Or et record du monde du 100m pour Usain Bolt!

Usain Bolt est supersonique. Le Jamaïcain a réalisé une
performance qui dépasse l'entendement en abaissant de plus d'un
dixième son record du monde du 100 m avec un temps de 9''58 en
finale des Mondiaux de Berlin. Il n'y a pas eu de match telle est
nette la supériorité du phénomène, qui entre dans la légende.



Septante-trois ans après le succès du Noir américain Jesse Owens,
qui avait fait blêmir Adolf Hitler aux JO de 1936, Bolt a réécrit
l'histoire sur la piste du stade olympique de la capitale
allemande, devant 60'000 spectateurs en extase.

Un 100m presque parfait

Prompt à réagir au coup de feu, il a très rapidement déployé sa
grande carcasse pour produire son accélération irrésistible aux 30m
et finir tout en relâchement, prenant le temps de lancer des coups
d'oeil à droite et à gauche dans les dix derniers mètres. Derrière,
Tyson Gay a réussi la course de sa vie pour décrocher la médaille
d'argent en 9''71, record des Etats-Unis pulvérisé de 0''06.



Cela n'a donc pas suffi face au monstre sacré des Caraïbes, qui
devient le premier Jamaïcain de l'histoire sacré champion du monde
en sprint. Son compatriote Asafa Powell a pris la médaille de
bronze en 9''84, comme aux Jeux l'an passé. Bolt et Powell, qui ne
s'entraînent pas ensemble, ont pris soin de célébrer en commun ce
nouveau triomphe jaune et vert.

D'exploits en exploits

Bolt, qui aura 23 ans vendredi, est
ainsi en passe de réaliser l'impensable: surpasser son triple
exploit des Jeux de Pékin. Il y a un an jour pour jour, il avait
triomphé en 9''69 dans le Nid d'oiseau chinois. Avant de conquérir
deux autres titres sur 200m et 4x100m, avec autant de records du
monde. Il tentera le même exploit à Berlin. Plus de limites ne
semblent posées à cet homme, qui va donc encore s'attaquer à son
record du 200m (19''30) et à celui du 4x100m (37''10) avec ses
camarades jamaïcains.



Outre ses enjambées interminables (plus de 2m80 par foulée à la
vitesse maximale), Bolt est aussi capable de cadences infernales,
qui lui permettent de faire tourner plus de quatre fois ses jambes
par seconde. En cela, il illustre parfaitement l'évolution vers des
sprinters toujours plus grands. La génération prochaine dépassera
probablement les 2m (1m96 pour Bolt).

Presque un «bleu»

«Je veux entrer dans la légende de mon sport», avait
clamé Bolt la veille. Il s'apprête sans doute aussi à devenir une
icône au-delà de l'athlétisme.



Bolt est pourtant un nouveau venu sur 100m. Il ne pratique
sérieusement la discipline que depuis un an et demi. Sa distance
préférée reste le 200m, discipline dans laquelle il était devenu,
chez lui à Kingston, le plus jeune champion du monde juniors de
l'histoire, en 2002.



«Bolt n'est pas encore vraiment un coureur de 100 m»,
avait dit il y a quelques jours l'ancien triple champion du monde
américain Maurice Greene, en rapport notamment avec sa mise en
action déficiente. C'est dire si, aujourd'hui encore, le Jamaïcain
garde de la marge.

Un décontraction à toute épreuve

A mon meilleur
niveau, je suis imbattable

Usain
Bolt

Ce succès est aussi celui de Glen Mills,
son entraîneur, qui avait déjà mené Kim Collins, de
Saint-Kitts-et-Nevis, au titre mondial en 2003.



Avant cette soirée magique, Bolt n'était que le deuxième sprinter
de la saison (9''79), derrière Tyson Gay. Mais il n'a jamais douté
qu'il remettrait les pendules à l'heure. «A mon meilleur
niveau, je suis imbattable», avait-il prédit. L'homme aux
mimiques enthousiasmantes affiche une décontraction désarmante, en
toutes circonstances. Même lorsque, comme en demi-finale, il
provoque un faux départ.

Vili, Néo-Zélandaise de poids

La Britannique Jessica Ennis a remporté un concours de
l'heptathlon très ouvert après la reconversion de la reine Carolina
Klüft. Avec 6731 points, elle a gommé ainsi la frustration née de
son forfait sur blessure aux Jeux de Pékin l'an passé. L'Allemande
Jennifer Oeser glane la médaille d'argent (6493) et la Polonaise
Kamila Chudzik le bronze avec 6471.



Au poids, la Néo-Zélandaise Valerie Vili a fait parler sa
puissance (123 kg pour 1m93) pour défendre son titre avec 20m44.
Cette robuste fille d'un Ecossais et d'une Tongienne, également
championne olympique, a devancé l'Allemande Nadine Kleinert (20m20)
et la Chinoise Gong Lijiao (19m89).



Grande favorite du 20km marche, la Russe Olga Kaniskina,
championne olympique et tenante du titre, a été à la hauteur pour
décrocher l'or en 1h28'09.



si/mor