"Je vais beaucoup mieux, sinon, je n'en parlerais pas, lance d'emblée la Vaudoise de 26 ans. Mais j'ai passé des moments compliqués. Le plus dur était de gérer les défaites, les retours en arrière, de me remettre sans cesse en question."
La goutte d'eau fut sa non-participation aux 2 courses de relais à Tokyo, où Riccarda Dietsche a pris sa place. "C'est après les JO que je me suis dite à haute voix que j'avais besoin d'aide. Mon cerveau n'a pas tenu pendant les Jeux."
"C'était "mon" équipe"
"C'était dur de me dire que je ne faisais plus partie de cette équipe, explique Sarah Atcho, 4e aux Européens de Berlin 2018 et aux Mondiaux de Doha 2019 en compagnie de M. Kambundji, Del Ponte et Kora. C'était entre guillemets mon équipe."
Puis de reprendre: "J'ai vécu des phases de dépression. J'étais au fond du bac à Tokyo, j'en ai parlé avec Salomé. Elle m'a tout de suite conseillé de voir quelqu'un pour m'aider à m'en sortir. La situation était toxique. Je ne ressentais plus d'émotions, j'étais vide."
Salomé Kora est d'ailleurs la seule personne présente à Tokyo à qui la Vaudoise s'est confiée pendant ces Jeux: "Je ne me sentais pas le droit de partager ce genre d'émotions avec Ajla et Mujinga, qui vivaient un truc incroyable."
ats/ace
Des démons à gérer
Sarah Atcho a commencé à suivre une psychologue à son retour en Suisse. "Je n'aurais jamais imaginé devoir demander de l'aide, explique-t-elle. Cela a été dur de l'admettre: mon mental, c'est normalement ma force, mais on a tous des démons avec lesquels on doit vivre. Je pense que je n'avais pas les bons outils pour gérer cela." Paradoxalement, les réseaux sociaux l'ont également aidée à s'en sortir: "M'exposer autant m'a finalement aidée à reprendre confiance en moi. C'est bête, mais j'avais en quelque sorte un objectif à accomplir. Les gens m'ont montré leur soutien, beaucoup m'ont dit qu'ils avaient envie de me voir courir. Je n'étais pas perdue."