Avec un budget stable à 3 millions de francs et neuf champions
olympiques en titre engagés à ce jour, Athletissima résiste bien à
la crise. Usain Bolt, Dayron Robles et probablement Tyson Gay
seront les têtes d'affiche du meeting le 7 juillet, mais il n'y
aura pas de duel Bolt-Gay.
Bolt contre Gay: la perspective de ce combat des chefs, sur 100 ou
200 m, fait saliver maints organisateurs depuis que l'Américain a
réussi le troisième chrono de tous les temps (19"58) fin mai à New
York. Mais il faudra attendre. Si Gay est «sûr à 90 % de venir
à Lausanne», il ne sera pas opposé au phénomène jamaïcain.
Bolt courra le 200 m et Gay, s'il est bien là, le 100 m. «Il
n'y aura pas de duel, c'est une question financière. Gay aurait
demandé plus d'argent», a relevé devant la presse à Lausanne
le patron d'Athletissima Jacky Delapierre.
A défaut, le meeting misera à fond sur l'effet Bolt. Le triple
champion olympique sera notamment la «guest star» pour une
conférence à l'IMD (Institute for Management Development) à
Lausanne. La réunion aura aussi d'autres atouts, à commencer par le
Cubain Dayron Robles, qui voudra sans doute taquiner son record du
monde du 110 m haies (12"87). Les autres champions olympiques déjà
sous contrat sont Angelo Taylor (400 m haies), Irving Saladino
(longueur), Steve Hooker (perche), Barbora Spotakova (javelot),
Dawn Harper (100 m haies), Shelly-Ann Fraser (100 m) et Bernard
Lagat (1500 m). «Et il y en aura d'autres», promet
Delapierre.
Promotion
Avec son entrée dans la nouvelle Diamond League l'an prochain,
qui rassemblera 13 à 15 des plus grandes réunions, Athletissima
changera de statut. «Sans cela, nous aurions dû mettre la clé
sous la porte», a rappelé en aparté le président et chef des
finances du meeting Pierre Engel. Financièrement, cette promotion
est tout bénéfice. La part reversée à Lausanne pour les droits
internationaux de retransmission télévisée augmentera. Et
sportivement, le niveau devrait s'élever, puisque l'IAAF prendra
sous contrat une trentaine de vedettes pour son nouveau circuit en
plus des athlètes engagés individuellement par chaque meeting -,
contre seulement une poignée pour l'actuelle Golden League.
Enfin, les organisations de Lausanne et Zurich ont compris que la
défense de leurs intérêts, et plus généralement de l'athlétisme en
Suisse, passait par un regroupement des forces: elles négocient
désormais ensemble avec les sponsors pour obtenir des partenariats
doubles, couvrant les deux réunions. «Finie la guerre des
tranchées», selon l'expression de Pierre Engel. Comme les
athlètes ne sont pas forcément en position de force pour négocier
vu que la plupart des meetings tirent le diable par la queue,
Lausanne, en maintenant son train de vie, fait plutôt une bonne
affaire.
si/tai
Dayron Robles prêt à bondir
Lausanne aime bien les courses de haies et celles-ci le lui rendent bien. Edwin Moses, autrefois, faisait vibrer Vidy sur 400 m haies, puis Liu Xiang battait le record du monde du 110 m haies à la Pontaise en 2006. Désormais, charge à Dayron Robles de mettre le feu au stade sur les haies hautes. Le Cubain de Guantanamo, champion olympique et nouveau recordman du monde du 110 m haies (12"87), devrait être au top pour Athletissima le 7 juillet. Deux jours après sa rentrée à Salonique mercredi (en 13"30), pour ce qui constituait sa première compétition depuis neuf mois, il est apparu plutôt bavard et détendu devant la presse à Lausanne.
Entre deux généralités, il a révélé qu'il attendait toujours que son équipementier lui livre ses nouvelles chaussures à pointes spéciales qui doivent réduire les tensions musculaires dont il souffre à cause de ses pieds plats. Le Cubain a connu des bobos une bonne partie de l'hiver. «Une élongation à la cuisse gauche survenue en février au meeting de Liévin m'a fait perdre un mois dans ma préparation», a-t-il regretté.
Mais l'homme aux 7 chronos sous les 13" en 2008, une densité de performances phénoménale, a retrouvé ses sensations et affiche cette saison encore une double ambition: le titre mondial, en août à Berlin, et les records. «Je veux courir autant de fois que possible sous les 13". Il y a toujours des aspects à travailler.» Si le record du monde tombe à Lausanne, tant mieux. Sinon, ce sera ailleurs.
Héros dans son pays qui n'a eu que deux titres olympiques, tous sports confondus, à fêter à Pékin, Robles a trouvé sur son île les conditions à son épanouissement sportif, à l'image des athlètes jamaïcains restés au pays. «Nous formons un groupe d'entraînement d'une douzaine d'athlètes à La Havane», dit-il, toujours entouré de son clan sous la conduite de son coach Santiago Antunez. Une nouvelle fois, l'ambiance s'annonce très caribéenne à Athletissima.