Début en fanfare avec le duel Bolt-Gay

Les 12es Championnats du monde s'ouvrent samedi à Berlin avec
d'entrée le point fort, l'affrontement sur 100 m entre les deux
monstres sacrés Usain Bolt et Tyson Gay. Ce sera le premier duel
entre le Jamaïcain et l'Américain depuis un an, qui se répétera sur
200 m et 4 x 100 m: les records pourraient bien voler en
éclats.



Deux tours du 100 m samedi, deux dimanche ponctués par la finale à
21h35: la montée en puissance sera progressive, avec un Gay
"dans la forme de sa vie" et un Bolt qui s'annonce à 100%
après le léger retard dans sa préparation consécutif à son accident
de voiture en avril en Jamaïque.



Gay (27 ans) est triple champion du monde (100, 200 et 4 x 100 m),
mais il n'avait pas pu défendre valablement ses chances l'an
dernier aux JO de Pékin à cause d'une blessure. Bolt (22 ans) est
la nouvelle icône de l'athlétisme depuis son triple exploit
légendaire de Pékin (trois records du monde en 9"69 sur 100 m,
19"30 sur 200 et 37"10 avec le relais jamaïcain 4 x 100 m). Cette
saison, chacun a couru de son côté, Gay en 9"77 et 19"58, Bolt en
9"79 et 19"59, dans des conditions atmosphériques cependant plus
avantageuses pour Gay.



Très technique, l'Américain est moins spectaculaire. Il reconnaît
que "Bolt est une bête ou un monstre". Bolt estime pour sa
part qu'à son top, "il ne sera pas battu" (par Gay), ainsi
qu'il l'avait dit à Londres fin juillet.

USA: une revanche à prendre

Ce duel symbolise aussi l'opposition plus générale entre
Américains et Jamaïcains. A Pékin, les premiers avaient pris une
claque en voyant les Caribéens rafler cinq des six titres du
sprint. Mais cette fois, minés par les querelles de clan et
égratignés par le vrai-faux contrôle positif de cinq des leurs, les
Jamaïcains sont attendus au contour. Reste qu'avec Melaine Walker
(400 m haies), Veronica Campbell (100 et 200 m), Isa Phillips (400
m haies), Shelly-Ann Fraser ou Kerron Stewart (100 m), ils gardent
de quoi cumuler les titres.



Idem, bien sûr, pour les Etats-Unis, nation dominante depuis
toujours: en 11 éditions depuis 1983, les athlètes US ont enlevé
110 titres, le double de la Russie et ex-URSS, no 2 avec 55
couronnes. A Berlin, ils s'apprêtent encore à faire main basse sur
le tour de piste, sans obstacle (Lashawn Merritt, Jeremy Wariner,
Sanya Richards, relais) ou avec obstacles (Kerron Clement, Bershawn
Jackson, Lashinda Demus). Et ils restent très forts dans les
concours.

Qui pour un doublé?

A part Bolt voire Campbell, peu d'athlètes sont susceptibles
d'entrer dans l'histoire par un doublé individuel. Mais le Kényan
de 20 ans Asbel Kiprop tentera le coup sur 800 et 1500 m. Peut-être
aussi Kenenisa Bekele sur 5000 m et 10'000 m. L'Ethiopien avait
gagné les deux courses à Pékin. Même sans Tirunesh Dibaba (blessure
musculaire à une jambe), les Ethiopiennes resteront la nation
dominante dans le demi-fond féminin.



Le duel le plus attendu du public germanique opposera, à la
hauteur, l'Allemande Ariane Friedrich à la Croate Blanka Vlasic,
avec un record du monde (2m09 par Stefka Kostadinova) qui devrait
trembler. Femme à records (26 en tout) à la soif inextinguible, la
perchiste russe Yelena Isinbayeva, pourrait, cette fois, elle aussi
trembler, sa domination étant moins nette cette année. Mais elle
conserve de la marge.

