La légende Usain Bolt est en marche. Avec son nouveau fabuleux
chrono jeudi en finale du 200 m des Mondiaux de Berlin (19"19), le
Jamaïcain a établi plus qu'un record du monde. Il cumule désormais
les «records des records» et marque profondément l'histoire de son
sport, et même au-delà, son objectif avoué.
Déjà de loin l'athlète le mieux payé de tous les temps - 200'000
dollars par meeting, tendance à la hausse -, Bolt est aussi celui
qui met la plus grande marge entre lui et ses rivaux. Son dauphin à
Berlin, le Panaméen Alonso Edward, a dû concéder 0"62, plus que la
somme cumulée des écarts entre le premier et le deuxième des cinq
éditions précédentes des Mondiaux.
Bolt est aussi le premier sprinter a réussir dans la foulée le
doublé 100-200 m aux Jeux et aux Mondiaux. Il est également, comme
le souligne l'IAAF, le premier à battre plus d'une fois le record
du monde du 100 et 200 m. Le tout avec des performances qui,
converties en points, n'ont aucun équivalent dans les autres
disciplines athlétiques.
«One man show»
Jamais dans l'histoire cinq hommes n'avaient couru sous les 20"
en même temps comme à Berlin. Pourtant, on ne voit que «Lui». Même
le speaker du stade, appelé normalement à faire preuve de retenue
vu le caractère officiel du rendez-vous, s'époumone en prononçant
le nom de Bolt lors de la présentation des athlètes.
«Mon but le plus important est de devenir une légende, j'y
travaille», a répété le Jamaïcain. «Je ne me mets pas de
pression. Quand je vais sur la piste, je sais ce que j'ai à
faire.»
Les mots «fun» et «enjoy» reviennent sans cesse dans la bouche du
phénomène, mais ils ne sonnent pas creux: Bolt s'amuse visiblement,
s'en va manger des «nuggets» dans le fast-food du coin entre les
courses avec ses potes et s'adonne dans sa chambre aux jeux vidéo,
où paraît-il il est aussi imbattable.
si/alt
Pas de 400m... pour l'instant
Seul au monde sur piste, l'avion des Caraïbes sait aussi s'en remettre à son entourage. «Je n'ai pas l'intention de courir le 400 m tant que mon coach ne me le demande pas», souligne-t-il, toujours très déférent à l'égard de son entraîneur Glen Mills, qui planifie tout.
Avant, peut-être, de se lancer sérieusement sur le tour du piste (son meilleur temps, sans préparation spécifique, est de 45"28), Bolt va sans doute chercher à épuiser ses limites pour autant que ce mot ait un sens avec lui sur 100 et 200 m. Où se situent-elles? «J'ai dit que 9"4 (sur 100 m) était la limite (humaine), je n'ai pas dit que j'y arriverais moi-même», a-t-il précisé jeudi soir. Je ne sais pas si je peux le faire.»
Sur 200 m, il n'avance pas de chiffre: «Tout est possible». A Berlin, Bolt, qui s'estimait fatigué et insuffisamment préparé, ne pensait pas battre son record sur cette distance. Mais il est allé le chercher. Il reste, samedi soir, la finale du 4 x 100 m, pour laquelle il annonce un troisième record, comme aux Jeux de Pékin. Une nouvelle barrière, celle des 37" (le record du monde de la Jamaïque est à 37"10), pourrait donc tomber...