Malgré la présence de sept autres champions olympiques dont
Dayron Robles et de dix champions du monde, Usain Bolt sera bien la
superstar d'Athletissima mardi prochain. Le triple champion
olympique jamaïcain y disputera son premier 200 m en Europe
depuis... Athletissima 2008.
Ses cachets ont beau être dignes d'un prince du show-biz - le
milieu évoque une prime d'engagement de 200'000 dollars pour chaque
apparition, ce qui en fait l'athlète le mieux payé de l'histoire -,
Bolt vaut son prix. Jacky Delapierre, le patron d'Athletissima, est
convaincu de rentrer dans ses frais, et même plutôt deux fois
qu'une.
«Sur les 12'000 billets déjà vendus, beaucoup l'ont été grâce
à Bolt», sans compter les autres retombées, a-t-il relevé
devant la presse, confiant de pouvoir écouler les 2500 tickets
restants d'ici mardi, si la météo le veut bien, et de réussir enfin
son opération stade plein.
Lutte à distance
Bolt arrivera dimanche directement de
Londres, où il séjourne avec son groupe après les sélections
jamaïcaines qui l'ont vu gagner le 100 m en 9''86 et le 200 m en
20''25 (avec fort vent contraire). A la Pontaise, il sera sans
rival sur le demi-tour de piste en l'absence, probable, de Tyson
Gay. Le triple champion du monde américain, auteur ce printemps à
New York du troisième chrono de tous les temps en 19''58, à 0''28
du record du monde de Bolt, ne devrait en effet pas honorer sa
promesse de courir à Lausanne. Une obligation envers un sponsor le
retient chez lui.
Signe que Bolt s'annonce hors catégorie, malgré la présence du
vice-champion olympique Shawn Crawford, les organisateurs n'ont pas
placé le 200 m parmi les épreuves du concours de l'applaudimètre.
L'athlète le plus acclamé parmi un panel de six disciplines
touchera un bonus de 5000 dollars. Soit une petite partie du
million et demi de francs de primes versées aux 300 athlètes.
Le budget total se monte à quelque 3,5 millions de francs, au
niveau de 2007 mais inférieur de 500 000 francs à celui de
2008, année faste qui avait vu 19 champions olympiques fraîchement
sacrés fouler la Pontaise. La crise n'épargne pas Athletissima,
même si le meeting s'en sort plutôt bien.
«Très laborieux»
«Le plateau cette année a été très laborieux à monter»,
a observé Delapierre. «Entre les bobos des uns, la méforme des
autres en décompression après les Jeux et les problèmes de
récupération des Jamaïcains et Américains qui sortent de leurs
trials, ce fut étonnamment difficile. Mais la participation a fière
allure quand même.»
Outre Bolt, il faudra avoir à l'oeil Dayron Robles. Le Cubain
monte en puissance sur 110 m haies et a une idée derrière la tête:
«Il a demandé que nous augmentions la prime pour le record du monde
(NDLR: 25 000 dollars ou un kilo d'or), et nous avons dit oui,
uniquement pour le 110 m haies», a dit Delapierre. Le record du
monde de Robles est de 12''87. Le Cubain en est pour l'instant à
13''04 cette saison.
Les autres stars ou valeurs montantes ont pour noms Asafa Powell
(JAM/100 m), Steven Hooker (AUS) et Renaud Lavillenie (FRA/perche),
LaShawn Merritt (USA/200 m), Dwight Phillips (USA/longueur),
Shelly-Ann Fraser (JAM/100 m), Maryam Jamal (Bahreïn/1500 m),
Allyson Felix (USA/200 m) ou encore Tatiana Lebedeva (RUS/triple
saut).
Deux Suisses ont trouvé place dans le programme principal: Julien
Fivaz à la longueur (limite pour les Mondiaux à 8m05) et Marc
Schneeberger sur 200 m (en série B).
si/bao
Ukhov ou le retour du sauteur ivre
Apparu ivre sur le sautoir, Ivan Ukhov s'était attiré les foudres des organisateurs d'Athletissima l'an dernier tout en suscitant l'hilarité de certains spectateurs. Le sauteur en hauteur russe est pourtant de retour cette année à Lausanne, plus en forme et plus sobre que jamais.
Ukhov (23 ans) a bien dessaoulé entre cette soirée de septembre 2008, qui l'avait vu se présenter en état d'ébriété à la Pontaise, titubant sur la piste d'élan et passant sous la barre, et aujourd'hui. Il a franchi 2m34 mercredi à Moscou (2e performance mondiale 2009), après avoir déjà maîtrisé 2m40 l'hiver passé en salle.
Jacky Delapierre, le patron d'Athletissima, a passé l'éponge. L'an passé, sous le coup de la colère, il avait exigé du Russe qu'il le rembourse et avait assuré qu'il ne l'inviterait plus.
«Mais Ukhov s'est excusé et il a été puni par sa fédération. Il a le droit de revenir», explique Delapierre, le sourire aux lèvres. Car Ukhov, c'est la garantie d'un buzz: la vidéo de ses frasques de l'an dernier à Lausanne a été vue 3 millions de fois sur YouTube. C'est 25 fois plus que celle de la finale du 200 m avec Usain Bolt, soulignent les organisateurs.
On ne saura cependant sans doute jamais si c'est bien un chagrin d'amour, version initiale, qui avait incité Ukhov à boire avant son concours. «Il ne veut plus en parler», selon Delapierre.