Des concours somptueux, des contrôles annoncés

De somptueux concours
s'annoncent à la longueur avec l'Américain Dwight Phillips et le
Panaméen Irving Saladino, respectivement 8m74 et 8m63 cette saison,
au triple saut avec le Portugais Nelson Evora, à la perche avec la
révélation française Renaud Lavillenie (6m01 en 2009) et le
champion olympique australien Steve Hooker, toutefois incertain
après une élongation à l'adducteur de la jambe droite. Sans oublier
le énième duel, au javelot, entre le champion olympique norvégien
Andreas Thorkildsen et le double champion du monde finlandais Tero
Pitkämäki, arbitré par le Letton Vadims Vasilevskis.



L'athlétisme féminin russe devrait encore briller, malgré les
nombreuses suspensions pour dopage. D'une façon générale, le
resserrement des contrôles, avec plus de 1000 tests prévus à Berlin
et la mise en place d'un passeport biologique inspiré du cyclisme,
rend les compétitions plus ouvertes. Les échantillons seront
conservés pour des analyses a posteriori.

PRINCIPAUX FAVORIS

Usain Bolt (100-200 et relais 4x100 m):
"L'Eclair" a explosé aux JO de Pékin en happant les titres du 100
m, 200 m et relais 4x100 m, trois sacres assortis d'un record du
monde. Depuis ses exploits dans "le Nid" chinois, sa gloire ne
s'est pas démentie. Chacune de ses sorties est un événement. Dans
l'Olympiastadium de Berlin, le Jamaïcain ne peut se permettre
d'être battu, sous peine de coup de "tonnerre" et non plus
"d'Eclair". Et si les chronomètres sont encore au rendez-vous, sa
légende deviendra encore plus grande.



Kenenisa Bekele (5000-10.000 m): L'Ethiopien a un
palmarès incomparable. Triple champion olympique, sur 10'000 m en
2004, et sur 5000 m et 10'000 m en 2008, triple champion du monde
en titre sur 10'000 m, et 11 fois sacré en cross-country, Bekele
repart pour une nouvelle moisson de médailles. Aligné sur ses deux
distances de prédilection, le petit coureur, qui écrase encore la
saison, n'a pas vraiment d'adversaire, à l'exception des Kenyans
qui peuvent tenter de faire une course d'équipe. Mais ils ont déjà
essayé sans succès.



Paula Radcliffe (marathon): la Britannique,
opérée en mars à un oignon au pied droit, s'est fait discrète cette
saison. Depuis sa troisième victoire au marathon de New York, il y
a dix mois, la grande blonde n'a participé à aucune course. Dix
mois sans compétition qui n'empêchent pas la détentrice du record
du monde (2h15'25) d'être la favorite pour le marathon... si elle y
participe. Pour se rassurer, elle se testera sur le semi-marathon
de New York dimanche, une semaine pile avant la "vraie"
course.



Yelena Isinbayeva (perche): Sans prendre beaucoup
de risques, on peut déjà annoncer que la Russe va conserver le
titre qu'elle possède depuis 2005. Détentrice du record du monde
(5m05), Isinbayeva (27 ans) aligne les victoires et les records du
monde (26). Pour tuer un peu plus le suspense, la seule rivale
capable de la titiller, l'Américaine Jennifer Stuczynski, a déclaré
forfait. Sa défaite le 24 juillet à Londres - la première depuis
février 2008 -, battue par la Polonaise Anna Rogowska, est à mettre
dans la catégorie "accident".



Ariane Friedrich (hauteur): Le jeudi 20 août,
l'attention du stade olympique se portera sur le sautoir en
hauteur. Huitième et brune aux JO 2008, l'Allemande a changé de
couleur de cheveux (blond peroxydé) et de statut en 2009. Après un
titre européen en salle, en mars, la future policière a battu la
favorite croate Blanka Vlasic lors de la réunion Golden League de
Berlin, le 14 juin, avec un saut à 2m06, devenant la 6e femme à
cette hauteur. Si elle partage le costume de favorite avec Vlasic
sur le papier. Pour le public, la favorite sera bien elle.



agences/dbu