

Feu d'artifice

Le marathon de ces Championnats d'Europe est agendé le 1er août,
tout un symbole pour le malicieux Röthlin: "Je veux allumer un
feu d'artifice pendant la course. Si je ne croyais pas en mes
chances, je ne me lèverais pas chaque matin.
" Ses chances?
"Je ne reviens pas pour faire de la figuration. Mais les
médailles, c'est une autre affaire. Je me trouve dans une nouvelle
situation."




A Barcelone, Röthlin courra son premier marathon depuis celui des
JO de Pékin. Un bail. Il sera tranquille d'ici là puisque
Swiss-Athletics le dispense de minima (2h18'). "Si tout va
bien, je ferai trois ou quatre courses sur route dès avril, puis un
camp d'entraînement en Engadine."




L'athlète d'Alpnach ne s'arrêtera pas après Barcelone. Il prévoit
encore de disputer de grands marathons urbains en 2011. Mais les
Mondiaux de Daegu, en Corée du Sud, cette année-là et les Jeux
olympiques de Londres en 2012 ne figurent pas dans les plans du
jeune marié, qui songe plus que jamais à sa reconversion via sa
société Vikmotion (conseils santé en entreprise, séminaires sur la
course, animation de camps d'entraîneent) et son activité de
consultant pour le marathon sur Eurosport.



si/bao

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"20 km par jour suffisent"

Touché dans sa chair, Viktor Röthlin constate avec intérêt qu'il n'est plus forcément nécessaire d'avaler 30 ou 40 km par jour pour être un très bon marathonien. Au Kenya notamment, les athlètes d'élite ont compris que s'entraîner moins pouvait permettre d'aller plus vite.

Meilleur marathonien du monde l'an dernier avec un chrono de 2h04'27 à Rotterdam, Duncan Kibet (Ken) court "seulement" à raison de 130 à 140 km par semaine, relate Röthlin. Une paille, par rapport à l'Obwaldien qui avait coutume d'en aligner 200 ou 220. D'autres vont même jusqu'à 300 km.

"Les théories d'entraînement ont évolué ces deux dernières années", explique Röthlin. "Les Kényans avec lesquels je m'entraîne ont vu qu'il était dangereux de trop en faire, à l'exemple d'un Martin Lel qui a accumulé les blessures." On privilégie désormais l'intensité plutôt que la quantité. Röthlin va s'en inspirer.

Le recordman de Suisse espère par ailleurs que ses ennuis de santé n'auront pas eu que des côtés négatifs: "Certains exemples montrent qu'on peut ressortir plus fort mentalement de ce type d'épreuves", dit-il.