Isinbayeva à terre, Fraser et Bekele au sommet

Une grande étoile a connu une éclipse totale au stade olympique
de Berlin pour la troisième journée des Mondiaux: après six ans
d'une domination sans partage, Yelena Isinbayeva a perdu son
sceptre à la perche. Isinbayeva vacillait depuis le début de la
saison. En délicatesse avec son corps, usée peut-être, la Russe
plafonnait à 4m85. Elle avait même subi il y a trois semaines sa
première défaite depuis un an et demi, à Londres, devant Anna
Rogowska. Celle-là même qui devait sonner le glas de la «tsarine»
ce lundi à Berlin.



Sous pression, nerveuse, Isinbayeva avait pourtant choisi, comme à
ses plus beaux jours, d'entamer son concours à 4m75, alors que la
plupart de ses rivales étaient déjà éliminées. Mal lui en a pris:
elle passait sous la barre au premier essai, avant d'être
contrainte par la réussite de Rogowska à tenter le coup de poker en
passant directement à 4m80 pour ses deux derniers sauts. Mal dans
ses marques, la Russe échouait.

Deuxième médaille pour Rogowska

Rogowska, à 28 ans, pouvait savourer son triomphe avec 4m75, à 8
cm de son record personnel. Le Polonaise avait pour seule médaille
jusqu'à présent une 3e place aux JO d'Athènes en 2004. L'Américaine
Chelsea Johnson et la Polonaise Monika Pyrek, à égalité,
remportaient la médaille d'argent avec 4m65, au terme d'un concours
de faible niveau qui a valu d'abord par son contenu
dramatique.



Sans hauteur valable, Isinbayeva, la femme aux 26 records du
monde, repartait les mains vides. Double championne olympique et du
monde, également reine des meetings et de l'indoor, elle n'avait
plus connu la défaite dans une compétition majeure depuis sa 3e
place aux Mondiaux 2003 à Paris. La Russe de Monte-Carlo souffre de
douleurs récurrentes aux pieds, qui nécessitent des massages
quotidiens, en raison de problèmes de cartilage hérités de son
passé de gymnaste. Elle évoque rarement ses ennuis de santé pour ne
pas donner confiance à ses rivales et s'était dite sûre de sa forme
avant Berlin.

Fraser avec le 3e temps de l'histoire

La Jamaïque fait des miracles dans le
sprint féminin aussi. Shelly-Ann Fraser s'est imposée avec le
troisième temps de l'histoire, 10"73, en finale du 100m des
Mondiaux de Berlin. Au terme d'une soirée extrêmement dense, les
Jamaïcaines ont signé un nouveau triomphe, douze mois après leur
triplé des JO de Pékin. Et elles vont toujours plus vite: les 10"73
de Fraser, déjà championne olympique, constituent le meilleur
chrono depuis les 10''65 de Marion Jones il y a onze ans.



Partie comme une bombe, Fraser a conservé 0"02 d'avance sur sa
compatriote Kerron Stewart (10"75), Carmelita Jeter sauvant
l'honneur des Etats-Unis avec le bronze en 10"90. Et dire que
Fraser avait bien failli ne pas être au départ, sa Fédération ayant
voulu l'exclure après son absence au dernier camp d'entraînement
des Jamaïcains!

Dominguez efface Pékin

L'Espagnole Marta Dominguez est la nouvelle championne du monde
du 3000m steeple. Cette ancienne coureuse de 5000m l'a emporté au
finish en 9'07"32, devant la Russe Yuliya Zarudneva et la Kényane
Milcah Cheywa. A Pékin, Dominguez avait chuté sur le dernier
obstacle alors qu'elle luttait pour les médailles.



La favorite cubaine Yargelis Savigne, championne du monde et
olympique en titre, a défendu sa couronne au triple saut. Avec
14m95, elle a précédé sa compatriote Mabel Gay (14m61) et la Russe
Anna Pyatykh (14m58).

BEKELE COMME
GEBRESELASSIE



Autre monstre sacré, l'Ethiopien Kenenisa Bekele n'a pas flanché
sur 10'000m. Secoué par l'Erythréen Zersenay Tadesse qui a mené un
train d'enfer sur les quatre derniers kilomètres, l'empereur du
demi-fond prolongé s'est accroché comme un damné pour remporter son
quatrième titre mondial (5000 et 10'000), son quinzième en tout en
comptant l'indoor et le cross! Egalement triple champion olympique,
Bekele n'a tout simplement jamais été battu sur 10'000m en douze
courses.



A 27 ans, cet immense champion de 1m60, également double recordman
du monde, est de loin l'athlète actuel le plus couronné. Son chrono
de 26'46"31 est le plus rapide de l'histoire aux Mondiaux. Tadesse
a remporté la médaille d'argent et le Kényan Moses Masai le
bronze.



Enfin, le marteau masculin reste une affaire entre hommes de
l'Est. Le Slovène Primoz Kozmus, champion olympique, a conquis un
premier titre mondial avec 80m84. L'ancien champion du monde
polonais Szymon Ziolkowski a remporté l'argent avec 79m30, devant
le Russe Aleksey Zagornyi (78m09).



si/seb